De Christophe Damour, Scope Éditions, 128 pages.

Nouvelle venue dans le paysage éditorial, la collection Jeux d’acteurs privilégie une approche originale, préférant aux habituelles biographies et autres filmographies commentées de comédiens, une analyse circonstanciée de « la matière en fusion qu’est une interprétation ». Premiers acteurs passés au crible de cette méthode, Audrey Hepburn et Al Pacino. S’agissant de ce dernier, que l’auteur, Christophe Damour, docteur en études cinématographiques et collaborateur à la revue Positif, envisage comme le « dernier tragédien en activité », l’essai est on ne peut plus probant, et offre une perspective inédite sur l’art de l’acteur de The Godfather, Dog Day Afternoon et autre Heat, pour ne citer que quelques-unes de ses compositions les plus fameuses.

Face et profil

Inscrivant l’acteur au confluent de deux écoles, celle du théâtre classique et celle de l’Actors Studio – « le jeu de Pacino est le produit de cette formidable hybridation entre recherche de naturel et persistance de la stylisa-tion » -, l’auteur s’emploie à décrypter le système de jeu mis en place par l’acteur. A la fois érudite et accessible, la démarche s’appuie sur un inventaire systématique des éléments – visuels et thématiques – constituant la Persona de Pacino. Soit une lecture transversale et approfondie de la filmographie dont ressortent les lignes de force ( « Pacino se fera l’emblème de plusieurs motifs universels, parmi lesquels certaines figures allégoriques récurrentes (le Deuil, la Solitude, le Martyr, la Fatigue) ») assorties, à l’occasion, de commentaires critiques. Vient, dans un deuxième temps, le passage au crible de diverses caractéristiques du jeu « pacinien », qu’il s’agisse de son regard au « Pacino Blast » – autant d’éléments soutenus par l’analyse abondamment illustrée de séquences filmées. L’ensemble, que complètent des liens généalogiques, est aussi éloquent que passionnant. Conformément aux objectifs de la collection, l’art de l’acteur ressort sans équivoque « plus riche et plus complexe » de la lecture de ce volume. Eclairage à la lumière duquel il est pratiquement impossible d’encore considérer le jeu de Pacino d’un même £il, sans rien ôter à la fascination exercée par cet acteur d’exception, un authentique « prototype actoral ».

Jean-François Pluijgers

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