52 idées de cadeaux culturels pour toutes les bourses et tous les goûts
Besoin d’inspiration pour vos emplettes de fin d’année? Comme chaque année, toute la rédaction de Focus s’est attelée à dénicher les meilleurs DVD, disques, livres, BD, jeux… à glisser sous le sapin.
En 2019, on a fêté les 50 ans du grand final de Chapeau melon et bottes de cuir première mouture. Soit six saisons et 161 épisodes, tous repris ici, d’aventures souvent loufoques et énigmatiques, voire même parfois complètement allumées, mêlant espionnage à l’anglaise, action et science-fiction. Plus qu’une simple madeleine de Proust stylée au charme doucement suranné, l’objet a bien vieilli, malgré quelques inévitables faiblesses de production, parce que très libre et moderne dans l’esprit. Bourré de suppléments généreux (rétrospectives, interviews, commentaires audio, présentations d’épisodes par les acteurs, courts métrages, scènes coupées…), ce coffret définitif permet de prendre la pleine mesure de l’évolution de la série au fil des ans -John Steed n’est encore qu’un personnage secondaire dans la première saison du show, et l’icône Emma Peel n’apparaît seulement qu’à partir de la saison 4. Super classieux, comme il se doit.
Distribué par Universal. Prix: environ 60 euros.
Après celles de 1993 et de 2009, le monumental ouvrage (1 008 pages) de Bertrand Tavernier connaît une nouvelle édition, augmentée d’une préface aux allures de profession de foi: « L’amour du cinéma m’a permis de trouver une place dans l’existence« . L’occasion de se replonger avec délice dans des entretiens au long cours avec des cinéastes aussi divers qu’Elia Kazan, William A. Wellman, André De Toth, John Ford, Alexander Payne… L’ensemble composant une vibrante et passionnante Histoire du cinéma américain.
De Bertrand Tavernier, éditions Actes Sud, 1 008 pages. Prix: environ 60 euros.
Assurément l’événement cinéphile de cette fin d’année! L’art infiniment sublime de Kenji Mizoguchi (lire notre dossier) résumé en huit films majeurs des années 50: Miss Oyu, Les Contes de la lune vague après la pluie, Les Musiciens de Gion, L’Intendant Sansho, Une femme dont on parle, Les Amants crucifiés, L’Impératrice Yang Kwei-Fei et La Rue de la honte. On y retrouve le style admirable du cinéaste japonais, son souci de la condition féminine et sa palette d’émotions profondes. Indispensable.
Distribué par Capricci. Prix: environ 85 euros.
La totale des aventures d’Indiana Jones rassemblées dans un seul coffret. La saga méritait bien ça, qui relança spectaculairement le genre du film d’aventures exotiques au tout début des années 80. Avec Steven Spielberg aux commandes et Harrison Ford devant la caméra, une somme déclinée en quatre films (Indiana Jones et les Aventuriers de l’arche perdue, Indiana Jones et le Temple maudit, Indiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal) et une belle quantité de bonus.
Distribué par Paramount. Prix: environ 20 euros.
C’est à une entreprise aussi vaste que passionnante que se livrent Florence Arié et Alain Korkos dans Filmer la légende, à savoir appréhender l’Histoire des États-Unis telle que le cinéma américain s’est plu à la dépeindre depuis son invention. Quelque 130 films, du Nouveau Monde de Terrence Malick à The Big Short d’Adam McKay, en passant par The Birth of a Nation de D.W. Griffith, Bonnie & Clyde d’Arthur Penn, ou Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, nourrissent le propos, brossant un tableau chronologique circonstancié du récit étatsunien, des premiers temps de la colonisation à l’esclavage, de la conquête de l’Ouest à la Grande Dépression, de la guerre du Viêtnam à la crise des subprimes. Si l’on n’est pas obligé d’adhérer inconditionnellement aux jugements esthétiques parfois expéditifs portés par les auteurs – 12 Years a Slave de Steve McQueen, « d’une incroyable platitude tant dans le fond que dans la forme« , The Thin Red Line de Terrence Malick encore, ravalé au rang de » fatras« … -, la grille de lecture proposée s’avère résolument féconde. Mises en perspective fouillées, variations sur un même thème, porosité entre réalité et fiction -« Print the Legend« , en un leitmotiv emprunté au Liberty Valance de John Ford-, passerelles nombreuses et parenthèses utiles (couvrant aussi bien la naissance des banlieues américaines que les origines du portrait du Che passé à la postérité), les analyses combinent acuité, pertinence et liberté de ton. Et imposent une vision inédite du cinéma hollywoodien, inépuisable pourvoyeur de mythes, au confluent du fantasme et de la vérité historique.
De Florence Arié et Alain Korkos, éditions Les Prairies Ordinaires, 440 pages. Prix: environ 20 euros.
