L’Eurovision, c’est dès ce soir: strass, paillettes, et (malgré tout) politique

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

C’est ce mardi qu’a lieu la première demi-finale de l’Eurovision. Présentation de ce qui reste – avec les chiffres de streaming de Taylor Swift – l’un des mystères les plus insondables de la pop culture actuelle.


Allez, pour une fois, rien que pour une fois, tenons à distance la grande déprime mondiale. Et évadons-nous. Pensons strass, pensons paillettes! Pensons… Eurovision! Cinquante ans après le triomphe d’Abba (Waterloo!), le roi des télécrochets se déroulera cette année à Malmö, Suède, du 7 au 11 mai. Le menu, à savourer bien calé dans le fond de son divan, est connu. Du grrrrrand spectacle, du suspense, de l’émotion, pas mal de n’importe quoi. Et, aussi, des noms confirmés (Mustii pour la Belgique, en piste ce jeudi, Slimane 
pour la France, Olly Alexander pour le Royaume-Uni).

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Certes, la grande célébration annuelle n’a pas su rester tout à fait à l’abri du chaos planétaire. Voir par exemple le boycott lancé contre la participation d’Israël. Mais soit. On avait dit pas de politique. Restons donc concentré sur ce qui reste -avec le vol 370 de la Malaysia Airlines, la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès et les chiffres de 
streaming de Taylor Swift- l’un des mystères 
les plus insondables de l’époque: le succès, jamais démenti, de l’Eurovision.

On lance quand même une théorie? Dans un monde (voix de bande-annonce) où tous les repères semblent vaciller, l’Eurovision serait à la fois l’une des dernières occasions de retrouver du connu et du commun. Mais aussi l’endroit de toutes les extravagances. Surtout, dans une planète musicale qui a fini par se mettre en orbite numérique, 
l’Eurovision a réussi à toucher les millennials et autre Gen Z. En s’alignant sur le zeitgeist pop du moment – entre pose conquérante, affirmation de soi et ode à la différence. Mais aussi en nourrissant les réseaux. Ce sont les rockeurs italiens de Måneskin qui participent à un tuto maquillage sur YouTube. Ou Loreen, gagnante de l’édition 2023 (et 2012), qui voit le succès de son Tattoo dopé par TikTok.

Eurovision sans frontières

Cette année, notre chouchou se nomme Joost Klein. Le youtuber néerlandais à moustache, reconverti dans le meme rap -il était l’an dernier sur la scène du Pukkelpop. 
De loin, sa chanson Europapa ressemble à une grosse blague eurodance, célébrant l’Europe de Schengen. Joost Klein, chapeau de cow-boy sur la tête (les États-Unis… d’Europe?), fait rimer Paris et fantasie, Wenen (Vienne) et benen. Et enchaîne phrases en allemand et en italien.

Sous la couche lol, le kitsch mora, et la citation du Papaoutai de Stromae, on apprend cependant que le morceau a des échos plus personnels. Celui que De Standaard a surnommé « le Mowgli d’Internet » a perdu son père (d’un cancer) et sa mère (d’une crise cardiaque) dans la même année alors qu’il était âgé d’à peine 12 ans.

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À l’histoire intime vient en outre s’ajouter ce qui ressemble fort à un commentaire plus désenchanté sur l’Union. Dans l’outro d’Europapa, alors que tout brûle autour de lui, Klein glisse: « Mon père m’a dit un jour que c’était un monde sans frontières. » Comme une pique lancée à une Europe qui ne cesse justement de vouloir les cadenasser? Poussons même le bouchon un peu plus loin. À l’eurodance nineties -décennie d’une Europe triomphante, enfin réunie après la chute du Mur- succède un passage gabber. Un style dance à haut BPM, typiquement hollandais. Mais aussi souvent associé à l’extrême droite. « Welkom in Europa! », semble ironiser Klein. On avait dit pas de politique?

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