Rentrée: tsunami sur la bédé

Cinq ans après son édition en français, le phénomène Sapiens se devait, phénomène de mode oblige, d'être adapté en BD. © Yuval Noah Harari, David Vandermeulen, Daniel Casanave/Albin Michel
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Covid aidant, une mer de bons albums (dans un océan de sorties) inondera la rentrée. En nous offrant quelques perles. Zoom également sur la rentrée polars.

Black-out

Par Hugues Micol et Loo Hui Phang, Futuropolis. 200 p.

Comment survivre à Hollywood dans les années 1940 quand on est à la fois de descendance noire, chinoise et amérindienne? En devant, comme Maximus Wild, « l’homme aux mille visages », être cantonné aux rôles ethniques… Quinze ans après Le Prestige de l’uniforme, Hugues Micol au dessin et Loo Hui Phang au scénario remettent le couvert pour questionner le sort des minorités. Beau, fort et brûlant.

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Kent State

Par Derf Backderf, éd. Ça et Là, 288 p. (sortie le 10 septembre).

Le grand récit documentaire et dessiné de l’auteur américain de Mon ami Dahmer sort avec cinq mois de retard, mais n’a rien perdu de son énorme pertinence: le 4 mai 1970, dans l’Ohio, la Garde nationale ouvrait le feu contre les étudiants de l’université de Kent, tuant quatre d’entre eux. Le récit vertigineux et chirurgical de la violence dont est capable un Etat soi-disant démocratique mais contesté…

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New York Cannibals

Par François Boucq et Jérôme Charyn, Le Lombard, 152 p. (sortie le 11 septembre).

Little Tulip, vingt ans après (mais seulement six après l’album éponyme): la petite et toute mignonne Azami, rescapée de l’enfer grâce à Pavel, lui-même revenu des camps staliniens, est devenue flic, bourrée aux stéroïdes et tatouée de partout! Surtout, elle réintègre la cour des miracles que bâtissent, depuis 1986 et La Femme du magicien, l’écrivain Jerôme Charyn et le dessinateur François Boucq. Le récit noir dans ce qu’il a de plus brillant.

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Sapiens

Par Yuval Noah Harari, David Vandermeulen et Daniel Casanave, Albin Michel BD, 248 p. (sortie le 7 octobre).

Cinq ans après son édition en français, le phénomène Sapiens aux 650.000 exemplaires vendus rien qu’en France se devait, c’est la mode, de devenir une BD: l’adaptation de ce récit qui n’est rien moins que « l’histoire de l’humanité et de son évolution depuis les premiers hommes de l’âge de pierre jusqu’au XXIe siècle » a heureusement été confiée à David Vandermeulen et Daniel Casanave, duo rompu à ce double exercice de l’adaptation et de la pédagogie. Hit assuré?

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L’Arabe du futur (5/6)

Par Riad Sattouf, Allary Editions, 250 p. (sortie le 5 novembre).

Le grand récit autobiographique de l’auteur de Pascal Brutal (né en France d’un père syrien et qui a grandi, entre autres, en Libye avant de revenir en France) tient du phénomène d’édition qui a dépassé depuis longtemps le seul cercle des amateurs de BD. La simple annonce de la sortie de ce cinquième tome lui a valu 6.000 likes et 100 partages sur Facebook. C’est dire l’impact et la force de son histoire tragi-comique… de plus en plus tragique.

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L’Age d’or (2/2)

Par Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, Dupuis, 230 p. (sortie le 10 novembre).

Le premier volet de ce conte à la fois médiéval et moderne faisait partie de nos énormes coups de coeur en 2018. On ne doute pas une seconde qu’il en sera de même avec le second, tant ce récit d’aventures féministe bénéficie de l’incroyable esthétique développée pour l’occasion par son surdoué de dessinateur. Hâte!

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Polars: broyer du noir

Le noir sera assurément la couleur dominante de cette rentrée littéraire. Lui qui, d’habitude, se marie si bien avec le printemps et l’été mise cette fois, en cette année confinée, sur l’automne. Ce sont ainsi plus d’une centaine de titres classés comme « noir » qui arrivent sur les étals, dans un spectre très large, mais avec quelques constantes:

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– les frontières entre littérature noire et blanche n’ont de cesse de reculer: Nickel Boys de Colson Whitehead (Albin Michel), Betty de Tiffany McDaniel (Gallmeister) ou encore Soleil de cendres d’Astrid Monet (lire aussi notre critique) s’en jouent allègrement;

– les serials sont pour une fois peu nombreux, et de toute façon éclipsés par le retour du flic sud-africain Benny Griessel dans La Proie, de Deon Meyer (Série Noire);

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– des premiers et deuxièmes romans confirment de nouvelles voix: David Joy avec Ce lien entre nous (Sonatine), Andy Davidson avec Dans la vallée du soleil (Gallmeister), Arpad Soltesz avec Le Bal des porcs (Agullo), Jacques Moulins avec Le Réveil de la bête (Série Noire), Thomas Sans avec L’Un des tiens (Equinox) ou encore Jean-Marc Graziani avec De nos ombres (Losfeld);

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D’autres affirment leur originalité, avec, à leur tête, Dominique Maisons avec Avant les diamants (La Martinière), Colin Niel et son Entre fauves (Rouergue Noir) ou Benjamin Whitmer avec ses Dynamiteurs (Gallmeister). Mais c’est un classique qui risque d’éclipser tous les autres: on fêtera en octobre les 100 ans du premier roman d’une certaine Agatha Christie (La Mystérieuse Affaire de Styles), d’ores et déjà revenue dans l’actualité avec la réédition de Ils étaient dix, et non plus Dix Petits Nègres.

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