Critique | Scènes

« Da capo » du Cirque Ronaldo: la piste en héritage

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© Frauke Verreyde
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Titre - Da capo

Mise en scène - Danny Ronaldo et Franck Van Laecke

Compagnie - Cirque Ronaldo

Date - Les 15, 16 et 17 mars

Lieu - à Latitude 50 à Marchin

Casting - Danny Ronaldo, David Ronaldo, Nanosh Ronaldo, Pepijn Ronaldo, Angelo Ronaldo, Adanya Ronaldo, Karel Creemers, Corneel Didier, Rachel Ponsonby, Marie Parrinet, Elisa Cheryl Vizioli, Brechje De Ruysscher, Maria Ronaldo, Frauke Verreyde, Flor Huybens, Niko Heremans

Nicolas Naizy Journaliste

Compagnie de cirque pionnière, le Cirque Ronaldo joue la carte de la nostalgie dans Da capo. La famille circassienne retrace son histoire tout en léguant aux nouvelles générations un amour du public et une énorme générosité.

Chez les Ronaldo, on ne fait pas les choses à moitié dans Da capo, en voulant retracer une histoire familiale depuis 1842. Famille circassienne bien connue du nord du pays, ils déploient dans leur spectacle, sous la houlette de Danny Ronaldo, des spectacles délicieusement empreints de nostalgie, de cirque vintage et d’une théâtralité qui fait aujourd’hui les belles heures du cirque contemporain belge. C’est cette recette qui a déjà fait tourner en Belgique francophone des hits tels que La cucina dell’arte -que l’on pourra voir ou revoir en mai au PBA de Charleroi– ou encore Fidelis Fortibus. Dans ce dernier spectacle, Danny, seul en scène, envoyait au cimetière, non sans humour évidemment, les ancêtres de son cirque, père et mère compris, alors que certains d’entre eux étaient toujours bien vivants. L’occasion pour le « fiston » de célébrer les différentes disciplines qui ont fait la renommée de sa famille et de rendre un hommage simple et touchant à celles et ceux qui avaient construit l’artiste qu’il est devenu.

Da capo, nouveau spectacle que l’on pourra découvrir pendant trois jours à Latitude 50 à Marchin, creuse encore davantage le sillon de l’héritage. Et chez les Ronaldo, ça n’est pas rien. Parce que ça fait sept générations que l’on enchante le public sous le chapiteau. Et le spectacle, tonitruant, de remonter le temps jusqu’au milieu du XIXe siècle quand un jeune adolescent a choisi de prendre la route du spectacle plutôt qu’une autre toute tracée. Point de départ (ou presque) à un récit sous flux continu. Scénographiquement, le cercle de la piste est brisé dans son diamètre pour laisser défiler les générations et les époques. Littéralement puisque pendant 1h30 passeront sous nos yeux, charrettes, voiture et camion militaire de la Libération, histoire de figurer une histoire en mouvement. Une sorte de parade à l’ancienne qui annonçaient l’arrivée en ville d’un cirque et son lot de fantaisies et de promesses pour les yeux.

© Frauke Verreyde

Cirque et théâtre

Jongleries, acrobaties et clowneries jalonnent cette ligne du temps vivante, faisant intervenir grands- parents, parents et enfants. Et de voir surgir au centre de cette fresque une figure primordiale, un fantôme bienveillant, soleil autour duquel tourne toute cette galaxie de personnages. C’est bien celle de Johnny Ronaldo. Avec son personnage de cowboy maniant le lasso et le fouet, il a marqué l’identité actuelle du cirque Ronaldo. Son décès il y a quelques années n’a certainement effacé son empreinte laissée dans l’histoire familiale. C’est en cela que Da capo joue sans doute plus la carte de l’émotion que de la performance. En défilant sous les yeux de la grand-mère installée dès le début du spectacle, le cortège joue la passation de relais. Le spectacle se faisant particulièrement fort quand le petit-fils Pepijn Ronaldo incarne une Johnny des sixties et rejoue la rencontre du patriarche avec sa compagne de vie.

Le cirque Ronaldo entretient sa mémoire et cultive ses racines en parsemant le spectacle d’allusions à ses différentes créations (un cadeau au fans certainement). Mais il se raconte aussi dans son dialogue constant entre le pur art circassien et le théâtre, le jeu dramatique et la dramaturgie. Et de jouer sur une certaine générosité méditerranéenne et le culte de la commedia dell’arte présenté comme modèle fondateur.

Da capo, c’est 180 ans d’histoire familiale mais aussi d’un art du cirque généreux, flamboyant, émouvant et reconnaissant.

Da capo, du cirque Ronaldo, du 15 au 17 mars à Latitude 50, à Marchin.

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