Ce luxueux coffret collector rassemblant au format DVD dix longs métrages réalisés par Clint Eastwood est présenté comme un best of de sa filmographie. On pourra toujours pinailler, bien sûr (Hereafter, l’un des meilleurs Eastwood, vraiment?). Et regretter les nombreux absents. Mais les raisons de s’enthousiasmer ne manquent pas: Bird, A Perfect World, The Bridges of Madison County ou Gran Torino, par exemple, sont tous de la partie. Soit quelques-uns des jalons particulièrement marquants, en effet, du parcours créatif de ce cinéaste ô combien majeur, à l’abattage stakhanoviste. Et une solide mise en jambe en prévision de la sortie, en février, de Richard Jewell, son prochain film, consacré à cet agent de sécurité qui a réussi à déjouer une attaque terroriste durant les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 avant d’en être accusé à tort. Du petit-lait pour l’increvable Clint, qui affiche désormais 89 ans au compteur…
Distribué par Warner. Prix: environ 55 euros.
Cinéaste rare -il n’a réalisé que sept longs métrages avant de disparaître en 1986, à l’âge de 54 ans à peine-, Andreï Tarkovski a laissé une oeuvre aussi essentielle qu’inépuisable, qui devait influencer les Lars von Trier, Steven Soderbergh et autre Nuri Bilge Ceylan. Un coffret indispensable réunit ses cinq films russes -à savoir, dans l’ordre chronologique, L’Enfance d’Ivan, Andreï Roublev, Solaris, Le Miroir et Stalker-, auxquels une restauration exemplaire restitue leur ensorcelante beauté, non sans en préserver le mystère. L’éblouissement est permanent, la fulgurance des compositions servant d’intenses questionnements métaphysiques, et cela que l’auteur trace le portrait du moine iconographe Andreï Roublev dans la Russie médiévale, ou qu’il s’aventure sur le terrain de la science- fiction à la faveur de Solaris ou de Stalker. Soit une oeuvre vertigineuse, exemple unique d’un cinéma en lévitation conjuguant splendeur visuelle et réflexion féconde. Un must absolu.
Distribué par Lumière. Prix: environ 35 euros.
Birds of Prey, avec Margot Robbie qui réenfile le costume de Harley Quinn, atterrira sur nos écrans en février prochain. Boosté par le succès phénoménal de l’électron libre Joker, Warner en profite pour compiler dans un même coffret Blu-ray mastoc les sept premiers longs métrages de l’univers cinématographique DC Comics. Soit, dans l’ordre: Man of Steel, Batman v Superman, Suicide Squad, Wonder Woman, Justice League, Aquaman et Shazam!. Pour amateurs vraiment très hardcore de super-héros…
Distribué par Warner. Prix: environ 50 euros.
J.K. Rowling a su prolonger le plaisir et le succès de la saga Harry Potter avec l’excellent Fantastic Beasts (2016) où Eddie Redmayne campe Norbert Dragonneau, « magizoologiste » aussi charmant que maladroit. Tiré d’un scénario original de la romancière (son tout premier), ce grand spectacle drôle et attachant fut suivi d’un second opus moins convaincant. Les deux, avec leurs suppléments (dont une version étendue), sont réunis dans un coffret qui devrait cartonner.
Distribué par Warner. Prix: environ 35 euros.
Le 14 octobre 2011, 2% de la population disparaît. Ceux qui restent sont en proie au doute le plus total. On connaît l’appétit du pop philosophe Pacôme Thiellement pour les univers cryptiques (Twin Peaks, Lost, entre autres). Avec Sarah Hatchuel, il sonde ici les profondeurs d’un des objets sériels les plus bouleversants de ces dernières années. De quoi croire au pouvoir de la fiction pour appréhender l’humanité qui se fissure… ou s’évanouit.
De Pacôme Thiellement et Sarah Hatchuel, éditions Playlist Society, 160 pages. Prix: 14 euros.
Cette fois ça y est, il est bien complet. Répartis sur 33 disques Blu-ray et augmentés d’une armada de suppléments gourmands, les 73 épisodes de la saga la plus primée de l’Histoire de la télévision déroulent leur grand son et lumière de medieval fantasy entrecoupé de longues joutes oratoires où violence, sexe et politique se confondent dans la solennité et l’outrance. Ça vous a plu, hein? Vous en demandez encore? Eh bien, installez-vous au coin du feu. Winter is coming…
Distribué par Warner. Prix: environ 110 euros.
Histoire de battre en brèche le monopole actuel du Joker, son meilleur ennemi, Batman s’offre un retour à la faveur des fêtes, sous la forme d’un coffret 4K Ultra HD réunissant quatre de ses aventures. L’occasion d’apprécier l’interprétation qu’en livrait Michael Keaton pour Tim Burton (Batman et Batman Returns), celles plus anecdotiques de Val Kilmer (Batman Forever) et George Clooney (Batman & Robin) pour Joel Schumacher aussi, en attendant de découvrir Robert Pattinson au volant de la Batmobile en 2021…
Distribué par Warner. Prix: environ 20 euros.
Depuis la trilogie fondatrice réalisée par Sam Raimi au début des années 2000 avec Tobey Maguire dans le rôle-titre, Spider-Man s’est multiplié sur les écrans, renaissant devant la caméra de Mark Webb sous les traits d’Andrew Garfield, avant que Tom Holland n’endosse la combinaison de l’homme-araignée pour Jon Watts. Un coffret Blu-ray propose l’intégrale de leurs aventures, relevée de la déclinaison animée de l’univers du super-héros imaginé par Stan Lee et Steve Ditko dans Into the Spider-Verse.
