Le Cirque Trottola invite le spectateur à une drôle de guerre
Lacrima, plongée dans les coulisses d’un atelier de couture et de la violence ordinaire
Hofesh Shechter fait danser à l’unisson: «C’est la beauté et la musique qui reconnectent»
Inconditionnelles: la pièce de Kae Tempest à voir à Namur et Bruxelles
Danse: Michèle Noiret seule en scène dans Up Close!
Alexandre Lacroix: le philosophe et les danseurs (étoiles)
“Il me semble que dès qu’on touche à ces questions où le corps est en jeu, les concepts sont plus rares”, déclare Alexandre Lacroix pour expliquer ce qui l’a poussé à écrire, après un essai consacré à l’érotisme -pour “proposer une autre compréhension, une autre représentation de la sexualité que celles dont on est abreuvé à travers la pornographie”-, un livre dédié à la danse. La danse comme une autre exploration des possibilités du corps. Un autre objet qui occupe une place essentielle dans l’expérience des être humains, mais qui a finalement été très peu traité par la philosophie classique. Au lieu de se plonger dans des livres comme c’est l’usage chez les philosophes, Alexandre Lacroix est allé sur le terrain. Il s’est fondu dans le décor de l’Opéra de Paris, pour y observer le quotidien, en particulier le travail des étoiles Ludmila Pagliero et Stéphane Bullion et du chorégraphe Mats Ek. Un voyage en “terra incognita”, dont il n’est pas revenu tout à fait indemne.
Michael De Cock: “Les gens sont plus émus par une histoire inventée que par la vérité”
“L’art peut-il sauver le monde?” Cette question, lue sur une affiche promouvant Anvers Capitale européenne de la culture (en 1993), a profondément interpelé Michael De Cock quand il était étudiant. Elle sert de point de départ au nouveau livre de l’auteur, acteur, scénariste, metteur en scène et actuel directeur du KVS (le Théâtre Royal Flamand, à Bruxelles). Seule l’imagination peut nous sauver est une sorte de road-movie qui passe par Tomorrowland, où l’on croise entre autres la reine de la danse contemporaine Anne Teresa De Keersmaeker, le génie déchu Jan Jabre, la visionnaire Frie Leysen, mais aussi un immigré marocain sans papier et… Paris Hilton. À partir de ses souvenirs, Michael De Cock signe là ni vraiment un essai, ni vraiment un roman, mais en tout cas une déclaration d’amour au théâtre et une profession de foi dans la puissance de l’art.
Le handicap sur scène: “Le théâtre peut permettre de voir les capacités plutôt que les incapacités”
En mai dernier, le Kunstenfestivaldesarts proposait Thank You Very Much, spectacle jouissif, heureux et émouvant de la comédienne, autrice et metteuse en scène Claire Cunningham. Les comédiennes et l’artiste, toutes présentes sur scène, étaient porteuses d’un handicap. La performance s’intéressait moins au handicap qu’aux différences, à leur force. La saison dernière, le Théâtre National ouvrait sa scène au handicap avec le joyeux Une tentative presque comme une autre (actuellement en tournée), de Clément Papachristou, accompagné sur scène de son frère Guillaume, porteur d’un handicap moteur lourd. Un spectacle qui a poussé l’équipe technique du théâtre à s’interroger sur l’accueil des personnes différentes. Et ouvrait ainsi la porte à d’autres: l’institution propose cette saison trois spectacles avec des comédiennes et comédiens porteurs d’un handicap, ainsi qu’une une série d’ateliers (du 11 au 15 décembre) pilotés par l’artiste et chercheuse française Marie Astier, spécialiste de ces dramaturgies inclusives. Que change théâtralement et sociétalement la présence de personnes porteuses d’un handicap sur scène?
Quand le réel le plus cru s'invite sur scène
Cet été à Avignon, Carolina Bianchi créait son The Bride and the Goodnight Cinderella (A Noiva e o Boa Noite Cinderela en VO), premier volet d’une trilogie autour des violences faites aux femmes. Sur scène, dans la première partie du spectacle qui revient longuement, à la façon d’une conférence, sur ces violences, elle ingère la drogue du viol, dont elle a été victime voici quelques années. Durant la seconde partie, elle est inerte, manipulée par sa troupe de comédiens-danseurs du collectif Cara de Cavalo. Cette magistrale performance-théâtre, à la lisière du supportable, trash et coup de poing, déconseillée au moins de 18 ans, arrive au KVS les 21 et 22 septembre. Le trash et le réel se croisent de plus en plus sur nos scènes, un phénomène que Karel Vanhaesebrouck, professeur à l’ULB et spécialiste de la performance -qui n’a pas encore vu celle de Carolina Bianchi- met en perspective.