Critique | Musique

A l’AB, La Fève a mis la fièvre

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Concert - La Fève

Date - 08/05/2024

Salle - Ancienne Belgique

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avant son passage aux Ardentes en juillet prochain, La Fève était de passage à Bruxelles mercredi soir, dans une AB sold out. L’occasion de démontrer toute l’étendue de sa palette, rappeur multi-terrains naturellement surdoué.

La Fève a une tronche de héros. Oué, ma gueule. Pas forcément celle du grand costaud en cape. Plutôt celle du petit malin, rusé, façon Shaft ou Axel Foley. Coupe afro fournie, lunettes noires pointues sur petite moustache de hustler, et chaîne en or : il est l’élu, celui qui va rétablir la transmission entre le rap FR underground et les grosses cylindrées mainstream, l’ancien et le nouveau Testament, Alpha Wann et Tiakola. Après son concert à l’Ancienne Belgique, mercredi soir, c’était évident.

Avec ses premiers projets – Kolaf en 2020, ERRR en 2021 -, La Fève avait vite fait de s’installer dans le peloton de tête de la fameuse new wave du rap hexagonal. Avec son 2e album, 24, paru en début d’année, il a toutefois prouvé qu’il pouvait voir encore plus large. Assez malin que pour jongler avec les esthétiques et les fusionner. Comme sur son dernier disque, le rappeur originaire de Fontenay-sous-Bois démarre ainsi son set avec Zay Intro et 7W. Seul au micro, planté en bord de scène. Simplicité old school, sur basses et cuivres synthétiques trap.

Après 10 minutes, le rideau s’ouvre et donne à voir une skyline, façon Miami Vice. Mais le néon indique bien Wagic City, référence au fameux strip-club d’Atlanta, berceau de la trap. La Fève y a enregistré une bonne partie de 24. L’occasion de remettre en avant un son qui, depuis les pichenettes de la drill et de l’afro, est devenu presque vintage. N’empêche : la formule fonctionne toujours. Il faut voir par exemple l’effet que provoque la version terrassante de Navré. Rebondissant sur des  basses bombastic, les cuivres hésitent entre la marche triomphale et les trompettes de l’Apocalypse.

La Fève tout-terrain

Sur scène, les immeubles clinquants du centre ville ont laissé place à une traphouse abandonnée. Un décor qui, à nouveau, combine les références : à la fois celle aux ambiances droguées de la trap sudiste, mais aussi aux mises en scènes cartoonesques que l’on pouvait voir dans les concerts rap des années 90. Dans le public, en tout cas, on ne perd pas une occasion de bouncer, fort. A fortiori, quand La Fève finit par sortir ses plus grosses munitions. Comme Zaza ou Mauvais payeur évidemment, 113 BPM à peine, mais bon pour retourner l’AB. Le titre est d’ailleurs enchaîné trois fois de suite – pendant la première, La Fève a à peine rappé plus de trois mots, backant ses propres rimes reprises par la fosse.

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Au bout d’une heure et demi, La Fève boucle ainsi un concert bien construit et quasi sans temps mort. Pas forcément le show du siècle – ce son parfois approximatif. Mais à défaut de provoquer une épiphanie (…), La Fève a démontré l’étendue assez épatante de sa palette. Le genre de rappeur roublard qui, l’air de rien, réussit à synthétiser en une heure et demie quasi trois décennies de rap, voire plus, mélangeant feeling soul (la version luxuriante de 24),  esthétique eighties, rimes nineties, trap des années 2000, tout en faisant bouger les kids de 2024. Fort.

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