Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avant fermeture pour inventaire, retour sur un des albums de 2008, ouvre d’un des meilleurs non-groupe du monde.

Il vaut toujours la peine d’emprunter les routes de traverse. Quitter les grands chemins peut réserver de belles surprises, et en cette fin d’année, on a l’impression que les échappées que l’on a bien pu s’offrir ces derniers mois ont été particulièrement prolifiques. Prenez Department of Eagles, par exemple. Un album fulgurant publié en 2003, deux, trois demi-concerts entre-temps, et puis un second disque miraculeux, sorti cet automne. In Ear Park (distribué par 4AD), c’est son titre, est à cataloguer au rayon folk, même si le terme ne dit rien de l’admiration que les Department of Eagles doivent également porter à Van Dyke Parks (les orchestrations) ou McCartney (au hasard le titre Floating On The Lehigh). Pour en parler, Daniel Rossen et Fred Nicolaus sont en passage promo à Bruxelles. Et c’est complètement inattendu, vu la « volatilité » de leur projet…

Au départ, les deux se rencontrent à l’université à New York, en 2001. Ils commencent à composer ensemble pour rire, se prennent au jeu et finissent donc par sortir l’album réédité et réintitulé depuis The Cold Nose. A l’époque, ils trouvent dans l’£uvre de Marcel Broodthaers l’inspiration pour leur nom de groupe: le « département des aigles » comme celui qu’avait ouvert le célèbre plasticien belge dans son Musée imaginaire, fin des années 60. Tout cela est parfaitement raccord avec le patchwork surréaliste et décalé de The Cold Nose.  » J’imagine que comme n’importe qui se lançant à l’eau, il y avait un peu de gêne, de manque de confiance, commente Daniel Rossen . En fait, on a très vite voulu faire quelque chose de sérieux, mais on a longtemps eu du mal à le prendre au sérieux. Donc, le premier essai était constitué de beaucoup de blagues et de choses absurdes.  »

Il n’en reste pas moins concluant. Cela n’empêche pas Department of Eagles de rentrer en hibernation. Daniel Rossen rejoint le groupe Grizzly Bear, qui arrivera rapidement à faire son trou sur la scène rock indépendante. Fred a trouvé lui un boulot de copy dans un magazine d’immobilier.

Relancer la machine

Cela dit, chacun continue à emmagasiner les bouts de chanson. Jusqu’à en avoir assez que pour relancer la machine et rentrer en studio. Au besoin, Fred se débrouille pour filer de son boulot en douce et rejoindre les autres.  » En fait, je racontais que je travaillais depuis chez moi, et j’allais vite enregistrer mes parties vocales.  » Le résultat donne donc In the Ear Park, petit bijou de folk touffue, à mille lieues des poilades arty du premier disque. Marquépar la disparition du père de Daniel Rossen, l’album adopte un ton plus personnel et intime, sans pour autant être plombé.

On vous conseille d’en profiter, car malgré un accueil critique unanime, Department of Eagles ne semble toujours pas destiné à devenir autre chose qu’une respiration pour ses deux maîtres d’£uvre.  » Disons que, plutôt qu’un groupe, Department est un projet autour de l’écriture de chansons, explique Fred . C’est ce qui nous anime tous les deux et nous réunit. Cela a des bons et des mauvais côtés. Pour jouer live, par exemple, c’est plus compliqué. Par contre, l’avantage est qu’on peut faire à peu près ce que l’on veut.  » Et quand on veut…

uwww.myspace.com/deptofeagles

Laurent Hoebrechts

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