Final Cut de Myriam Saduis, double lauréat des Prix Maeterlinck de la Critique

Myriam Saduis © jmmdphotography.be
Nicolas Naizy Journaliste

Ce lundi soir, les arts de la scène étaient à la fête. Les Prix Maeterlinck de la Critique ont mis en lumière les meilleures créations de la saison en théâtre, danse et cirque. Une cérémonie teintée de politique, de féminisme et de jeunesse.

Carton plein pour Final Cut, spectacle autobiographique de Myriam Saduis, puisque son introspection intime et historique a décroché deux prix, l’un pour l’interprétation de Myriam Saduis, elle-même comédienne, l’autre comme meilleur spectacle de la saison. Particulièrement émue, la metteuse en scène est revenue dans ses remerciements sur l’histoire de ses parents « maltraités parce qu’ils étaient tombés amoureux« . Final Cut reconstitue en effet la découverte par l’artiste de l’effacement de la mémoire familiale de l’image de son père tunisien, que sa mère italienne avait rencontré alors qu’elle vivait à Bizerte. Les remous de la décolonisation et les préjugés racistes de l’époque ont fait en sorte de briser leur relation et de séparer la jeune Myriam de son paternel. En résulte un puissant témoignage raconté avec intelligence et poésie, qui tournera prochainement (les 9 et 10 octobre 2019 au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, le 18 février 2020 à Bozar, les 17 et 18 mars 2020 à Tournai et le 27 mars 2020 à Beauvechain).

Héloïse Jadoul
Héloïse Jadoul© jmmdphotography.be

Une carrière récompensée, des convictions affirmées

Le jury des Prix, composé d’une douzaine de journalistes spécialisés, a mis à l’honneur d’autres femmes artistes lors de cette soirée qui réunissaient, au Théâtre National à Bruxelles, plus de 500 professionnels du secteur des arts vivants et spectateurs passionnés. À commencer par Isabelle Pousseur, metteuse en scène et directrice-fondatrice du Théâtre Océan Nord à Schaerbeek, honorée du Prix Bernadette Abraté récompensant une carrière d’apport majeur aux arts du spectacle. Il y a un an, Isabelle Pousseur présentait dans son théâtre le primé Final Cut mais aussi Legs « suite » d’Edoxi Gnoula, lauréat du meilleur seul en scène.

Partage de Midi a décroché la statuette de la découverte (en plus de l’espoir féminin pour Sarah Grin). La jeune Héloïse Jadoul a défendu son choix de monter un texte « dit classique », sa mise en scène de la pièce de Paul Claudel que l’on a pu découvrir au Théâtre de la Vie la saison dernière en est certainement une preuve. Elle n’en démord pas puisqu’elle projette la création d’Intérieur de… Maurice Maeterlinck.

LUCA
LUCA© jmmdphotography.be

Présente dans la salle alors qu’elle est entrée en fonction voici seulement quelques jours, la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Ecolo Bénédicte Linard, fut la destinataire de la plupart des discours des lauréats -acteurs, metteurs en scène, scénographes et techniciens- qui n’ont pas manqué de répéter la délicate situation sociale du secteur artistique, son manque de parité hommes-femmes et de visibilité des minorités et les conditions fragiles de la création artistique. Des revendications qui ne se sont pas limitées à la seule politique culturelle mais qui ont également ciblés la politique migratoire de la Belgique. Sur scène, Marie Aurore d’Awans, comédienne et l’une des chevilles ouvrières de la plateforme de solidarité Deux euros cinquante, a rappelé la persévérance des bénévoles et la nécessité de leur action, à l’instar d’Hervé Guerrisi, Grégory Carnoli et Quantin Meert, récompensés pour la mise en scène de L.U.C.A. – Last Universal Common Ancestor, le parallèle avec leur spectacle-enquête sur leurs propres origines étant tout trouvé.

La cérémonie présentée par Cécile Djunga est disponible sur la plateforme Auvio de la RTBF.

Le palmarès complet de la cérémonie

Spectacle: Final Cut, de Myriam Saduis.

Mise en scène: L.U.C.A. – Last Universal Common Ancestor, d’Hervé Guerrisi, Grégory Carnoli et Quantin Meert.

Spectacle de danse: The Great He-Goat, de Nicole Mossoux, en collaboration avec Patrick Bonté.

Spectacle de cirque: La Vrille du chat, de la compagnie Back Pocket.

Comédie/Meilleur spectacle d’humour: Desperado, des collectifs Tristero et Enervé.

Spectacle jeune public: #VU, de Mattias De Paep et Andreas Christou (Cie Les Arts nomades)

Seul en scène: LEGS « suite », de et avec Edoxi Gnoula.

Découverte: Partage de Midi, mise en scène d’Héloïse Jadoul.

Interprétation féminine: Myriam Saduis, dans Final Cut.

Interprétation masculine: Hervé Piron, dans Desperado et dans Crâne, d’Antoine Laubin.

Espoir féminin: Sarah Grin, dans Partage de Midi.

Espoir masculin: Pierre Gervais, dans Ce qui arrive, de Coline Struyf.

Autrice: Angèle Baux-Godard, pour L’Empreinte du vertige. Mise en scène de Clément Goethals.

Scénographie: Ce qui arrive, de Coline Struyf. Scénographie d’Arié Van Egmond.

Réalisation artistique et technique: Sylvia, de Fabrice Murgia

Prix Bernadette Abraté: Isabelle Pousseur, metteuse en scène et directrice-fondatrice du Théâtre Océan Nord.

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