Lady G – à travers le destin de Lady Georgiana, duchesse de Devonshire et ancêtre, à moult égards, de Lady Di, un regard tranchant sur un univers d’apparences…

De Saul Dibb. Avec Keira Knigthley, Ralph Fiennes, Hayley Atwell. 1 h 50. Sortie: 7/01.Tout commence par d’innocents jeux de jardin, ceux rassemblant quelques jeunes gens et jeunes filles de la haute société britannique de cette fin du 18e siècle. Parmi eux, Lady Georgiana Spencer (Keira Knightley) rayonne de la fraîcheur de ses 17 ans, encore que son destin soit en passe de basculer, sa mère (Charlotte Rampling) ayant conclu son union avec le duc de Devonshire (Ralph Fiennes). Mariage de raison que celui-là, bien que le duc s’en défende mollement, où la promesse d’un héritier se monnaye contre espèces sonnantes et trébuchantes, assorties d’un surcroît de prestige. Et tant pis si la jeune fille espérait voir un peu d’amour se glisser dans la balance.

D’héritier, il n’en vient point, et bien vite, lady Georgiana doit déchanter, méprisée par un conjoint plus occupé à lutiner les bonnes ou à s’occuper de ses chiens qu’à lui témoigner un quelconque intérêt, ainsi qu’à leurs filles d’ailleurs. Et allant, bientôt, jusqu’à installer dans leur demeure sa maîtresse (Hayley Atwell) et ses marmots. Humiliations successives auxquelles Georgiana oppose une vie mondaine bien remplie, son élégance et ses extravagances faisant d’elle une star adulée, en même temps qu’elle se livre à un activisme politique diversement apprécié…

L’omniprésente Keira

Genre particulièrement prisé du cinéma britannique, le drame historique en costumes a incontestablement retrouvé des couleurs avec les succès de Pride and Prejudice et autre Atonement, en même temps qu’il se découvrait une nouvelle héroïne classique et charismatique en la personne de Keira Knightley. D’ Edge of Love à Brideshead Revisited, la jeune femme n’en finit plus de se multiplier, et trouve ici un emploi à sa belle mesure. Inspiré de la biographie d’Amanda Foreman Georgiana, duchesse de Devonshire, The Duchess s’inscrit au croisement d’un classicisme revendiqué – la mise en scène de Saul Dibb est aussi élégante que sans surprise – et d’une certaine modernité. Celle, bien sûr, d’une héroïne peu commune – on l’a même comparée à Marilyn Monroe -, qui osera braver les règles de son temps et de son rang; liberté dont elle aura, toutefois, tôt fait d’éprouver les limites.

Voilà, bien sûr, qui n’est pas sans évoquer aussi Lady Di, avec qui Georgiana ne présente pas seulement un lien de parenté, mais aussi de nombreux parallèles. Au-delà d’un scintillant portrait de femme, on verra dans The Duchess une séduisante réflexion sur les rapports de force et les conventions régissant cet univers d’apparences. Un propos passionnant, qui permet au film de sortir de figures trop convenues, quoique magistralement assumées par un formidable ensemble d’acteurs. Le raffinement, tantôt mielleux, tantôt menaçant, d’un Ralph Fiennes est à cet égard un pur régal contre lequel même le charme de Miss Knightley ne peut rien…

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Jean-François Pluijgers