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À Tournai, les Rencontres inattendues invitent à penser l'après-demain Et si, plutôt que de continuer à creuser le sillon de l’impossible, nous choisissions celui du possible? Et si, au lieu de nourrir nos peurs de tous les discours qui disent l’inéluctable prétendu, nous nous tournions vers ceux qui prétendent le faire mentir?” En posant d’entrée ces deux questions vertigineuses, Les Rencontres inattendues veulent infléchir une réflexion sur notre propre capacité à nous projeter malgré la catastrophe (écologique, économique, sociale, géopolitique...) annoncée. Pris dans le torrent fou de l’information et de ses vagues de mauvaises nouvelles, l’être humain se serait-il résigné à ne vivre qu’aujourd’hui, puisque c’est déjà la fin, selon certaines Cassandre contemporaines. Et il semble même s’en réjouir selon le commissaire de l’événement, le philosophe Laurent De Sutter, qui a préparé la programmation du festival tournaisien. Comme à leur habitude, du 25 au 27 août, les Inattendues allieront leurs deux colonnes vertébrales que sont la pensée et l’art -la musique en particulier- pour décliner en spectacles, rencontres et débats les pistes concrètes du possible. Certes, ça ne se fera pas sans douleur (ou du moins un certain effort), assure Laurent De Sutter, mais l’espoir est permis avec des invités alliant souvent talents artistiques et backgrounds philosophiques tels que Tristan Garcia, Agnès Gayraud (alias La Féline), Blandine Rinkel...
Décryptage: dans la jungle des prix littéraires français En France, c’est un sport national: on y dénombre officiellement 2 000 prix littéraires. Selon Arnaud Viviant, “ils seraient plutôt autour de 5 000”. Le journaliste français, passé par Libération, Les InrockuptiblesouTransfuge, sait de quoi il parle -il est d’ailleurs lui-même juré du prix Décembre et du prix de Flore. Après un essai sur la critique (Cantique de la critique, 2021), il publie Station Goncourt, 120 ans de prix littéraires et y remonte aux origines de ces prix (le Goncourt surtout, créé en 1903). Il s’amuse de certains prix canulars (comme le Renaudot, prix majeur aujourd’hui) ou d’autres, parfaitement absurdes (le prix du roman non-publié...). Au-delà du simple historique bourré d’anecdotes, Viviant propose une analyse politique fouillée, au style truculent. À travers un texte très personnel finalement (il y conte notamment sa brouille -puis son rabibochage- avec l’auteur-traducteur Claro, farouchement anti-prix), et tout de même quelques bruits de couloirs cocasses du gotha germanopratin, le “sociétairede la légendaireémission de critique radiophonique Le Masque et la Plume sur France Inter dévoile comment ces fameuses récompenses constituent un financement parallèle des écrivains. Il montre aussi à quel point cette petite “république des lettres” reproduit -en miniature- les velléités démocratiques de la République avec un grand “R”. Avec, ce serait amusant, un prix à la clé?
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