La belle histoire du père qui s’empare de terres pour faire de sa fille une princesse, selon Disney

La Princesse du Nord Soudan © capture d'écran
Sophie Deprez Stagiaire

Les studios Disney ont annoncé la préparation d’un film basé sur des faits réels: un père a conquis un territoire en Afrique et a fait de sa fille la princesse de ce nouveau Royaume pour réaliser son rêve. Belle histoire ou colonialisme déguisé?

Quelle petite fille n’a jamais rêvé d’être une princesse? Le voeu d’Emily a été exaucé quand son père a fait d’elle la princesse du « Royaume du Soudan du Nord ». Les studios Disney ont décidé de raconter cette histoire dans un film qui sera réalisé et coproduit par Morgan Spurlock (Super Size Me), avec le producteur Richard Arlook. Le script sera écrit par Stephany Folsom, connue pour avoir écrit 1969: A Space Odyssey or How Kubrick Learned to Stop Worrying and Land on the Moon.

Il était une fois une petite de six ans qui avait demandé à son père si elle serait un jour une vraie princesse. Son papa avait répondu « oui », sans réaliser que cette promesse allait le porter jusqu’en Afrique. « Aimer, c’est savoir tenir une promesse« , selon Jeremiah. Il a donc cherché une « terra nullius » sur Google. Il a trouvé la région désertique de Bir Tawil, située entre le Soudan et l’Egypte.

Cette « terre sans maître » qu’aucun État n’a jamais réclamée, il lui a donné le doux nom de « Royaume du Soudan du Nord » en juin 2014, après y avoir planté un drapeau fait par ses enfants. Puis il s’est autoproclamé Roi et a fait de sa fille de sept ans la Princess Emily qu’elle voulait devenir. Il voulait prouver à ses enfants qu’il était prêt à aller littéralement jusqu’au bout du monde pour réaliser leurs souhaits et leurs rêves.

Princess of North Sudan

C’est ce rêve américain devenu réalité que veut adapter Disney dans son prochain film au titre (provisoire) de génie Princess of North Sudan. Disney insistera sur la relation entre un père et sa fille sur fond de conte de fée.

Malgré cet angle honorable, nombreuses ont été les réactions négatives à ce que beaucoup considèrent comme une colonisation des temps modernes. Un homme jette son dévolu sur un territoire africain, qu’il offre à sa famille et à lui-même. Il en devient l’unique chef en faisant fi de la reconnaissance légale par les pays frontaliers, les Nations Unies et autres groupes, sans quoi il lui est impossible d’avoir un réel contrôle politique sur « ses » terres.

Heaton en aura pourtant besoin, s’il veut réaliser l’autre rêve d’Emily. Interrogée sur ce qui devrait être fait de cette terre, la princesse a répondu qu’il faudrait cultiver un potager assez grand pour nourrir tout le monde. Alors pour faire de cette « nation » un centre de recherches international pour l’agriculture et les énergies renouvelables, Jeremiah Heaton a lancé sa campagne de crowdfunding avec le teaser à l’odeur de guimauve qui va avec.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

La belle histoire du Roi Jeremiah et de son Royaume de 2000 km2 a d’abord ému les médias américains, qui y voyaient la preuve de l’amour sans frontières d’un père pour ses enfants. L’annonce a ensuite mué vers une levée de bouclier aujourd’hui presque unanime et relayée, entre autres, par le hashtag #PrincessOfNorthSudan, qui accuse Disney de donner une apparence de conte de fée au colonialisme.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Ce à quoi la scénariste Stephany Folsom a répondu: « comme expliqué dans l’article du Hollywood Reporter, je peux comprendre votre colère. Mais soyez sûrs que ce n’est pas l’histoire que nous racontons. »

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Les remous créés autour du futur Princess of North Sudan de Disney viennent ternir un peu plus l’image d’un studio régulièrement critiqué pour ses valeurs stéréotypées, la faible présence de minorités dans ses films, le recyclage de ses « films a succès » et de ses dessins, et désormais la glorification de la suprématie blanche en Afrique.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content