OOOtoko, le groupe à 5 « o » et… 19 musiciens

© Romain Garcin
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

À l’heure où la musique se conçoit toujours plus en solitaire, Damien Chierici lance Oootoko. Un groupe instrumental, entre B.O., rock, folk, et world, constitué de pas moins de… 19 musiciens.

Damien Chierici est un homme occupé. Violoniste au sein du groupe folk-rock Dan San, il est aussi la moitié du duo électro-acoustique Kowari (avec Louan Kempenaers) et de Duplex (avec l’accordéoniste Didier Laloy), tout en étant impliqué au sein du groupe de musiques celtiques Yule, et galiciennes, 100 Voltas. Ce n’est pas tout. Entre deux répèt, il a encore pris le temps de lancer une nouvelle marotte.

Oootoko est un projet un peu fou. Et à vrai dire, plutôt anachronique. À l’heure où il est devenu banal de composer des albums tout seul, seulement équipé d’un bon ordinateur, Oootoko est un groupe taille XXL. Un collectif composé de pas moins de… 19 musiciens. Avec batterie, guitare, basse, trompette, accordéon, violoncelle, flûte, piano, trombone, etc. « Un gros paquebot. Une fois qu’il est lancé, tout se passe bien. Mais c’est sûr qu’il faut anticiper pour le manœuvrer correctement », s’amuse Damien Chierici.

Oootoko, le colosse

Si le musicien liégeois a osé se lancer dans une telle aventure, c’est qu’au départ, Oootoko n’était destiné à être qu’un one shot. Tout part d’une invitation du 
Festival d’Art de Huy, en 2022. « Le festival m’a proposé une carte blanche. J’en ai profité pour inviter un maximum d’amis musiciens. » Ils se retrouvent alors déjà à une quinzaine sur scène. « J’avais envie de mêler mes différents univers musicaux. Je me souviens que j’avais été marqué par la Colonie de Vacances, que j’avais vu au FME (Festival de Musique Émergente) au Québec. C’est un projet qui rassemble quatre groupes différents, qui jouent ensemble, mais disposés dans chaque coin de l’espace. J’avais envie de faire un peu la même chose, mais en triangle avec une pointe pour le côté rock, une autre pour la world, et un 
dernière pour la folk. Finalement, c’était trop compliqué à mettre en place. Mais j’ai gardé l’idée de rassembler plusieurs genres dans un même ensemble. »

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À la fin de la représentation hutoise, tout le monde se tape dans la main. « Il s’est passé un truc assez magique. On s’est tous dit que si l’occasion se représentait, c’était à refaire. » Sans cependant trop y croire. C’est Fabrice Lamproye, agitateur musical liégeois à l’origine du Reflektor, ou des Ardentes, qui va proposer de transformer l’essai. « Il était venu au concert et avait adoré. Et comme il venait justement de lancer son label Flak, il m’a demandé si on était intéressés d’enregistrer un album. »

À l’époque, le collectif s’appelle alors encore Parallax.« Mais le nom était déjà pris. Et puis, on m’a fait remarquer que ça sonnait un peu comme un nom de médicament ! » (rires). C’est Thomas Médard, le leader de Dan San, qui trouve le nouveau blaze. « Thomas collectionne les idées de noms de groupe qu’il range dans un fichier. Il a ressorti Oootoko, qui veut dire « colosse » en japonais. Ce qui correspondait en effet assez bien… »

Jeu collectif

Musicalement, on l’a compris, l’ambition est de « décloisonner ». Avec une musique, qui part d’une « pop de chambre » pour papillonner entre jazz et musique de film, world et folk. « C’est aussi une rencontre entre des générations différentes. Par exemple entre Elena Lacroix, à peine 22 ans, et Liam O’Maonlai, 60 ans cette année ». La première est la chanteuse-­leader du groupe shoegaze Eosine. Le second a fondé Hothouse Flowers, formation folk-rock irlandais emblématique des années 80-90. « Avant ça, Liam avait déjà formé The Complex avec Kevin Shields, qui deviendra plus tard… My Bloody Valentine. ». Soit LE groupe culte du courant shoegaze. « Quand 
Elena se retrouve à chanter aux côtés de Liam, c’est forcément particulier! »

D’un projet éphémère à but récréatif, Oootoko est ainsi devenu un véritable collectif, avec un album. « Avec l’espoir de le développer, y compris de l’autre côté de la frontière linguistique, puisqu’on reste essentiellement instrumental. Mais en sachant bien que, à moins de se retrouver repris dans une musique de film, on ne gagnera jamais beaucoup d’argent avec le disque. » Ni avec des tournées qui sont devenues de plus en plus chères à organiser, a fortiori pour un groupe de 20 personnes. « On doit être un peu maso (rires). Mais il faut croire que certains organisateurs le sont autant que nous. Là, on va jouer au Botanique, et cet été, le Bucolique Festival voulait aussi nous avoir. Une date est également prévue en France. Liam a déjà pris son ticket d’avion, et je pense louer un car pour déplacer tous les autres. » Le colosse est en marche… ●

Oootoko, Oootoko, distribué par Flak. 
En concert le 16/05, au Botanique.

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