Critique | Livres

Dans « La Justice des hommes », Santiago H. Amigorena affine son observation de l’âme humaine

Santiago Amigorena © Joël Saget/AFP via Getty Images

Santiago H. Amigorena, éditions P.O.L

La Justice des hommes

320 pages

Fabrice Delmeire Journaliste

Elsa et son frère assistent impuissants aux interminables disputes de leurs parents. Alice et Aurélien, bientôt la trentaine, se cognent aux murs de leur trois pièces en bordure de périphérique. Lorsque le téléphone d’Alice vibre une fois de trop et laisse apparaître un prénom inconnu, Aurélien sombre dans une colère noire et arrache des aveux à sa compagne. Oui, elle le trompe depuis trois mois et il ne s’est rendu compte de rien. Lorsqu’Alice claque la porte, il décide de la poursuivre, abandonnant ses enfants sans surveillance sous un tunnel…

Les suites de cette rupture entraîneront le couple devant la justice et Aurélien, rongé par la culpabilité, passera quelques mois en prison avant de se murer dans le mutisme. Partagée entre écriture blanche et esquisses poétiques audacieuses (« des gestes avec la précaution d’un adverbe »), cette réflexion sur le couple enregistre les secousses sismiques de plus ou moins grande amplitude entraînées par le déchirement amoureux. On pinaille, pour sûr. Sur la question du pardon, de la spirale de l’incommunicabilité, Amigorena trace un sillon intime. Travaillant de tout temps la question du silence qui hante et nourrit l’écriture, l’auteur du Ghetto intérieur observe avec une précision d’ornithologue les soubresauts de l’âme humaine.

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