Critique

[le jeu de la semaine] Outriders: pas très fin, mais d’une générosité unique

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Le coeur prêt à exploser, Outriders reprend à sa manière la formule des Gears of War en y ajoutant une sérieuse dose de magie et de tension.

Pilier d’une créativité polonaise en expansion perpétuelle depuis dix ans (The Witcher 3: Wild Hunt, This War of Mine, Dying Light, Weedcraft Inc…), People Can Fly n’est pas vraiment connu du grand public. Le studio s’est d’abord distingué avec des FPS d’une fulgurance jubilatoire sur Painkiller et Bulletstorm pour finalement participer à la cocréation d’un certain… Fortnite, il y a trois ans. Le CV de ces talentueux développeurs de l’ombre compte également plusieurs volets de Gears of War. Judgement, le dernier d’entre eux, remplissait son contrat sans toutefois déborder de la case. Avec Outriders, la bouillonnante équipe originaire de Varsovie prouve qu’il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir.

Le jeu vidéo s’est intellectualisé à un degré inespéré ces dernières années. Qu’il s’agisse d’évoquer la mort de façon décalée (I Am Dead) ou de poser des questions cosmologiques sur fond de free jazz (Genesis Noir), les indés introspectifs et décalés inondent les étals des stores en ligne. Planté sur Enoch, une planète colonisée par une humanité aux abois, Outriders nous rappelle toutefois que l’ultraviolence -celle qui pompe l’adrénaline- cimente l’identité du gaming. Contra, es-tu là?

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Enfilant les bottes d’un soldat réveillé après un sommeil de 30 ans, le gamer découvre que la colonisation du nouvel astre a très mal tourné. L’ « anomalie », une puissance psychique absconse, contamine ce dernier et amplifie les divisions d’une humanité en guerre. Habité de protagonistes proches d’un nanar, Outriders ne trouve pas moins dans ce pitch le terreau idéal à son gameplay. Claudiquant visuellement entre RAGE et Borderlands (avec une pointe de superpouvoirs), ce jeu logiquement inspiré de Gears of War y ajoute une grande dose de pouvoirs psychiques, tout en empêchant les gamers de s’y planquer.

La bonne planque?

Végétation folle, marécages poisseux, cimes vertigineuses… Outriders enchaîne des arènes (ou des corridors plus ou moins larges) pour y éliminer des adversaires débarquant par vagues. Rester plus de deux secondes derrière un muret est toutefois impossible. Tirs croisés, grenades, kamikaze… Le third person shooter force constamment le gamer à se déplacer. Les head shots y sont en outre difficiles. Les adversaires, très souvent en mouvement, cachent en effet leur tête lorsqu’ils sont à couvert.

D’une grenade spectrale à plusieurs types de tourelles temporaires à poser à terre (pour, par exemple, geler un adversaire), la magie colore également Outriders. Ces superpouvoirs qui s’étofferont au fil d’un arbre (touffu) de compétences permettent souvent de s’en sortir in extremis lorsqu’on est débordé. People Can Fly prend d’ailleurs un malin plaisir à saturer le gamer de mutants et de soldats aux comportements très marqués. L’impression de survivre à un cauchemar domine souvent ce shooter débordant de graisses saturées. Un menu pas très fin, mais d’une sincérité et d’une générosité uniques.

Outriders

Third person shooter édité par Square Enix et développé par People Can Fly, âge: 18+, disponible sur PlayStation 4/5, Xbox One / Series S et X. ***(*)

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