Critique | Scènes

Le collectif (La)Horde revient en force avec Age of Content

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Age of Content © Fabian Hammerl
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Titre - Age of Content

Mise en scène - Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Arthur Harel

Compagnie - (La)Horde

Date - Les 27 et 28 janvier 2024

Lieu - au Palais des Beaux-Arts, Charleroi

Casting - Avec les danseur·euse·s du Ballet national de Marseille

Après avoir secoué Bruxelles avec A Room with a View, spectacle de transe électro collective avec Rone, le collectif (La)Horde revient avec son nouveau spectacle Age of Content, à voir à Charleroi.

Le collectif (La)Horde vient en partie des arts plastiques. Deux des têtes pensantes du trio qui dirige le Ballet National de Marseille -Marine Brutti, Jonathan Debrouwer- sont issues des Beaux-Arts. Rencontrés voici un an, ils nous avait confié travailler à un prochain spectacle “sur les frontières floues des corps virtuels et réels” dans notre société de “contenus”. Un spectacle plaçant avatars et réseaux sociaux au centre, sans aucun truchement numérique. Uniquement des danseurs de chair et d’os, de sueur et d’expressions. “Notre moto, c’est Pina Bausch, quand elle dit s’intéresser davantage à pourquoi les gens dansent plutôt que comment ils dansent, nous explique aujourd’hui Arthur Harel, troisième membre du trio. On a besoin que les corps soient des outils de narration. Dans Age of Content, on a travaillé avec nos spécialistes du corps -nos danseurs- un chemin inverse: on voulait parler des technologies qui essaient de mimer l’humain, mais le font avec des défauts, d’où les artefacts de la marche, par exemple. On a recréé ça avec des corps hyper compétents. On a opposé leur virtuosité à une technicité hésitante.” Au final, cet Age of Content jubilatoire est inspiré des danses virales sur TikTok, des avatars, des cascades cinéma et…. des comédies musicales! “La comédie musicale vient toujours dans un contexte politique de crise. Ces crises se racontent en chantant, en dansant. C’est ça qu’on a voulu reprendre dans Age of Content. Avec finalement un chemin esthétique assez archaïque, des fausses profondeurs augmentées par la lumière, des corps, de la mécanique. Notre technologie, ce sont les corps.

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Au premier tableau entre en scène une voiture pilotée par un technicien en haut d’un échafaudage en bord de coulisses. Avant, arrière. Les danseurs entrent, doucement, un par un puis par groupes. Ils sont masqués et habillés d’une combinaison beige, assortie à la teinte de la voiture. On ne distingue pas les hommes des femmes. Ils se meuvent sur la voiture qui se cabre. C’est d’une violence sourde, larvée, puis de plus en plus exprimée. Les cascades s’enchaînent, d’une évidence technique. On se dit que, malgré la performance, la technicité des artistes, l’esthétique ultra léchée, si la violence est à ce point contenue durant tout le spectacle, elle se fera insupportable. Puis, deux avatars, troublant de réalité, dansent un duo, une marche saccadée à l’instar des figurines de mondes virtuels, avant d’être rejoints par les autres. Les corps sont tour à tour désarticulés, aimantés, violentés. Il y a la violence crue, les déplacements androïdes, le sexe hyper suggéré et suggestif. Et puis, le final, explosion façon comédie musicale, a fait standing ovation lors de la biennale de la danse à Lyon. Car dans Age of Content, cette Horde-là capte l’air d’un temps qui s’accélère, proche de la désintégration. Le sublimant et l’interrogeant, sans jamais en donner les clefs. C’est sa force. C’est son art. Et on souhaite qu’il dure et s’accélère, en corps et encore.

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