Le film de Yann Arthus-Bertrand crée l’événement en atterrissant simultanément au cinéma, à la télé, sur DVD et sur Internet. Un cas destiné à rester isolé?

Ce vendredi 5 juin, journée mondiale de l’environnement, Home – ou la terre vue du ciel à travers la caméra de Yann Arthus-Bertrand – se dévoile donc sur tous les types d’écrans, qu’ils soient de cinéma, de télévision ou d’ordinateur. Un mode de diffusion exceptionnel faisant fi de la chronologie classique des médias et qui contribue largement à faire de ce film destiné à éveiller les consciences un véritable phénomène. Tout en ne manquant pas de poser des questions quant à la viabilité de ce type de démarche. En effet, comment le film est-il censé amortir ses inévitables coûts de production et de diffusion si les spectateurs y ont accès gratuitement dès sa sortie? Jean-Marie Grégoire, directeur marketing chez Belga Films, société elle-même responsable de la distribution de Home sur le Benelux, tranche tout net:  » La logique commerciale n’est en aucun cas d’application ici. L’objectif est de montrer le film, pas de le rentabiliser. Home étant sponsorisé par le groupe PPRde François Pinault, tous les frais de production ont ainsi été pris en charge.  » Pour ce qui est des coûts d’exploitation ou d’édition,  » un certain nombre de partenaires a décidé de jouer le jeu« . Comme la Fnac, par exemple, qui a autofinancé le DVD et le Blu-ray de Home avant de les vendre à prix coûtant.

Hors ce tissu de solidarité économique découlant de cet impératif de conscientisation, la démarche serait donc tout à fait suicidaire:  » Ca n’a aucun sens commercialement parlant. Il s’agit d’une démarche tout à fait unique, et qui le restera d’ailleurs. Sauf si les gens veulent se planter… « , insiste Jean-Marie Grégoire, évoquant, au passage, la tentative de sauter les étapes, peu concluante, de Steven Soderbergh qui, en 2006, sortait simultanément son film Bubble au cinéma, en DVD et en vidéo à la demande.

Reste à savoir si d’autres intérêts ne rentrent pas ici en jeu. Les partenaires impliqués ne manquant pas de redorer leur image au contact de ce projet vertueux. Une forme de publicité par la bande, en somme. Ce que Jean-Marie Grégoire reconnaît sans détour:  » Si j’étais un peu direct, je dirais, en effet, que certains s’achètent une bonne conscience à travers cette démarche isolée « . Décidément, rien n’est vraiment gratuit… l

N.C.

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