Distribué par Sony. Prix: environ 75 euros.
Portée par une écriture âpre et brutale, la grande série mafieuse créée par l’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano, déjà adapté au cinéma par Matteo Garrone en 2008, n’est pas encore clôturée. Mais ses quatre premières saisons se retrouvent solidement coffrées dans un box au noir d’encre qui annonce clairement la couleur. Avec son intrigue coup de poing aux ramifications tentaculaires, Gomorra, odyssée hyperréaliste au goût de métal et de sang, passionne autant qu’elle trouble.
Distribué par Universal. Prix: environ 60 euros.
Vous ne trouverez sans doute pas biographie plus drôle, touchante et flamboyante, cette année sous le sapin. Il faut dire que la vie d’Elton John a de quoi fournir la matière la plus extravagante qui soit. Après le biopic Rocketman sorti récemment, voici donc Moi, Elton John, incroyable récit de la vie de celui qui est né Reg Dwight, il y a 72 ans, à Pinner, banlieue au nord-ouest du Grand Londres, avant de devenir l’une des plus grandes stars de l’Histoire de la pop.
Le suprême mélodiste s’est confié à Alex Petridis, journaliste musical vedette du Guardian. Pas besoin d’être fan absolu de sa musique, ni de connaître I’m Still Standing ou Your Song par coeur pour se plonger dans le livre. Le franc-parler et l’humour so British d’Elton John suffisent à rendre la lecture passionnante d’un bout à l’autre. Sans cacher ses excès (la débauche rock’n’roll cocaïnée des années 70-80), ni chercher à se rendre moins diva ou plus sympathique qu’il ne l’était, l’ancien président du club de foot de Watford livre le récit d’une vie littéralement extra-ordinaire.
D’Elton John, éditions Albin Michel, traduit de l’anglais par Anatole Muchnik et Abel Gerschenfeld, 432 pages. Prix: 25 euros.
Si huit ans après la fin de REM, Michael Stipe s’est enfin décidé à sortir son premier single solo (il a reversé tous les bénéfices à Extinction Rebellion qui oeuvre pour la planète et le climat), le groupe américain célébrait aussi cette année le quart de siècle de Monster, son dernier grand disque. Celui qui parle à Kurt Cobain (Let Me In), fait chanter Thurston Moore (Crush with Eyeliner) et a été dédicacé à River Phoenix (sa soeur Rain assure même des choeurs sur Bang and Blame). Cinq CD (démo, live, etc.) et un Blu-Ray pour fêter ça.
Distribué par Universal. Prix: environ 80 euros.
Petit rhabillage de saison. Il faut bien passer l’hiver au chaud. Bertrand Belin, croisé cette année auprès d’Emmanuelle Seigner et de son Épée mais aussi au chevet de Vanessa Paradis (il a écrit le texte de Vague à l’âme soeur), sort déjà une version augmentée de son album Persona. En prime, quatre titres enregistrés à l’Olympia (Y en a-t-il?, Glissé redressé, L’Opéra et Peggy) et trois inédits: Le Feu au coeur adapté du Ain’t Talkin’ de Bob Dylan, Grand Duc #II et Lentement partagé avec Barbara Carlotti.
Distribué par Pias. Prix: environ 17 euros.
Comme si Ty Segall ne sortait pas encore assez de disques comme ça (le dernier, First Taste, remonte seulement au mois d’août), le Californien coffre un paquet de démos enregistrées entre 2007 et 2017. Des titres qui ont atterri sur ses albums Manipulator, Freedom’s Goblin, Emotional Mugger, Twins, Ty Segall, Slaughterhouse et Sleeper. Quarante-sept chansons, certaines jamais sorties de l’ombre, présentées en vrac. Quatre vinyles, une grosse boîte rose et un poster inclus. Apparemment, ce n’est qu’un début.
Distribué par Drag City/V2. Prix: environ 50 euros.
Cela fait donc 50 ans que John, Ringo, Paul et George ont traversé en file indienne ce qui est devenu entre-temps le plus célèbre passage clouté du monde -ils seraient près de 2 000 touristes à l’emprunter chaque jour. Cela valait bien une (nouvelle) réédition pour Abbey Road.
Sorti à l’automne 1969, il représente les ultimes enregistrements des Beatles -pour rappel, si Let It Be sortira bien un an plus tard, ses morceaux ont été mis en boîte avant. Quand ils entament les sessions, un an avant leur séparation, les Fab Four arrivent pourtant dans de bonnes dispositions. Ils retrouvent George Martin, avec l’envie de revenir aux sources. Ce qui n’empêchera ni les expérimentations -les sept minutes de I Want You (She’s So Heavy, la face B présentée sous forme de medley)-, ni, rapidement, le retour des tensions -Lennon qui fait installer un lit dans le studio pour que Yoko Ono, accidentée, puisse continuer d’assister aux enregistrements, au grand agacement de McCartney…
À sa sortie, Abbey Road recevra des critiques mitigées. Un demi-siècle plus tard, force est pourtant de constater que le disque reste l’un des meilleurs des Beatles -pour beaucoup, même LE meilleur. Bourré de classiques (Come Together, Something, Here Comes the Sun, etc.), il représente une odyssée musicale d’une perfection pop toujours aussi folle. Ce que confirme la réédition de trois CD (accompagnés d’un Blu-Ray), y compris paradoxalement par sa « modestie » -un mix 2019 qui n’apporte pas forcément grand-chose à l’un des disques des Beatles les plus soniquement aboutis, et deux autres volets de démos.
