Critique | Livres

L’Invincible Été de Liliana, de Cristina Rivera Garza

4,5 / 5
© National

De Cristina Rivera Garza, éditions Globe

L'Invincible Été de Liliana

399 pages

4,5 / 5
Anne-Lise Remacle Journaliste

Trente ans après le meurtre de sa sœur cadette Liliana, l’autrice résidant aux États-Unis revient au Mexique pour essayer de faire rouvrir une enquête jamais bouclée, avec un assassin (un ancien petit ami de la victime) identifié mais jamais condamné. Dans un pays où dix féminicides sont commis par jour, mais où il faut attendre 2014 pour que ce type extrême de violence soit inscrit dans la loi comme crime, un récit comme celui de Cristina Rivera Garza est essentiel, ne serait-ce déjà que pour mettre les mots justes sur l’horreur, combler un peu de cette béance effarante. “Avant (2014, ces crimes) s’appelaient crimes passionnels. S’appelaient mauvaises fréquentations (…) S’appelaient une femme doit toujours rester à sa place.” En pleines études d’architecture, Liliana, brillante et solaire, rêvait d’un avenir ouvert, stoppé net à cause de la colère d’un homme qui refusait de la savoir si libre. Celle qui ne voulait pas de fiancé (“parce qu’ensuite les hommes croient qu’on leur appartient”) redevient -magnifiquement et douloureusement- tangible dans ces pages grâce à des témoignages de première main mais surtout grâce à ses propres archives. En vrai dialogue avec ces carnets émotionnellement chargés, l’autrice tisse un livre inoubliable, afin que jamais le nom de sa petite sœur ne s’efface.

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