Critique | Scènes

« Péplum médiéval »: une fantaisie rabelaisienne pour une scène inclusive

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© Martin Argyroglo
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Titre - Péplum médiéval

Mise en scène - Olivier Martin-Salvan

Compagnie - Centre National pour la Création Adaptée - Morlaix, ESAT Les Genêts d’Or

Date - Jusqu’au 14 janvier

Lieu - Au Théâtre National, Bruxelles

Casting - Romane Buunk, Tristan Cantin, Manon Carpentier, Victoria Chéné, Fabien Coquil, Guillaume Drouadaine, Maëlia Gentil, Lise Hamayon, Mathilde Hennegrave, Rémy Laquittant, Emilio Le Tareau, Olivier Martin-Salvan, Christelle Podeur, Jean-Claude Pouliquen, Sylvain Robic

Nicolas Naizy Journaliste

Dans Péplum médiéval, fable d’inspiration médiévale gargantuesque, Olivier Martin-Salvan célèbre notre capacité d’imagination et de poésie, même grotesque. Quand l’inclusivité n’est pas argument.

Sur le plateau blanc, un château blanc. Il n’est pas fait de pierres ou de briques mais de plastique, tel un jouet d’enfant. De ceux dans lesquels on faisait sautiller des figurines pour s’inventer des histoires. Ca tombe bien d’histoires et de leur pouvoir il en sera question dans Péplum médiéval. Et l’immaculée couleur du palais sera le support de rêves colorés imaginés par le metteur en scène français Olivier Martin-Salvan, à qui l’on doit aussi Les gros patinent bien, passé par chez nous.

Des racines d’un arbre émerge un poète, il sera notre conteur, inventeur de récit où concourent chevaliers et princesses, seigneurs et paysans, sorcières et magiciens. La page est blanche, on vous l’a dit, tout peut se produire ici. Le château s’ouvre comme un vieux grimoire et les divers personnages d’apparaître dans des justaucorps chatoyants.

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Théâtre de l’égalité

Pour son Péplum médiéval, Olivier Martin-Salvan a fait appel à Valérian Guillaume auteur et metteur en scène également. Le récit, éclaté, fera la part belle aux fantaisies, de celles qu’on trouvait dans les histoires et la langue de Rabelais. Le grotesque s’invite aussi par moments. Les genres s’échangent. Sur scène, ils sont une quinzaine à entreprendre le ballet de la comédie. Ça déclame, ça dialogue, ça farce, ça chante, ça danse. Le tout dans une belle unité de sarabande et une joie du jeu partagé. La troupe se compose pour moitié de la compagnie théâtrale Catalyse, dont les membres sont porteurs de handicap. L’altérité est ici vécue comme une égalité, chaque acteur et actrice étant mis sur un même pied. L’inclusivité n’est pas ici un argument, elle se fond dans le décor, oserait-on dire. Un exemple dans une mouvance scénique qui prône l’ouverture des plateaux à tou·tes, mais où la spécificité de la distribution « différente » est parfois utilisée avec maladresse.

Haute en couleur, la fable et ses petits contes se déploient au long de l’heure quarante joyeuse et intrigante à la fois. Bancale aussi, surtout quand le texte peine à être compréhensible. Des accrocs qui viennent gâcher la lisibilité autant que la fluidité de l’écoute pour le spectateur. Mais dans une succession, là aussi parfois déstabilisante, de tableaux inventifs, Olivier Martin-Salvan et sa troupe de baladins sont sublimés dans cette scénographie signée Clédat et Petitpierre. De cette scène jaillissent de belles images, des rêves et des cauchemars, comme cette danse des morts, venant rappeler ici la finitude, non sans ironie, de l’être humain. Mais certainement aussi l’éternité et la force des histoires que l’on se raconte encore et encore pour se faire peur, se faire rire et s’émouvoir.

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