Distribué par Universal. Prix: environ 110 euros.
Un an après sa sortie, Brol a permis de consacrer définitivement le phénomène Angèle, dont les tubes sont désormais repris dans la rue (Balance ton quoi). Comme d’autres (les disques d’Aya Nakamura, Lomepal, Clara Luciani…), l’album a logiquement droit à sa réédition. Simple manoeuvre commerciale? La version « rouge » a en tout cas le bon goût de proposer pas moins de six nouveaux titres (dont un duo avec Kiddy Smile), ainsi qu’une nouvelle version de Ta Reine. De quoi prolonger encore un peu plus l’idylle.
Distribué par Universal. Prix: 16 euros (vinyle).
En même temps qu’une nouvelle scène, le rap français a vu aussi grandir ces dernières années de nouveaux médias. Ils se retrouvent évidemment sur le Net. Comme l’Abcdr du son (dont la première version date tout de même de l’an 2000). Pour la première fois, le webzine s’aventure en dehors de la Toile, avec L’Obsession rap. Un somptueux recueil d’interviews, de dossiers (le récit de l’album Prose Combat de MC Solaar), de listes, remplis de détails et d’infos précieuses. Aussi passionné que passionnant.
Par le webzine abcdrduson.com, éditions Marabout, 256 pages. Prix: 39 euros.
Même si, au fil des années, il a su élargir son champ d’investigation à d’autres genres (hip-hop, rock), le label Warp reste encore et toujours synonyme de musique électronique savante et d’expérimentations sonores audacieuses -celles d’Aphex Twin, Autechre, etc. En juin dernier, il fêtait ses 30 ans en diffusant sur la webradio londonienne NTS pas moins de 100 heures de mix inédits, sessions lives et autres morceaux exclusifs. Ils sont désormais compilés dans une dizaine de maxis 12 », disponibles séparément ou en coffret.
Distribué par Warp. Prix: 135 euros pour le coffret.
Figure aussi romantique que chaotique, Chet Baker reste l’une des icônes les plus marquantes du jazz. Il fait l’objet d’un nouveau coffret, rassemblant ses quatre premiers enregistrements pour le compte du prestigieux label Riverside, sortis entre 1958 et 1959: (Chet Baker Sings) It Could Happen to You, Chet Baker in New York, Chet et Chet Baker Plays the Best of Lerner & Loewe -ainsi qu’un cinquième disque de prises inédites. Baker y croise notamment les saxophones de Zoot Sims et Johnny Griffin, et le piano de Bill Evans et Kenny Drew. As cool as it gets…
Distribué par Concord. Prix: 150 euros.
Récemment, Questlove, le « chef d’orchestre » de The Roots, confirmait que les masters des albums de Do You Want More?!!!??! et Illadelph Halflife, sortis respectivement en 1995 et 1996, avaient brûlé dans le fameux incendie de l’entrepôt Universal. Les deux bénéficient toutefois aujourd’hui d’une réédition vinyle, chaque fois accompagnée d’inédits. Le groupe y a ajouté Things Fall Apart, sommet d’un hip-hop « instrumental » et conscient, qui a fêté cette année ses 20 ans.
Distribué par Universal. Prix: 50 euros.
Le genre est-il un critère suffisant pour constituer une anthologie? À l’aune d’une Histoire de l’art où trop longtemps les femmes ont été invisibles ou leur production jugée mineure, leur consacrer bien davantage d’espace était urgent. Doté du prix « J’aime le livre d’art », ce copieux volume illustré (le plus complet réalisé à ce jour) explore l’oeuvre, la vie et les combats artistiques des femmes depuis Properzia de’ Rossi (1490-1530), la plus ancienne sculptrice dont le nom a été conservé, jusqu’à Tschabalala Self (née en 1990), qui décompose et recompose dans ses toiles le corps des femmes noires pour se jouer des stéréotypes. Au milieu de figures attendues telles Marina Abramovic? qui n’hésita pas à se mettre en danger lors de ses performances, ou Frida Kahlo et ses autoportraits puissants, on (re)découvre les contes cruels de Paula Rego, Diane Arbus et son amour des marges ou Jenny Holzer et ses messages percutants (« Men don’t protect you anymore ») affichés en grand dans l’espace public.
Éditions Phaidon, 464 pages, Prix: 49 euros.
Intronisé patriarche sacré de la fantasy grâce au Seigneur des anneaux, J.R.R. Tolkien était non seulement un brillant professeur mais aussi un créateur insatiable de mondes. En parallèle de l’exposition à la BnF, ce guide de référence confie la partie textes à David Day (grand spécialiste de l’auteur) et les images à de nombreux illustrateurs, peintres et graveurs. De quoi redécouvrir Gollum, le Mordor ou d’épiques batailles avec un oeil neuf.
de David Day, éditions Hachette Heroes, 288 pages, prix: 32,50 euros.
