Avignon : Coups de cœur au Pont

© Christophe Raynaud de Lage

Le festival d’Avignon, version « In » -soit la programmation officielle- se terminait ce 26 juillet. Pour le Off, le clap de fin, c’est, pour les derniers théâtres, ce 30 juillet. Retour sur une édition marquée par l’engagement et la passion (et la canicule) en quelques coups de cœur belges (liste non exhaustive) à revoir chez nous.

One Song, de Miet Warlop

Pour nous, le festival avait commencé par le spectacle performatif de Miet Warlop, One Song (lire la critique ici). Un spectacle qu’on assume avoir adoré, mais que certain aimeront passionnément détester. Un spectacle qui poussait le corps des comédiens -danseurs et musiciens- jusqu’à la folie, jusqu’à l’épuisement ultime, et avec lui, le corps et l’esprit du spectateur. Un spectacle intense, qui interroge les limites de l’art, les limites de la passion, les limites de l’engagement, les limites de la vie. 

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

A revoir chez nous à partir du 01 octobre 2022 (Gand), autres dates et infos ici.

Flesh, de la compagnie Still Life

Flesh, de la Compagnie Still Life, donné dans le In également, nous a définitivement (re)conquise, ainsi que toute l’assemblée du Gymnase du Lycée Mistral d’Avignon (lire la critique d’Estelle Spoto parue dans nos pages à sa création ici. Spectacle sans parole, nourri d’émotions, de corps et de cœur, il présente quatre tableaux qui disent nos solitudes et nos combats quotidiens, chambre d’hôpital aux priorités différées, opérations esthétiques tragico-comiques, jeu de réalité virtuelle un peu trop personnel et émotionnel, enterrement larmoyant et sanglant.

FLESH scenario Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, Thomas Van Zuylen, conception et mise en scene Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, mise en espace et en mouvement Sophie Leso avec Muriel Legrand, Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, Jonas Wertz scenographie Aurelie Deloche assistee de Rudi Bovy, Sophie Hazebrouck accessoires Noemie Vanheste costumes Camille Collin lumiere © Christophe Raynaud de Lage

Reprise au Festival de Liège les 13 et 14  février 2023 et aux Tanneurs du 18 au 23 avril 2023, toutes les infos ici.

Lilith(s), de Lylybeth Merle

Lilith(s), de Lylybeth Merle nous avait touchée, là, haut perchée et bien à l’abri de la Garden Party des Doms (lire notre critique ici)  Spectacle en cours de création, il ne manquera pas de séduire un public varié, chacun pouvant puiser un bout de vie, un bout de soi, un bout de vrai, un bout de chemin dans ce récit très personnel d’une transition d’identité comme un retour vers soi et vers ce qui nous fait, d’abord et avant tout. 

© Barbra Buchmann

Reprise le 15 mars 2023 au festival GUERRIERES!, à MARS Mons Arts de la Scène, infos sur le spectacle ici.

Second Souffle, de Morgane Raoux

Dans Second Souffle, Morgane Raoux raconte son histoire. La pièce est tirée de son roman « Je ne souffle pas, je chante ». C’est l’histoire d’une petite fille des HLM, qui découvre la clarinette comme on découvre la liberté. Qui s’en fait son ami de toujours. Qui s’en fait son compagnon d’infortunes et de douleurs passagères, pour se construire une vie à la hauteur de sa sensibilité, de son humanité, de son immense talent. Sur scène, l’artiste elle-même est accompagnée du très pluriel Nicolas Wanczycki. Un carré noir au sol, quelques chaises, grandes et petite. Un foulard. Deux personnes. Et une clarinettes. Un spectacle sur le souffle, de joie, de résilience, de simplicité. 

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Du 30 mars au 02 avril 2023 à Bruxelles, toutes les informations ici

Forces, de Leslie Mannes

Forces telluriques, forces magnétiques, forces féminines, forces hypnotiques. Forces, de Leslie Mannes, c’est un peu tout ça. La danseuse et chorégraphe s’était dans cette création de 2019, reprise à Avignon aux Hivernales, de nouveau associée de Thomas Turine et Vincent Lemaître aux sons et lumières. Sur scène, trois femmes puissantes, énergisantes et forcément dansantes, amplifiée par un jeu de lumière, réel quatrième personnage de la pièce. La musique live, puissante elle aussi, sublime cette chanson cathartique, vivante, terrienne et hypnotique. Leslie Mannes sera en création au printemps prochain à MARS (Mons Arts de la Scène) avec la version 2022 des Rituels du désordre, soit une danse inspirée des bacchanales et rites carnavalesques qui invitera le public à danser aussi. Une expérience collective et immersive dans l’univers explosif, pulsionnel et puissant de l’artiste.

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Toutes les infos sur les  dates des spectacles de Leslie Mannes, en ce compris les ateliers pour Rituels du désordre, ici.

