de Claude Aziza, Éditions Klincksieck, coll. 50 questions, 192 pages.

Que le péplum ait mauvaise presse, voire mauvais genre comme le veut le titre de l’essai que lui consacre le latiniste Claude Aziza, voilà qui ne fait guère de doute. Comment prendre au sérieux, il est vrai, « ce péplum qui, suivant l’expression même de l’auteur, s’est compromis dans les salles obscures en chantant une Grèce d’opérette, une Rome de pacotille, une Egypte de carton-pâte et une Bible d’Epinal-sur-Jourdain? » S’agissant de révéler une Antiquité en technicolor et en « dessous people », le péplum a adopté, en effet, ses règles et codes propres, ceux-là même qu’entreprend de décortiquer Aziza dans un ouvrage remarquablement documenté. Pour embrasser une matière plus vaste qu’il n’y paraît, l’auteur initie un passionnant dialogue avec le lecteur, apportant la réponse à 50 questions qui, si elles paraissent parfois saugrenues – « Peut-on imaginer un péplum réalisé par Charlie Chaplin? »-, ne s’en révèlent pas moins toutes pertinentes. S’attachant dans un premier temps à l’origine de l’appellation, l’auteur se livre ensuite à un vagabondage érudit dans les travées du cinéma et au-delà, mesurant le péplum à l’aune de l’Histoire, mais aussi d’autres formes d’expression artistique, littéraires ou picturales. A quoi s’ajoute une mise en perspective de l’évolution du péplum, entre périodes fastes (autour de la Première Guerre mondiale et de 1955 à 1965) et avenir incertain, Aziza paraphrasant ici un slogan de mai 68: « Cours, camarade péplum, l’avenir est derrière toi! »

Exhaustif, ce panorama apparaît aussi comme un hommage joliment enlevé à un genre populaire et familial qui sut (re)modeler l’Histoire à l’image de nos fantasmes, non sans en faire, à l’occasion, le miroir de notre présent. Une entreprise moins anodine qu’il n’y paraît, envisagée ici avec une incontestable rigueur à laquelle l’auteur ajoute ce qu’il faut de légèreté. Ce précieux volume refermé, ne reste plus qu’à se refaire un Colosse de Rhodes ou autre Maciste en enfer, fleurons d’un second âge d’or italien qu’allait bientôt mettre à mal l’émergence du western spaghetti, mais c’est là une autre histoire…

Jean-François Pluijgers

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