Jusqu’au 24 février, la Fondation Louis Vuitton consacre une exposition rétrospective à Charlotte Perriand (1903-1999), designer et architecte d’intérieur, pionnière de la modernité. Cet ouvrage vous fera appréhender le lien profond de cette femme à l’esprit libre à la nature, la façon dont elle a envisagé son travail de façon sociétale et politique et sa proposition pour une synthèse des arts. Éminemment inspirant.
de Jacques Barsac, Sébastien Cherruet, éditions Gallimard, 396 pages, Prix: 49 euros.
Si depuis Les Noceurs, les dessins de notre génial compatriote Brecht Evens jouent avec quantité d’éclats colorés et une gestion singulière de la transparence, ses messages sont dissimulés sous la surface. Lontano (nouvelle collection de livres-affiches d’Actes Sud) nous donne une belle occasion de découvrir chaque nuance en format 30×40 cm. Voilà un présent qui, davantage qu’une guirlande, ponctuera l’hiver de lucioles fabuleuses.
Livre-affiche de Brecht Evens, éditions Actes Sud, 36 pages, prix: 22 euros.
L’émotion vous saisit lorsque vous passez le soir à côté d’une fenêtre illuminée? Imaginer la vie des autres vous plonge dans d’interminables rêveries? Feuilleter un album-photo familial vous tire des larmes à coup sûr? Si vous avez répondu « oui » aux trois questions précédentes en forme de « test nostalgie », il y a fort à parier que cet ouvrage paru chez Taschen est pour vous. La genèse du projet est relativement simple. On le doit au réalisateur de clips et de pubs Lee Shulman. Acheteur compulsif sur Internet, le Britannique remporte une enchère inattendue sur e-Bay: un lot de diapositives 35mm Kodachrome, des photos de famille d’anonymes. Plus embarrassé qu’autre chose dans un premier temps, Shulman les compulse un soir de déprime. La révélation est immédiate: l’homme d’images qu’il est se prend de passion pour l’incroyable « valeur émotionnelle de ces instants de vie« . Il n’en faut pas plus pour que l’intéressé se lance dans une quête frénétique ayant cette intimité domestique en ligne de mire. Il lance « The Anonymous Project » en 2017 et rassemble près de 700 000 images données ou achetées à des brocanteurs. Deux ans plus tard, il fait paraître une première sélection de 300 images prises par des quidams entre les années 50 et 70. L’opus est totalement bluffant, qui permet de s’immiscer au coeur de moments volés au temps qui passe. Pour chaque cliché, l’imagination ne peut s’empêcher de remplir les cases vides d’une histoire dont elle ne connaîtra jamais le fin mot. Le tout pour cette impression grisante d’être au plus proche de la vie.
De Lee Shulman, éditions Taschen, 280 pages. Prix: environ 40 euros.
Faut-il encore présenter Stan Lee? L’homme, décédé en 2018, qui a révolutionné le comics américain, l’homme sans qui Spider-Man, les X-Men, les Quatre Fantastiques, Hulk et bien d’autres n’existeraient pas. Voici rééditée chez Taschen, au format XXL illimité, l’histoire de Stan Lee écrite de son vivant par Roy Thomas. Des débuts fulgurants en passant par ses projets pour la télévision et le cinéma, la vie de ce mastodonte de l’édition US n’aura plus de secret pour vous. Enchâssé dans un coffret, l’ouvrage est accompagné d’un livret reprenant l’intégralité des comics produits par le maître.
De Stan Lee et Roy Thomas, éditions Taschen, 624 pages. Prix: 150 euros.
Le roi est mort, vive le roi! Tilda, sa fille aînée, s’apprête à monter sur le trône et apporter un peu de justice à son peuple exsangue. C’est sans compter sur son frère cadet et les seigneurs de la cour qui vont la chasser du royaume. Tankred et Bertil, deux amis qui lui sont restés fidèles, vont l’aider dans son exil. Les auteurs nous entraînent dans un conte épique et merveilleux aux accents modernes, rehaussé par des couleurs directes extraordinaires. Ce tirage de tête à 999 exemplaires avec frontispice numéroté est signé par Cyril Pedrosa.
De Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, éditions Dupuis, 232 pages. Prix: 58 euros.
Qu’arrive-t-il lorsqu’une autrice, un photographe et leurs quatre enfants achètent un camping-car? Ils filent sur la Road 66, apprivoisent les Grands Lacs et ponctuent leur trip d’entretiens denses avec 26 auteurs de premier plan. Ou comment sonder cette contrée plurielle à travers le repaire glacé du Maine de Richard Ford, le ranch de Thomas McGuane ou une conversation sur la création avec Laura Kasischke… Dépaysant!
de Pauline Guéna et Guillaume Binet, éditions 10/18, deux tomes (208 et 216 pages), prix: 15,10 euros par volume.
