Trois femmes, trois spectacles

J'appartiens au vent qui souffle © M&T BOERMANS
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Le Théâtre Océan Nord, à Schaerbeek, ouvre -tardivement- sa saison avec un festival. Mouvements d’identité s’articule autour de trois spectacles indépendants mais qui résonnent entre eux par le fait que chacun découle du parcours d’une femme, entre l’Afrique et l’Europe.

Écrit par Jean-Marie Piemme sur base de son témoignage, J’appartiens au vent qui souffle s’attache au destin de la comédienne d’origine nigérienne Aminata Abdoulaye Hama, vue dans la version burkinabé du Songe d’une nuit d’été mise en scène au National par Isabelle Pousseur en 2012. Entre le Niger, où elle est née dans une famille musulmane et polygame, et la Belgique, où elle a étudié à l’Insas, les attentes par rapport à la femme diffèrent au point parfois d’écarteler, de créer deux Aminata, l’une « toute noire avec les pieds enfoncés dans la terre d’Afrique« , l’autre « toute noire avec les pieds enfoncés dans la terre blanche« .

Final Cut
Final Cut© Marie-Franc?oise Plissart

C’est de la recherche d’un père invisible qu’est né Final Cut. Un père disparu du tableau alors que Myriam Saduis avait trois ans. Un Tunisien, chassé par la famille maternelle et même expulsé de France, volatilisé jusque dans son nom même lorsque le patronyme de sa fille se transforme, par la volonté de la mère, de Saâdaoui en Saduis. C’est sa propre quête de cette figure paternelle fantôme que la comédienne a couchée sur le papier, avant de l’endosser elle-même sur scène, en duo avec Pierre Verplancken.

LEGS
LEGS « suite »© MARGOT BRIAND

Quant à la Burkinabé Edoxi Gnoula, elle aussi du Songe d’une nuit d’été, mais aussi plus récemment de Last Exit to Brooklyn, toujours mis en scène par Isabelle Pousseur, elle entend  » faire de ma rage personnelle un cri universel » dans Legs, mis en scène par Philippe Laurent. La rage d’une enfant abandonnée par son père, qui ne l’a jamais reconnue, élevée par sa mère, qui lui évita de justesse l’excision. La colère contre  » ce bordel d’irresponsabilité« , que celle-ci fasse des ravages au niveau de la cellule familiale ou de tout un pays.

Un trio fort, accompagné par des lectures, des rencontres et débats, des concerts, une exposition (Oser être soi) et la projection du documentaire Mariannes noires, croisant les trajectoires de sept Françaises d’origine africaine.

Mouvements d’identité: du 16/11 au 09/12 au Théâtre Océan Nord à Schaerbeek, www.oceannord.org

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