Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Baroud d’honneur – Fin de cycle pour Basement Jaxx. La machine à danser anglaise sert une nouvelle volée de tubes house. Avant de tourner la page?

« Scars »

Distribué par XL Recordings.

Cela fait 10 ans que ça dure. Depuis 1999, Basement Jaxx balance à intervalles réguliers des tubes dance à réveiller un mort. Rendez-Vu, RedAlert, Romeo, Where’s Your Head At… La pop est une bulle de savon? De fait, et Simon Ratcliffe et Felix Buxton, les deux cerveaux de Basement Jaxx, savent méchamment comment la faire éclater. Certes, ils n’ont rien inventé en la matière. En attendant, en la prenant par la taille, ils ont résolu plus d’une énigme sur la piste de danse… Surtout, leur machinerie house a toujours été curieuse, avide de rencontres. Comme quand elle se met à frayer avec une guitare flamenco, un air de samba ou encore un accordéon…

Pour ce nouvel album, la partie (party?) n’était pas pour autant gagnée. Problèmes personnels, errances artistiques… Simon Ratcliffe: « Il y a 10 ans, on était très excités et inspirés par le hip hop, la dance… Cela nous permettait de nous concentrer là-dessus. Aujourd’hui, on est peut-être moins sûrs de ce qu’on aime… Ce n’est qu’à la fin du processus qu’on s’est sentis à nouveau davantage dedans : on avait l’impression que la dance retrouvait des couleurs. » Entre-temps, le duo s’est lancé dans des longues plages instrumentales, qui collaient peu à l’univers de Basement Jaxx. « Du coup, on voulait faire un double album, mais on nous a fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Donc le disque sortira bien, mais plus tard. »

Testament à l’anglaise

En attendant, voici donc Scars pour « cicatrices ». Simon Ratcliffe: « La compagnie de disques nous a fait remarquer que cela sonnait comme le titre d’un disque d’emo! (rires)… En même temps, cela représente probablement bien l’endroit où nous nous trouvons aujourd’hui. C’est évident de dire qu’on est plus vieux, et qu’une partie de l’innocence a disparu. C’est la vie. Vous vous prenez des gamelles, et c’est aussi ça qui vous construit. Et puis c’est amusant de se rappeler que le premier album s’appelait Remedy , et le dernier Scars.. . » Une manière de boucler la boucle au moment où s’achève le contrat avec leur maison de disques, prévu pour 5 albums… Pour ce baroud d’honneur, la liste des invités est conséquente, toujours entre mainstream et courant alternatif: de Kelis à Sam Sparro en passant par Santigold, Yo Majesty!, José James et même Yoko Ono. « On avait entendu qu’elle était fan de ce qu’on faisait. On a contacté l’un de ses 7 managers – un pour chaque partie de sa vie, j’imagine. »

A première vue, Scars file droit, tubesque et éclectique. Plus que d’habitude pourtant, la house carnavalesque de Basement Jaxx laisse s’épancher la mélancolie du jour. Et ça lui va bien. Que cela soit sur Scars justement ou My Turn avec la guitare acoustique (et la voix) de Lightspeed Champion. Même les singles Feelings Gone ou Raindrops charrient leur vague à l’âme. « On the glory afternoons in June I need you / Just like raindrops. » Extatique et plombé à la fois, à l’instar des meilleurs tubes disco.

Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content