Critique | Cinéma

Àma Gloria: le nouveau film, à hauteur d’enfance, de Marie Amachoukeli

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Àma Gloria

Réalisateur-trice - Marie Amachouke

Casting - Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini.

Durée - 1h24

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Coréalisatrice en 2014 de Party Girl, Marie Amachoukeli fait ses débuts en solo en explorant la relation entre une fillette et sa nounou.

Caméra d’or en 2014 au festival de Cannes avec Party Girl, un film qu’elle cosignait avec Claire Burger et Samuel Theis, Marie Amachoukeli a choisi de laisser le temps au temps avant de tenter l’aventure d’un premier long métrage en solo. Voici donc près de dix ans plus tard Àma Gloria, un film inspiré des souvenirs d’enfance de la cinéaste. Tout commence dans le cabinet d’un ophtalmologue, où se rend Cléo (Louise Mauroy-Panzani), une fillette de 6 ans, accompagnée de sa nounou, Gloria (Ilça Moreno Zego), à qui l’unit depuis toujours une relation quasi fusionnelle, en l’absence de sa maman et alors que son père est accaparé par son travail.

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Bonheur presque sans nuage, jusqu’au jour où la mort de sa mère renvoie précipitamment Gloria au Cap-Vert, où elle avait laissé sa vie et sa famille pour venir travailler à Paris. Une déchirure mal vécue par l’enfant, qui obtient de pouvoir venir lui rendre visite. Lorsqu’elle débarque pour l’été dans l’île cap-verdienne de Santiago, Cléo est accueillie à bras ouverts. Mais la petite fille ne découvre pas seulement un monde inconnu, elle doit aussi apprendre à accepter le fait qu’elle ne constitue plus le centre d’intérêt d’exclusif de Gloria, qui a fort à faire avec ses deux enfants et bientôt un petit-enfant, mais aussi un projet hôtelier n’allant pas sans complications…

À hauteur d’enfance

À l’origine d’Àma Gloria, il y a un épisode de la vie de Marie Amachoukeli, lorsque Laurinda, sa nounou portugaise (à qui est d’ailleurs dédié le film), avait dû rentrer au pays. Si le film donne à la réalisatrice l’occasion de s’intéresser à la réalité des “migrantes économiques”, il lui permet aussi de tisser la relation entre ses deux protagonistes principales, qu’elle envisage à hauteur d’enfance. Pour un résultat alliant délicatesse et retenue, tout en touchant à une incontestable vérité, porté par la connivence et le naturel de ses deux interprètes non-professionnelles. Tenante d’un cinéma chevillé au réel, la cinéaste veille aussi à y insuffler de la poésie, par l’entremise notamment de séquences animées (co- réalisées avec Pierre-Emmanuel Lyet) permettant d’exprimer ce que la fillette ne peut pas formuler. Mais si Àma Gloria dispense un profond sentiment de douceur, c’est à l’abri d’un quelconque angélisme, le film embrassant aussi bien la douleur insupportable de la séparation que l’intensité volcanique des émotions contrastées de l’enfance. L’interprétation irrésistible de Louise Mauroy-Panzani, tellement épatante que l’équipe la surnommait tantôt “la petite Adjani”, tantôt “la petite Deneuve”, achève d’emporter l’adhésion: ce film est une petite perte sensible dont la vibration a le don de faire chavirer…

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