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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Vingt ans après The Matrix, l’histoire repasse les plats, renvoyant Neo et Trinity ferrailler entre deux réalités. Une résurrection aux airs de déjà vu assumés.

Sorti en 1999, The Matrix reste l’un des jalons incontournables du cinéma d’action contemporain, le film des sœurs Wachowski ayant généré, avec son concept gonflé, sa griffe esthétique unique et ses effets spéciaux inédits, une descendance nombreuse, en plus de deux suites inégalement inspirées, Reloaded et Revolutions. Hollywood déclinant le recyclage sur tous les tons, il était somme toute logique de voir Neo et Trinity reprendre un jour du service. Quatrième volet de la franchise, The Matrix: Resurrections affiche dès lors des airs de déjà-vu totalement assumés et, au final, pas désagréables. Et ce, dès son générique, revisitant celui du volet initial de la trilogie, avant d’en rejouer la scène d’ouverture. Mais s’il cite abondamment les originaux, le film, réalisé par la seule Lana Wachowski, y apporte aussi un indispensable décalage. Ainsi, en particulier, dans sa première partie, où l’on découvre Thomas Anderson, alias Neo (Keanu Reeves), devenu concepteur de jeux vidéo, le créateur notamment de The Matrix dont il planche sur la quatrième version, une savoureuse mise en abyme à la clé. La frontière entre le monde dans lequel il évolue et l’univers qu’il a créé s’avère toutefois fort poreuse -sentiment culminant lorsqu’il rencontre au coffee shop où il a ses habitudes une inconnue ressemblant comme deux gouttes d’eau à la Trinity (Carrie-Ann Moss) de The Matrix. De là à ce que l’histoire repasse les plats, il n’y aura bien sûr qu’un pas, le scénario se chargeant bientôt d’expédier le duo ferrailler entre deux réalités parallèles.

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Résurrections et non révolutions

Le Matrix original en imposait par son audace visionnaire, un pied déjà dans le monde virtuel alors qu’une poignée d’êtres humains évoluant dans une réalité simulée tentait de se soustraire au joug des machines. Vingt-deux ans plus tard, l’ambition de The Matrix: Resurrections est assurément moindre, qui joue ostensiblement la carte de la nostalgie -Carrie-Ann Moss et Keanu Reeves font d’ailleurs plus qu’illusion-, tout en revisitant efficacement un concept ayant fait florès. Avec en outre quelques morceaux de bravoure suffisant à remplir le cahier des charges -il est après tout question de Résurrections et non de Révolutions. L’édition Blu-ray s’avère particulièrement généreuse en bonus, tantôt amusants (comme lorsque les différents acteurs s’essaient à démêler les fils des épisodes précédents), tantôt éclairants. En plus de s’étendre sur les diverses raisons l’ayant conduite à se lancer dans cette entreprise, Lana Wachowski y raconte comment la control freak qu’elle était a appris à laisser plus de place à l’incertitude. D’où le côté “improvisé” du film, plutôt inhabituel pour une production de cette ampleur -un pied dans la réalité, en l’occurrence…

The Matrix: Resurrections

De Lana Wachowski. Avec Keanu Reeves, Carrie-Ann Moss, Neil Patrick Harris. 2 h 28. Dist: Warner.

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