ICE, de Bahar Temiz

Côté danse dense, ICE de Bahar Temiz est captivant de force, lui aussi. Présenté en petite forme dans la Garden Party des Doms, il est un solo pour femme et cordes qui décrit par le corps et la performance inénarrable d’autres performances tout aussi inénarrables, celles des voyageurs de l’extrême, tels ces découvreurs du début du XXème siècle qui n’hésitaient pas à retourner plusieurs fois sur des lieux où ils avaient failli mourir pour en revenir transformés pour toujours. Sur scène, Bahar Temiz est seule. En combinaison blanche translucide, elle dispose ses cordes, avec lesquelles elle dansera, se couvrira, ira au bout d’elle-même. En voix off, des récits de voyageurs. ICE, irradiant de transformation et de puissance, est à découvrir en forme longue dans boîte noire cet automne à Bruxelles.

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Les 5 et 6 octobre au KVS, toutes les infos ici.

Koulonisation, de Salim Djaferi

Koulounisation, de Salim Djaferi, c’est un coup de poing en douceur, recherche documentaire, documentée et sémantique sur l’origine du mot colonisation. . Comment  on dit colonisation en arabe? Vaste sujet, qui englobe toute l’essence du terme en lui même. Sur scène, un homme, des planches de polystyrène, du jus de betterave et beaucoup, beaucoup de pédagogie et d’humour et de calme. Pour provoquer questionnement et bouillonnement chez le spectateur, invariablement. Nécessairement.

© Thomas Jean Henri

Au Rideau de Bruxelles du 29 novembre au 09 décembre, toutes les autres dates belges  ici

MAIS AUSSI

Présenté à la Fabrica du In après un passage au Kunstenfestival chez nous, T.U.M.U.L.U.S. de François Chaignaud et  Geoffroy Jourdain est un OVNI dont on voudrait qu’il en existe davantage. Un spectacle qui mêle danse, chant et lumière. Un tumulus immense occupe la scène. Les chanteurs comédiens se l’approprient, soleil couchant, rasant, irradiant, lumière essentielle qui sublime les voix à l’unisson de corps en expression. Long et lent, explosif à certain moment, ce tumulus est un mausolée entre terre et ciel, mais surtout une réunion entre corps et voix dont on ne sort pas indemne.

Le 17 décembre au Concertgebouw de Bruges, infos ici. 

Nous n’en avons rien vu encore, simplement nous avons rencontré son auteur et comédien dans son théâtre, le 11, à Avignon. Fida Mohissen présentera cet automne à Bruxelles Shahada, soit son histoire, celle d’un Syrien, passé par le Liban, arrivé à 23 ans à Paris. L’histoire d’un homme qui porte en lui plusieurs peuples, vies, croyances. Dans Shahada, Fida raconte son parcours, la façon dont il s’est forgé homme, de théâtre, de vie et d’identité. Dans Shahada, qui signifie « être présent, être témoin, attester », Fida fait se rencontre celui qu’il était hier et celui qu’il est devenu aujourd’hui. Il raconte « comment se libérer soi, comment il a compris que le corps n’est pas seulement le véhicule de l’âme mais qu’il est là pour vivre ». Il nous promet un spectacle sans faux-semblant, où il endosse le rôle engagé et entier de l’artiste, là pour témoigner. Nous y reviendrons dans nos pages. 

Shahada, du 13 septembre au 1er octobre, Théâtre de Poche, infos ici

Les galets au Tilleul sont plus petits qu’au Havre (ce qui rend la baignade bien plus agréable). Il parait que c’est pas vrai. En tout cas pas pour tout le monde. Le spectacle, de la compagnie pjpp (l’union de Nicolas Chaigneau, Claire Laureau, rencontrés comme danseurs, qui pratiquent un théâtre de l’absurde et du corps) n’est pas belge. Mais il est fort. De non-dits et de simplicité. Ici encore, c’est plateau nu et chaises. Et quatre personnages, qui racontent des situations et, surtout, conversations de tous les jours. Ces incompréhensions coutumières. Ces réunions d’amis compliquées dans le sous-texte. Ces dîners où une personne est forcément la victime. Ces rencontres superficielles. Ces amitiés véritables. Bref, la vie dans ce qu’elle a de moins dit mais de plus parlant. On espère très fort que ce spectacle sur le fil sera chez nous bientôt. 

Toutes les infos ici.

« La Bombe Humaine, tu la tiens dans ta main, tu as le détonateur… » On a tous bien le refrain en tête. On le sait tous, d’ailleurs, qu’on l’a bien en main, cette Bombe Humaine. Le spectacle, du même nom, c’est l’exploration de cette certitude nourrie d’incohérence. en terme scientifique, l’exploration scénique de l’anthropocène.. Oui, on fait des enfants sans savoir dans quel monde ils vont grandir (ou peut-être en le sachant trop bien). Oui on continue à boire l’eau dans des bouteilles en plastique en sachant qu’elles finiront au fond des océans. Oui parfois on préfère éviter de penser. Oui, oui, oui. Contradictions, génération, jubilation, humour noir, dépression, réflexion. Voici résumée cette Bombe Humaine, à dégoupiller d’urgence. 

Dates de tournée à venir, toutes les infos sur le spectacle ici.

Raconter l’émancipation d’une fillette espiègle, l’exquise Loïse, prise au piège des conventions bourgeoises, avec humour, trois rétroprojecteurs, deux comédiennes-manipulatrices et un musicien? C’est la méthode du docteur Spongiak, de la compagnie Moquette. 

A faire voir à tous les enfants, petits et grands. 

Toutes les infos, ici.

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