Critique | Séries/Télé

Sur Prime Video, American Fiction, la belle surprise des Oscars

3,4 / 5
3,4 / 5

Titre - Amercian Fiction

Genre - Comédie dramatique

Réalisateur-trice - Cord Jefferson

Casting - Cord Jefferson. Avec Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross, John Ortiz.

Sortie - Disponible sur Prime Video

Durée - 1 h 57

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Oscar du meilleur scénario adapté, American Fiction, le réjouissant premier long métrage de Cord Jefferson, a débarqué en catimini sur Prime Video.

COMÉDIE DRAMATIQUE

De Cord Jefferson. Avec Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross, John Ortiz. 
1 h 57. Disponible sur Prime Video.

Nommé dans cinq catégories aux Oscars cette année, dont celle de meilleur film, le premier long métrage de Cord Jefferson, réalisateur originaire de Tucson en Arizona qui a fait ses classes à l’écriture et à la production d’excellentes séries (Master of None, The Good Place, Watchmen, Station Eleven), est reparti auréolé, le 10 mars dernier, de la statuette du meilleur scénario adapté. ­American Fiction, en effet, est la transposition à l’écran d’un roman, Erasure (ou Effacement, 2001), de ­Percival Everett, véritable roi de la satire grinçante ayant le racisme dans le collimateur. Non distribué dans les salles en Belgique, le film vient de débarquer ­discrètement sur la plateforme Prime Video.

Il se structure autour de Thelonious Ellison, dit Monk (Jeffrey Wright, vu notamment chez Wes Anderson, dans la saga des James Bond et la série Westworld), un éminent professeur de littérature et écrivain afro-­américain frustré à qui on reproche un manque de… négritude dans son écriture. Lassé par les stéréotypes raciaux qui pullulent dans la littérature black de ghetto célébrée par les élites soi-disant progressistes de la culture blanche, il se fend sous pseudonyme d’une parodie de ce genre de livres suintant la violence, la souffrance et la misère exacerbées. Or voici que l’intelligentsia s’enthousiasme au premier degré pour ce bouquin écrit à la manière d’une blague acerbe censée écorner l’hypocrisie du monde de l’édition…

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Racisme incidieux

Les prémices d’American Fiction ne manqueront pas de rappeler à certains celles de La Tache, le célèbre roman de Philip Roth. Mais le film dans son ensemble s’inscrit davantage encore dans la lignée de Bamboozled (ou The Very Black Show, 2000), comédie satirique de Spike Lee où l’employé noir d’une station de télévision écœuré par le racisme ambiant créait une émission caricaturant cyniquement les Afro-­Américains afin de s’en faire virer. Or, contre toute attente, le programme connaissait rapidement le succès, devenant même dans la foulée un véritable phénomène culturel. Dans le viseur de ces deux films à l’humour caustique et ravageur: le racisme insidieux de tout un pan de la population blanche, qui ne peut s’enticher de la culture noire qu’à travers ses pires clichés.

Intelligemment dialogué, American Fiction s’appuie notamment sur un impeccable casting, au sein duquel on retrouve par exemple Issa Rae, la créatrice et interprète de la série ­Insecure, pour décocher avec une réjouissante férocité ses flèches trempées dans l’acide. Teinté de vague à l’âme et d’introspection, le film offre également le portrait attachant d’un homme en crise, pas forcément toujours très aimable et contraint de se compromettre absurdement afin de faire entendre sa voix.

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