Critique | Scènes

Wireless People: le show d’une hyperréelle connexion

3,5 / 5
Wireless People: le narcissisme des réseaux sociaux prend corps sur scène. © Alice Piemme/AML
3,5 / 5

Titre - Wireless People

Mise en scène - Greta Fjellman et Maïa Blondeau

Compagnie - Le Rideau

Date - en tournée du 20/03 au 26/04 dans les centres culturels du Brabant wallon (Court-Saint-Étienne, Rixensart, Beauvechain, Mons, Perwez, Rebecq...) et les 27 et 28/03 à Mons. www.rideau.brussels/on-the-road/wirelesspeople

Lieu - Court-Saint-Étienne, Rixensart, Beauvechain, Mons, Perwez, Rebecq...

Casting - Greta Fjellman

À quoi conduit l’addiction aux réseaux sociaux? À Wireless People, spectacle bien réel d’une vie virtuelle. En tournée actuellement…

Créé au théâtre Le Rideau à Ixelles et en ce moment en tournée (toutes les dates ici), Wireless People est né dans la tête de Greta Fjellman alors qu’iel préparait son TFE au Conservatoire de Mons. “J’ai commencé une recherche sur ma propre utilisation des réseaux. Ado, j’étais hyper connectée. Quand je suis arrivée au conservatoire, j’en étais honteuse. Je ne me prenais plus la tête sur mon profil “réseaux”, mais sur celui dans la vraie vie. Je balançais entre l’idée de l’art complexe et authentique, et les réseaux banals et superficiels.” Sa parade? Faire de la poésie avec ces réseaux!

À l’époque, Greta habite avec Maïa, violoniste et saxophoniste, qui étudie la compo en musique de film, art du lien entre le rythme et l’image. Ielles ont en commun les mêmes fascinations -pour le minimalisme, l’art conceptuel, les chorégraphes qui s’emparent du quotidien pour créer- et sont intéressé·e·s par les protocoles. Alors ielles inventent le leur, pour reconstruire un réel à partir du virtuel, y insufflant les codes du théâtre. La base? L’observation des réseaux, sur la forme surtout. “Les silences, les positions du regard, comment on se fait comprendre au-delà des mots, explique Greta. On s’est inspiré·e·s des réseaux pour leur caractère informel, l’instantanéité, le style direct, la simplification du discours.” Soit un langage propre, des formats courts et hybrides. À partir de ce matériau, ielles copient-collent, puisent toujours dans leurs propres réseaux, créent une dramaturgie du scroll dans des “poèmes-partitions” très rythmés. L’enjeu? Amener le virtuel sur le plateau par le discours, sans avoir recours à la vidéo ou à d’autres médiums.

Wireless People: le narcissisme des réseaux sociaux prend corps sur scène. © National

C’est ainsi que Wireless People distille sa poésie virtuelo-punky. Le corps punchy, Greta adresse au public un scroll de contenus sans suite logique: des dialogues projetés en fond de scène, une voix venue d’ailleurs, des instants de solitude voire de noirceur. Tout se joue sur le fil: “Tout est control freak.” Comme sur les réseaux finalement. Trop pour la scène peut-être, souffle Maïa. Alors vient un moment de lâcher-prise, une impro de Greta avec le public tenu de laisser son téléphone ouvert pendant le spectacle.

On ressort K.-O. de Wireless People, miroir de nos narcissismes, mais aussi de nos actions sur la toile aux fils. Des fils moins cérébraux que sensitifs, faits de chair, portés par Greta et sublimés par les sons de Maïa, et les lumières virtuoses au blanc-bleu spectral de Diane Audema et Diane Blondeau. Une scène arrachée au virtuel pour nous plonger dans notre réel 2.0. Avec force et talent. Ce travail, Greta et Maïa le poursuivent dans des ateliers avec des ados: “On leur apprend à faire de la poésie sans narration habituelle à partir de contenus des réseaux -FB, Insta, Tiktok.” Avec en ligne de mire la création de #TryLove, en mai 2025, toujours au Rideau.

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