En 1864, un an après la mort d’Eugène Delacroix, ses tableaux sont exposés à la Société Nationale des Beaux-Arts où, lors d’une visite organisée, son ami Alexandre Dumas servit de guide pour l’occasion. Dans sa causerie, l’homme de lettres fait revivre avec fougue la carrière de son ami disparu, l’incompréhension de la critique face à son art, agrémentant son exposé d’anecdotes émouvantes et cocasses. Grande amoureuse de l’art du XIXe siècle, Catherine Meurisse retranscrit ici à la main l’intégralité du texte de Dumas et dessine dans son style nerveux et caricatural quelques scènes importantes illustrant l’amitié qui animait les deux hommes. Paru en 2005 aux éditions Drozophile, Causerie sur Delacroix était depuis longtemps épuisé. Sobrement intitulé Delacroix, il nous revient chez Dargaud, complété par de superbes aquarelles de Catherine Meurisse directement inspirées des grands tableaux du maître.
D’Alexandre Dumas et Catherine Meurisse, éditions Dargaud, 140 pages. Prix: 21 euros.
Un bel objet qui n’est pas à la portée de toutes les tables basses, tant par son volume que par son prix, soit la réédition de toutes les planches dominicales, et donc en couleurs, du Krazy Kat de George Herriman. Un ovni d’une modernité confondante avec son chat « queer », son humour absurde et ses décors surréalistes. Cet univers inventé dès 1913 ne découvrit la couleur qu’en 1935, jusqu’à son terme, en 1944.
De George Herriman, éditions Taschen, 632 pages. Prix: 150 euros.
Martine Barrat, Raymond Depardon, Claudine Doury, Véronique Ellena, Denis Dailleux, Bernard Plossu… Autant de signatures qui ont façonné la photographie hexagonale depuis les Trente Glorieuses. À n’en pas douter, il manquait « le » livre qui offrirait une vision panoramique de trois générations de talents incarnant une scène turbulente et indispensable. Bonne nouvelle: 50 ans de photographie française est signé par une pointure du genre, Michel Poivert, professeur d’Histoire de l’art à l’Université Paris I Panthéon- Sorbonne. Ce fin lettré, à qui l’on doit également L’Art de la photographie des origines à nos jours, bible vivement conseillée parue chez Citadelles et Mazenod, profite de l’occasion pour mettre en évidence, sans nostalgie, tous ces purs regards ayant contribué à « refonder une expérience photographique primitive ». « Comme des chercheurs en physique fondamentale, ils explorent de façon radicale et souvent minimale ce que le médium photographique contient encore de mystère et de possibilités à construire notre rapport au réel », précise-t-il.
De Michel Poivert, éditions Textuel, 416 pages. Prix: environ 60 euros.
L’auteur du Transperceneige a changé de dimension l’année dernière avec Ailefroide et Le Loup cette année, deux superbes récits de montagne parus chez Casterman où le dessinateur, le peintre et le grimpeur ne font enfin plus qu’un. Une fusion de toutes ses dimensions célébrée dans le premier artbook qui lui est consacré, mêlant grand entretien, planches et peinture. Effectivement vertigineux.
De Jean-Marc Rochette, éditions Daniel Maghen, 180 pages. Prix: 39 euros.
Avant de tirer sa révérence, l’écrivain de polar Léo Malet a confié les clefs de la maison à Jacques Tardi. Grand bien lui en a pris: Nestor Burma est devenu, sous la plume de l’auteur-dessinateur, un héros de bande dessinée attendu avec impatience par tous les amateurs de polar à la française. Les éditions Casterman éditent une intégrale limitée à 2 000 exemplaires reprenant les quatre premières adaptations. Pour tous les absents de la planète Terre ces 30 dernières années ou simplement pour compléter une bibliothèque bédéphile digne de ce nom.
de Jacques Tardi et Léo Malet, éditions Casterman, 512 pages. Prix: 49 euros.
Envie d’être dans le tête de Léonard (1452-1519)? Ces Carnets le permettent à la faveur de milliers de notes et de dessins, parfois totalement délirants, consignés au fil de son existence par le célèbre génie renaissant dont on fête cette année les 500 ans de la disparition. L’ouvrage se présente comme une somme précieuse, surtout quand on sait que les différents manuscrits dont il est composé sont éclatés entre Paris, Londres, Milan et Windsor. À ne pas négliger: une préface brillante d’intelligence signée par Paul Valéry.
De Léonard de Vinci, éditions Gallimard, 1 656 pages. Prix: environ 35 euros.
Comme tous les lieux de passage, les aéroports sont des endroits froids et impersonnels. Par la magie de son regard, Harry Gruyaert les métamorphose en cathédrales de couleurs et en puzzles graphiques. « J’ai toujours été fasciné par les lieux où les gens attendent. J’aime observer leurs mouvements, leurs postures« , explique le génial photographe belge. Revêtues comme toujours d’un voile de mélancolie, ses images suspendent le temps et font surgir des décors de théâtre hantés par des voyageurs figurants. Embarquement immédiat!
De Harry Gruyaert, éditions Textuel, 96 pages. Prix: environ 39 euros.
