St. Vincent: « Pour moi, jouer de la guitare, c’est comme agiter une baguette magique »

Jonas Boel Journaliste Knack Focus

St. Vincent plonge au plus profond de son âme dans son nouvel album All Born Screaming, le plus « psychotique » à ce jour. Conversation à bâtons rompus du côté magique des guitares.

Après une carrière solo de plus de quinze ans, six albums et presque autant de métamorphoses, Annie Clark alias St. Vincent met une fois de plus les points sur les i avec All Born Screaming. Un disque brut et enivrant sur lequel l’artiste s’expose sans fard et s’affirme comme une des musiciennes rock les plus ambitieuses et les plus talentueuses de sa génération. Le chaînon manquant entre Kate Bush et Jimi Hendrix, comme l’a récemment écrit un magazine américain.

Sur All Born Screaming, Annie Clark cherche à exprimer la vie dans toutes ses contradictions, du désespoir au désir, de la brutalité à l’insouciance. Pour la première fois, elle a décidé de produire le disque toute seule et a réuni un grand nombre d’invités pour donner vie au son qu’elle avait dans la tête, de la manière la plus sincère possible.

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Parmi les gens qui ont contribué à l’album, un nom saute immédiatement aux yeux: Dave Grohl, le leader des Foo Fighters. Parce que c’est un des meilleurs batteurs de rock contemporains?

Annie Clark: Oui. Je veux dire, il suffit d’utiliser ses oreilles, non? Quand Dave a joué avec Nirvana, il a défini un tout nouveau son de batterie. Quand il joue une note, vous savez immédiatement que c’est lui. C’est ce qui fait de lui un grand artiste. C’est aussi un auteur-compositeur, 
et ça s’entend. Dave joue de la batterie en accompagnant les lignes de chant, de guitare, de tout le reste. Il soutient et sert chaque facette du morceau.

La qualité de quelqu’un se mesure à son dernier exploit, dit-on. Est-ce que ça s’applique aussi aux guitaristes? Êtes-vous aussi bonne que les riffs de votre dernier album?

Non, parce que ce n’est qu’un riff, un solo. Pour moi, la technique est secondaire par rapport au fait d’avoir sa propre voix, son propre son. Un solo d’une note peut être un grand solo. Moi-même, par exemple, j’aime me mettre en transe en jouant de manière très répétitive toujours la même chose. Je suis un peu comme Steve Reich (le compositeur minimaliste américain, NDLR) quand je me laisse aller toute seule à la guitare.

Pensez-vous que jouer de la guitare est sexy?

Non, pas du tout. Mais je peux comprendre pourquoi certains peuvent trouver ça sexy. Ça a l’air un peu dangereux, et le danger est sexy. Personnellement, je préférerais parler de mysticisme. Pour moi, jouer de la guitare, c’est comme agiter une baguette magique.

All Born Screaming est le premier album que vous avez produit entièrement seule. Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile?

Le chant. Parce que c’est là que tout se joue. Nos oreilles sont naturellement très sensibles aux voix, et nous en avons tous une. Les voix devaient donc être absolument parfaites. Je veux dire, au niveau des sentiments. C’est pour cette raison que j’ai fait beaucoup, beaucoup de prises en studio (rires). Encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus un gramme de déchets. Je voulais que cet album sonne très brut émotionnellement et que l’intention des chansons et les textures se complètent parfaitement. J’avais quelque chose de très spécifique en tête, et personne d’autre ne pouvait le mettre en boîte comme moi. Je voulais capter ce fantôme qui se déplace dans la pièce pendant qu’on enregistre.

Vous avez collaboré avec Olivia Rodrigo pour Obsessed, un titre bonus sur son album Guts. Êtes-vous amies?

Absolument. C’est une super fille, je l’adore. Nous avons beaucoup de choses en commun. Nous aimons la même musique -The Breeders, Tori Amos, Fiona Apple- et nous nous échangeons souvent nos playlists. Pour moi, c’est toujours la meilleure façon de se faire des amis. ‘Tiens Olivia, écoute un peu The Slits’ (rires).

Vous avez déjà collaboré avec Taylor Swift, notamment pour Cruel Summer, une chanson qui figure sur l’album Lover de 2019. L’année dernière, la chanson a soudain été propulsée à la première place par ses fans aux États-Unis. Ça ne vous donne pas envie de vous lancer à votre tour à l’assaut du sommet des charts?

Cruel Summer est un exemple qui montre à quel point les choses sont devenues bizarres de nos jours. C’est une chanson vieille de quatre ans, ce n’est même pas un single, mais les fans de Taylor, prouvant ainsi une fois de plus qu’ils sont une vraie force de la nature, ont apparemment décidé qu’il fallait que ce soit un tube, maintenant. Est-ce que je veux écrire une chanson en visant le numéro 1? Non, pas spécialement. Mais si ça se produit un jour, je le prendrai comme un chouette bonus.

Vous avez décrit vous-même votre nouvel album comme le plus  » psychotique » à ce jour. Qu’est-ce que ça veut dire?

Il va jusqu’à l’os. Parfois, c’est comme ramper à genoux dans des morceaux de verre, mais la vie est une souffrance. 
Et la seule raison de vivre est d’aimer, alors faisons au moins ça à fond! À nos risques et périls, sans se retenir 
ni éviter le retour de bâton. Parce que parfois, on a besoin de prendre des coups. C’est mon cas, en tout cas.

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