20.20 LA UNE

Myriam Leroy

Ils n’avaient jamais vu de femme blanche. Elle n’avait pas la moindre idée de la localisation de la Papouasie occidentale. Leur rencontre était plus qu’improbable: Frédéric Lopez l’a imaginée et organisée. Zazie et les Korowaï ont vécu une poignée de jours côte à côte dans la jungle indonésienne. La chanteuse a beau être baroudeuse: elle en a bavé, sur place. Parce que rien n’y correspondait à ses repères: les Korowaï, qui se qualifient eux-mêmes de « dieux du jardin », sont d’anciens cannibales (le gouvernement indonésien leur a interdit récemment l’anthropophagie) qui vivent nus, dorment quand ça leur chante, mangent quand ils ont faim… Un monde séparait les héros de ce documentaire qui, sur papier, avait une vague filiation avec des programmes de télépoubelle de type Ferme Célébrités. Mais qui en réalité s’avère être un petit bijou d’humanisme, d’évasion et d’émotion. « J’ai grandi en regardant beaucoup de documentaires », nous racontait l’inventeur et visage récurrent du concept, Frédéric Lopez, lors de la présentation du film à Bruxelles. « Le seul reproche que je leur fais, c’est que je n’aime pas les commentaires « objectifs », bourrés de généralités. Du genre: « Le Korowaï se lève à 6 h…  » Je voulais faire un film non pas sur les Korowaï, mais sur un homme et sa famille. »

UNIVERSEL

Sa ligne éditoriale? « Ne pas faire dans l’angélisme, de type « ils sont merveilleux et on est cons » , parce que ce n’est pas vrai. Ne pas tomber non plus dans le misérabilisme, la pitié étant un sentiment qui annihile tous les autres. Nous, on filme des gens fiers ». Le people est là pour drainer l’audience (l’émission est un carton en prime-time sur France 2), mais pas seulement. C’est un étalon, un révélateur, un visage familier auquel le téléspectateur peut s’identifier.

La rencontre, dans tout ce qu’elle a de singulier, revêt une dimension universelle dans Rendez-vous en terre inconnue, où la beauté des images le dispute à celle de la B.O., signée par le Belge Kris Dane. Belge aussi, le réalisateur du film, Pierre Stine, qui est assez épaté par les invités qui acceptent de partir au bout du monde sous l’£il des caméras. « Ils doivent avoir confiance en qui ils sont. S’ils ne sont pas bien dans leurs bottes, ça peut être une catastrophe. Il faut être assez couillu pour se lancer là-dedans. »

Myriam Leroy

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