Monotobio

Les dés sont jetés. Se pliant à l’exercice de l’autobiographie, Éric Chevillard ( La Nébuleuse du crabe, Ronce-Rose) s’élance dans le récit de douze années de vie. Zigzags, loopings, ponts de liane entre le grave et le léger, les phénomènes se répondent, s’emboîtent comme en une compression de César. C’est le genre soi-même du récit de vie que l’auteur de L’Autofictif (son journal) contorsionne. « La suite sera sans surprise. Tu vois l’oeuf, tu connais l’oiseau. » On assiste à la naissance de ses filles, à la fin de sa participation au feuilleton du Monde des livres, on y débourre l’imprimante, contracte la grippe, clipse un spot, imperméabilise ses chaussures et on a vite fait de se retrouver en Sicile. Bref, voilà notre homme très occupé. « Point trop d’ellipses tout de même, ou ce récit de vie paraîtrait décousu. » Le verbe en ébullition, les plus petits gestes sont autant de coups du sort, les montagnes russes, les poupées gigognes, le couteau suisse. « Peut-être suffit-il aux écrivains d’écrire vroum pour se mettre en mouvement. » Effeuillant les jours, champion de la digression, grappille tous les événements qui ponctuent une destinée, la sienne, avec un zèle sagace, secouant le cocotier et le sablier. « Je modifie le Sahara, dit Borges, moins appliqué mais tout aussi précis, en ramassant une poignée de sable pour la lancer plus loin. » Ses lecteurs gourmands connaissent la gymnastique: plastique, farfelue, virtuose. Le visiteur de passage, moins assoupli, glissera sur le toboggan. Autant dire qu’il en restera sur le popotin! « On te propose des macarons et tu ne les mangerais pas? Même pas celui au caramel? Allons! »

D’Éric Chevillard, éditions de Minuit, 176 pages.

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