Dans Le Piano oriental, l’autrice libanaise Zeina Abirached racontait, en 2016, l’histoire de son grand-père, qui longtemps rêva de mettre au point un piano capable de faire le lien entre les cultures d’Orient et d’Occident. Un piano dont elle a depuis redécouvert un prototype, sur lequel son ami Stéphane Tsapis a composé des partitions originales, et avec lequel ils partirent tous deux en spectacle. Cette réédition avec CD tenait de l’évidence.
De Zeina Abirached, éditions Casterman, 232 pages. Prix: 39 euros.
Le phénomène éditorial de l’année, Fauve d’or au dernier festival d’Angoulême, s’offre une fin d’année à sa mesure (et ce alors que le tome 2 de Moi ce que j’aime, c’est les monstres vient seulement de paraître aux États-Unis): une édition luxueuse tirée à 3 333 exemplaires exactement, avec un meilleur papier, une meilleure reliure, une nouvelle jaquette (créée pour l’occasion et inspirée d’une oeuvre symboliste de François-Émile Ehrmann), des sérigraphies inédites, et même deux récits supplémentaires glissés tels des livrets dans ce bel objet. Une édition qui rend surtout honneur au dessin expressionniste et à la narration unique de son autrice, survivante d’une méningo-encéphalite fulgurante, entrée directement au panthéon des auteurs américains avec ce premier roman graphique qui, de fait, restera dans les annales.
D’Emil Ferris, éditions Monsieur Toussaint Louverture, 416 pages. Prix: 70 euros.
Après les lettres et les listes, place aux discours. Dans cette anthologie vagabonde, Shaun Usher a rassemblé 75 textes vibrants et passionnés pour de grandes causes ou de petites vertus (ainsi du courage, vanté par l’écrivain J.M. Barrie en 1922). Certains auteurs sont célèbres, comme Tilda Swinton s’adressant avec humour à David Bowie à la veille de l’exposition consacrée au Thin White Duke à Londres en 2013, ou Pablo Picasso -qui détestait parler en public- rendant laconiquement hommage à son père en 1950, d’autres de parfaits inconnus. Ce qui n’empêche pas leurs paroles de donner corps et vibrato à leurs idées. Sur le mode engagé dans le cas d’Ida B. Wells, quand cette Afro-Américaine s’en prend avec éloquence à « l’infamie du lynchage » en 1909. On ne change pas une formule gagnante: chaque entrée reproduit le texte de l’allocution et est sobrement illustrée par le portrait de l’auteur, voire par son manuscrit. On défie dieu avec Salman Rushdie, on fête la vie avec Kay Haring (soeur de l’autre). Le farfelu côtoie le tragique. Au-delà des différences de tonalité et d’accents, tous célèbrent la magie et la force des mots, capables de transcender les foules comme de faire saigner les coeurs.
Rassemblés par Shaun Usher, éditions du Sous-Sol, 384 pages. Prix: 34,90 euros.
C’est l’objet littéraire le plus inclassable de cette fin d’année. Dans ce journal philosophique traitant aussi bien de linguistique que de santé et de poésie, Giacomo Leopardi (1798-1837) puise dans son expérience et son pessimisme matière à réflexions pénétrantes réchauffées à la lueur de Platon ou de Dante. Un torrent charriant remarques saisies sur le vif, aphorismes -exemple: « Le plus sûr plaisir de cette vie est le vain plaisir des illusions« – et longues digressions sinueuses. Le tout évoque un voyage au long cours stimulant dans le cerveau labyrinthique d’un penseur oublié et d’une étonnante modernité.
De Giacomo Leopardi, éditions Allia, traduit de l’italien par Bertrand Schefer, 2398 pages. Prix: environ 40 euros.
Et il s’agit de les retrouver! À la manière d’un Où est Charlie? très cinéphile, Alexandre Clérisse (déjà auteur en 2019 d’un succulent Une année sans Cthulhu avec Thierry Smolderen) s’offre quatorze belles et grandes images autour de quatorze réalisateurs, tous planqués dans un univers graphique qui fait écho à leurs films. Ainsi par exemple de Spielberg, caché dans une image où il s’agit de retrouver également Tintin, Lincoln, Indiana Jones, Crochet et sept Gremlins! Ludique et beau.
D’Alexandre Clérisse, éditions Dargaud, 56 pages. Prix: 20 euros.
Événement retrogaming de 2019, la Mega Drive Mini prouve que Sega prend enfin soin de ses bijoux de famille. Exit la boiteuse Mega Drive Flashback que la firme au hérisson bleu confiait aux mains d’AtGames, il y a quelques années. L’éditeur remet les clefs de cette réédition au légendaire studio M2, roi des portages de hits arcade (Out Run, Space Harrier…), depuis plus d’un quart de siècle. Des beat them all (Shinobi III, Streets of Rage 2…) aux platformers (Earthworm Jim, Ghouls’n Ghosts, Alex Kidd…), cette playlist également couronnée de solides RPG (Phantasy Star 4, Shining Force…) offre donc une émulation sans faille. Mieux, sa sélection de 40 jeux projette des gameplays variés. Port cartouche ouvrable, potentiomètre sonore mobile, port Mega CD détachable… La console se pare en outre de détails non fonctionnels mais réjouissants. Ce fan service se double enfin de deux joypads à la fidélité remarquable.
