Les Flammes 2024 : les 5 leçons à tirer de la remise de prix du rap français  

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Hier soir, à Paris, la seconde édition des Flammes a récompensé notamment Aya Nakamura, Shay, Hamza, etc. Et prouvé que, malgré ses défauts, la cérémonie restait plus que jamais nécessaire

Les Flammes des femmes

La grande gagnante des Flammes 2024 ? Aya Nakamura évidemment, pour qui la cérémonie a déroulé le tapis rouge, en lui permettant d’ouvrir le show. Et, surtout, de repartir avec trois trophées (artiste féminine de l’année, Flamme du rayonnement international et celle de la nouvelle pop). Une manière de compenser le manque de reconnaissance que la queen a pu essuyer par ailleurs (…). Et de célébrer une artiste qui est aussi devenue un symbole, n’échappant, à ce titre-là, à aucune controverse.

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La dernière en date est évidemment celle concernant son éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Une polémique que l’intéressée n’avait jamais demandée. Et qu’elle a encaissée jusqu’ici avec pas mal de flegme, quoiqu’on en dise. Hier soir, au théâtre du Châtelet, elle est d’ailleurs restée plutôt évasive, remerciant pour les soutiens reçus « malgré toutes les critiques, les polémiques ». Elle a surtout eu l’air d’être soulagée, à l’aise comme on l’a rarement vu. Soulignant à la fois l’apport de ses collaborateurs/beatmakers – « Je suis pas facile tous les jours, c’est vrai, hein ». Mais aussi le trajet effectué – « ce trophée, c’est aussi pour toutes les Renois, on vient de loin »…

L’autre grande gagnant de la soirée est sans aucun doute Shay. Grâce au prix remporté pour le meilleur clip. Mais aussi sa performance sur scène. Après avoir déjà marqué les esprits l’an dernier, la rappeuse belge a à nouveau frappé fort, en livrant une version électrique de Santa Fe (Bad Gyal). En général, les femmes ont pris plus que leur part dans la cérémonie. De Kay The Prodigy à la reine du shatta Maureen, en passant par la jeune Merveille. Dans un genre – le rap -, souvent taxé de foncièrement misogyne, c’est un joli pied de nez…

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Une cérémonie rap qui l’est de moins en moins

Est-ce un signe (supplémentaire) que le genre est en train de s’essouffler ? Dans une cérémonie qui avait été créée au départ pour le célébrer, par des médias dédiés (Booska-P, Yard), le rap a semblé marquer le pas. Au risque de forcer un peu trop le trait, il a pu donner l’impression de n’être plus qu’une composante parmi d’autres des Flammes. Mais plus forcément son combustible principal. A cause de l’absence de quelques-unes de ses principales têtes d’affiche/gros vendeurs (Nino, Werenoi) ? Peut-être. Ou de celle de la fameuse « next gen », nouvelle vague qui a encore du mal à jouer le jeu ? Hier soir, en tout cas, les deux prestations rap les plus marquantes ont été celle de La Fouine – presque émouvant dans son rôle d’ancien venu réclamer sa couronne. Et Luidji – impeccable, mais qui s’est éloigné du format – au point d’ailleurs d’être nommé dans la catégorie « nouvelle pop ».

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Les Flammes 2024, une cérémonie pas comme les autres

Certes, les bugs, creux, et autres moments de gênance n’ont pas manqué. Pas besoin de les énumérer : les haters n’ont pas manqué de le faire tout au long du chat live, d’une cérémonie retransmise sur Youtube et Twitch. Mettons ça sur le compte des maladies de jeunesse d’un événement qui n’en était, rappelons-le, qu’à sa seconde édition. Passez cela, force est de reconnaître que les Flammes ont rempli leur mission. Soit proposer un show qui met en lumière des cultures et des visages qu’on ne voit que trop rarement ailleurs. De la jeune Merveille, 16 ans, à Jungeli, single de diamant en France, avec son Petit génie (tous les deux en concert ce weekend au Mudi festival). En passant par la Flamme éternelle décernée au producteur Kore, le live de Josman, celui de la chanteuse de zouk Fanny J ou encore la présence de la star anglaise Dave !

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Le rap, et ce que les Flammes ont baptisé « nouvelle pop », ont beau avoir récolté une nouvelle visibilité ces dernières années, la soif de reconnaissance est telle que, malgré ses défauts, les Flammes restent un exercice incontournable.

Les Flammes 2024, une cérémonie comme les autres

C’est évidemment le paradoxe de l’exercice : contester « l’ordre établi » des cérémonies de prix traditionnelles, chercher à proposer une alternative au ronron des trophées snobant les « cultures populaires ». Tout en proposant un show dans un lieu prestigieux (le théâtre du Châtelet) en costard/robe de soirée. Lors d’une émission (beaucoup) trop longue qui, même diffusée sur le Net, ne s’éloigne que peu des codes télé. La plupart des rappeurs ont beau avoir cette qualité de faire court dans leurs discours de remerciement, la cérémonie d’hier soir n’avait rien à envier, en terme de durée, aux Césars ou autres Victoires… Ajoutez à cela les couacs techniques et autres aléas du direct, et les Flammes sont presque une cérémonie comme les autres. Ce qui, au fond, n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle que ça…   

Show et politique

Comme l’an dernier, les Flammes avaient prévu un trophée de « l’engagement social ». Une manière, sans doute, d’ancrer l’événement dans les racines politiques du mouvement culturel hip hop (quitte à rentrer en collision avec l’aspect bling bling de ce genre de soirée). Dans tous les cas, le geste tranche, à l’heure où la plupart des remises de prix sont de plus en plus mal à l’aise avec les prises de position. Hier soir, c’est le rappeur marocain Zamdane pour son action avec SOS Méditerranée qui a ainsi été mis en avant.

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Au-delà du prix, c’est toutefois le conflit israélo-palestinien qui est revenu immanquablement sur le tapis. A travers le discours du producteur Kore, mais surtout le live de Medine, venu interpréter Gaza Soccer Beach. Un titre datant de… 2015, que le rappeur havrais a à peine adapté (précisant, si besoin, « stop à l’antisémitisme, stop au colonialisme »). Et qu’il a dédié aux 35 000 « enfants disparus », tandis que leurs noms et âge défilent au fond de la scène.

Bonus track : l’accent belge

Shay qui shine avec son live spectaculaire et la récompense du meilleur clip. Hamza qui remporte la Flamme de l’album de l’année. Et même le Bruxello-Français Romain Garcin célébré dans la catégorie pochette de l’année, pour l’artwork de l’album Bitume Caviar d’Isha et Limsa d’Aulnay. Aux Flammes, le rap belge continue d’avoir son mot à dire.

   

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