Trois bons films et un nanar: notre sélection ciné de la semaine

La majeure partie de The Quiet Girl a été tournée dans le comté de Meath, au nord-ouest de Dublin, région dont est originaire la productrice du film et épouse du réalisateur, Cleona Ní Chrualaoí. © National
FocusVif.be Rédaction en ligne

De l’Ukraine en guerre à l’Irlande profonde, du coeur d’une réserve amérindienne à l’intérieur de la tête d’un loser qui a les traits de Joaquin Phoenix: nos sorties ciné de la semaine.

The Quiet Girl: un désarmant crève-cœur

Situé dans l’Irlande rurale du début des années 80, le premier long métrage de Colm Bairéad fait le portrait intime et sensible d’une fillette de 9 ans issue d’un milieu défavorisé qui découvre ce qu’est la chaleur d’un foyer le temps d’un bref séjour chez des parents éloignés. Rivé à son point de vue et son expérience de l’existence, le cinéaste traque la beauté et la profondeur tapies derrière l’apparente banalité des petites choses de la vie. Tout en délicate retenue, le film libère dans son final une bouleversante émotion.

Klondike: un film dur et âpre d’une paradoxale beauté

Klondike s’ouvre dans la pénombre d’un petit matin, alors qu’un obus tiré “par erreur” vient d’éventrer la maison d’un couple de fermiers ukrainiens vivant non loin de la frontière russe. Nous sommes le 17 juillet 2014, dans les premiers mois de la guerre du Donbass alors que, insensiblement, le conflit s’est importé dans leur village où s’opposent loyalistes et séparatistes pro-Russes. Des tensions qui n’épargnent d’ailleurs pas ce couple, Irka et Tolik: elle, pro-Ukrainienne et enceinte jusqu’aux yeux, refusant de quitter sa maison dont le séjour n’est plus qu’un trou béant ouvrant sur la campagne voisine; lui, souhaitant éloigner sa femme, et prêt pour ce faire à composer avec les milices qui patrouillent dans les environs. Circonstances d’une extrême confusion auxquelles vient s’ajouter le crash du vol 17 de Malaysia Airlines assurant la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur, abattu non loin de là alors qu’il survolait des territoires contrôlés par les séparatistes -“Il faudrait qu’ils boivent moins et visent mieux”, observera Irka laconiquement, tandis que leur situation ne cesse objectivement de se détériorer…

War Pony: au cœur de la réalité cabossée d’une réserve amérindienne

On pense à la beauté lumineuse et aride des premiers films de Chloé Zhao (Les chansons que mes frères m’ont apprises, The Rider) mais aussi au vertigineux American Honey d’Andrea Arnold face à ce drame choral situant son action dans une réserve amérindienne du Dakota du Sud. Résultat de sept ans de travail, cette plongée immersive dans l’Amérique des laissés-pour-compte ose et réussit tout, son caractère naturaliste ouvrant sur une dimension fantasmatique qui autorise de formidables envolées de pur cinéma. Superbement mis en scène, pas misérabiliste pour un sou, War Pony rayonne de toute l’authenticité de sa démarche.

Beau Is Afraid: nanar boursouflé

Habile faiseur d’horreur sous influence, Ari Aster était retourné voir du côté de Rosemary’s Baby et The Exorcist au moment de réaliser le très atmosphérique Hereditary, objet d’une hype largement excessive en 2018. L’année suivante, il s’était d’évidence souvenu du cultissime The Wicker Man au moment de signer Midsommar, semi-réussite évoluant entre sympathique comédie grinçante et malaise un peu trop balisé. Il a cette fois carrément partagé une liste de treize films à voir avant de découvrir Beau Is Afraid dans les salles. Celle-ci navigue des Oiseaux d’Hitchcock au Playtime de Jacques Tati en passant par Johnny Guitare de Nicholas Ray, Une question de vie ou de mort du tandem Powell et Pressburger, Rendez-vous au paradis d’Albert Brooks ou encore une paire d’ovnis du surréaliste canadien Guy Maddin.

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