Prix: environ 60 euros.
Des tutos YouTube aux forums spécialisés, l’intelligence collective du Web permet de construire facilement et à peu de frais sa propre borne d’arcade. Les New-Yorkais d’Arcade1Up proposent toutefois un sérieux raccourci. Se montant comme des meubles IKEA, leurs répliques à l’échelle 3/4 de machines classiques ont l’avantage d’offrir la configuration originale des joysticks d’époque. Space Invaders, Pac-Man, Galaga et Street Fighter 2 sont disponibles. À vos manettes!
Prix: de 300 à 500 euros.
Point & click totémique des années 90, The Secret of Monkey Island a bouleversé l’art de la narration dans le jeu vidéo. Nicolas Deneschau, ex-rédacteur de l’excellent webzine Merlan Frit, replonge dans l’histoire de cette série pour expliquer sa popularité, toujours d’actualité. Les 200 pages de cet ouvrage dansent entre pirates bariolés et concours d’insultes. La version standard du livre s’échange à 25 euros tandis que la First Print à 30 euros inclut une jaquette alternative et un ex-libris illustré par Steve Purcell, l’illustrateur des deux premiers volets de la série et de Sam & Max.
De Nicolas Deneschau, éditions Third, 200 pages. Prix: de 25 à 30 euros.
Alignant des scènes de voltige aérienne d’anthologie, Ace Combat 7: Skies Unknown vole tout sourire entre arcade et simulation. Ses folles masses nuageuses servent notamment de refuge pour semer des missiles à tête chercheuse et… l’Arsenal Bird, bombardier géant qui trône comme la pièce maîtresse de cette édition collector. Patchs brodés, grand art book de 140 pages, badge en métal et season pass volent également en formation serrée autour de cet excellent opus ici numéroté par Bandai.
Prix: à partir de 60 euros.
L’impact culturel de Death Stranding marquera le jeu vidéo ces dix prochaines années. En scellant avec un talent inouï vision d’auteur et gameplay barge, le nouveau jeu d’Hideo Kojima (Metal Gear Solid) se hisse au niveau d’un Ico ou d’un Journey. Brossant une humanité au bord de l’extinction, son open world aux paysages dingues et aux envahisseurs impalpables embrasse une SF fantastique flippante, sobre et chargée de sens. L’ombre de réalisateurs et de scénaristes comme Jonathan Glazer, Eric Heisserer ou Christopher Nolan plane sur cette odyssée castant notamment Guillermo del Torro et Norman Reedus (l’interprète de Daryl dans The Walking Dead). Livreurs indépendants cinglés, réseaux sociaux sous forme de menottes aux poignets, terrorisme décentralisé… Kojima explore en outre une version outrancière de notre société. Son rapport vénéneux à la mort, à la paternité et à la naissance se traduit également par un foetus vivant enfermé dans un bocal et plaqué sur le ventre du héros. Dérangeant, ce « B.B. » brille au centre de cette énorme édition collector du jeu. Porte-clés, bande originale et réplique d’une des nombreuses valisettes du jeu se monnaient à un tarif outrancier mais à la hauteur de son futur statut de jeu culte.
Prix: environ 200 euros.
Classique de la première Game Boy, Link’s Awakening brille comme un épisode à part dans la saga des Zelda. Shigeru Miyamoto (son père) y cédait en effet les rênes à Takashi Tezuka. Exit la princesse Zelda. Oublié, Ganon. Fan de Twin Peaks, Tezuka casse certains codes de la série tout en explorant l’idée de rêve. Le remake du jeu sur Switch s’offre un ravalement de façade total via une vue aérienne en 3D et une BO orchestrale somptueuses. L’édition limitée s’embellit d’un art book de 120 pages et d’un steelbook en forme de Game Boy.
Prix: environ 80 euros.
Capcom n’a jamais sorti de console mais nous rappelle qu’il régnait en maître dans les salles d’arcades 80’s et 90’s avec sa Capcom Home Arcade. Cette paire de sticks (de très bons Sanwa avec guide octogonal) accompagnés de huit boutons rallume seize classiques préinstallés. Des beat them all (Captain Commando, Final Fight, Strider) à de la baston (Darkstalkers: The Night Warriors, Street Fighter II: Hyper Fighting), la bécane de 74 centimètres de large envoie également ses high scores en ligne via Wi-Fi. Hadoken!
Prix: environ 200 euros.
Broforce et Hotline Miami ou plus récemment Gris, Minit et The Red Strings Club… Devolver a bouleversé l’édition du jeu vidéo et se hisse comme le label le plus captivant du gaming indé. À force d’interviews, Les Coulisses de Devolver. Business et punk attitude plonge dans l’histoire de ce fils spirituel d’United Artists au cinéma ou d’Image Comics en BD. Loin d’être irréprochable sur la forme, l’ouvrage documente avec force le bouleversement indé du jeu vidéo. Un témoignage indispensable pour en saisir les rouages.
De Baptiste Peyron et Pierre Maugein, éditions Third, 224 pages. Prix: environ 30 euros.
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