Le Nobel de littérature décerné au Norvégien Jon Fosse

Jon Fosse © DR
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le prix Nobel de littérature 2023 est décerné à l’auteur norvégien Jon Fosse « pour ses pièces de théâtre et sa prose innovantes qui donnent voix à l’indicible ».

Je suis bouleversé et reconnaissant. Je considère qu’il s’agit d’une récompense pour la littérature qui vise avant tout à être de la littérature, sans autre considération », a réagi Jon Fosse dans un communiqué.

Né le 29 septembre 1959 à Haugesund en Norvège, Jon Fosse est un écrivain touche-à-tout d’un accès peu facile pour le grand public. Il fait pourtant partie des auteurs vivants dont les pièces de théâtre sont les plus jouées en Europe. 

Fosse a émergé comme dramaturge sur la scène européenne grâce à sa pièce de théâtre « Someone is going to come » (« Quelqu’un va venir »), mise en scène par Claude Régy en 1999 à Paris. 

Son roman « La Remise à bateaux » (1989), lui gagne l’estime de la critique.

Quand Jon Fosse a appris la nouvelle, « il roulait dans la campagne, en direction du fjord au nord de Bergen en Norvège », a dit Mats Malm, secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, après l’annonce. 

« Nous avons eu l’occasion de commencer à parler de questions pratiques et de la semaine de remise du Nobel en décembre », a-t-il ajouté.

Son oeuvre, similaire à celle de Samuel Beckett, partage la vision pessimiste de ses prédecesseurs, selon la biographie de Jon Fosse publiée par l’Académie.

« Oeuvre immense »

Il grandit dans un milieu d’inspiration piétiste avec un grand-père Quaker, pacifiste et gauchiste à la fois. Un piétisme dont le jeune Fosse s’éloigne, préférant se dire athéiste et jouer de la guitare dans un groupe, Rocking Chair, avant finalement d’embrasser la foi catholique sur le tard, en 2013.

Après des études littéraires, il fait ses débuts en 1983 avec « Rouge, Noir », un roman où un jeune homme règle ses comptes avec le piétisme. Le style, marqué par de nombreuses projections dans le temps et une alternance des points de vue, deviendra sa marque de fabrique.

« Son œuvre immense, écrite en nynorsk (l’une des formes écrites de la langue norvégienne, ndlr) et couvrant une grande variété de genres, se compose d’une multitude de pièces de théâtre, de romans, de recueils de poésie, d’essais, de livres pour enfants et de traductions« , a estimé le jury.

« C’est par sa capacité à évoquer (…) la perte d’orientation, et la façon dont celle-ci peut paradoxalement donner accès à une expérience plus profonde, proche de la divinité, que Fosse est considéré comme un novateur », a détaillé Anders Olsson, président du comité Nobel pour la littérature.

Comme son illustre prédécesseur de la littérature nynorsk Tarjei Vessas, Fosse conjugue de fortes attaches locales, tant linguistiques que géographiques, avec des techniques artistiques modernistes, souligne le jury.

Son oeuvre, qui rappelle celle du prix Nobel Samuel Beckett dont il est un grand admirateur, partage la vision pessimiste de ses prédécesseurs, dont Thomas Bernhard et Georg Trakl, selon la biographie de Jon Fosse publiée par l’Académie.

Son dernier coup de maître, « Septologien » (non traduit) – sept chapitres répartis en trois volumes – exploite la rencontre d’un homme avec une autre version de lui-même pour soulever des questions existentielles avec, comme toujours, une ponctuation parcimonieuse et imprévisible

La dernière fois qu’un Nobel de la littérature a été attribué à un Norvégien remonte à 1928, lorsque l’écrivaine Sigrid Undset l’a obtenu. Jon Fosse est le quatrième Norvégien à obtenir le prestigieux prix.

L’an dernier, la récompense était revenue à Annie Ernaux, auteure française d’une oeuvre racontant l’émancipation d’une femme aux origines modestes, devenue icône féministe. 

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