Critique | Séries/Télé

Mon petit renne: que penser du nouveau hit de Netflix?

4 / 5
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Titre - Mon petit renne (Baby reindeer)

Genre - Comédie/thriller

Réalisateur-trice - Créé par Richard Gadd

Quand et où - Disponible sur Netflix

Casting - Avec Richard Gadd, Jessica Gunning, Nava Mau

Nicolas Bogaerts Journaliste

Quand une tasse de thé est l’amorce d’une relation obsessive et toxique. Dans Mon petit renne, Richard Gadd dissèque avec maestria la mécanique du harcèlement.

Protagoniste de Mon petit renne (Baby Reindeer en VO) Donny est un aspirant comédien qui, en attendant que son spectacle de stand-up emporte l’adhésion, sert des bières dans un pub quelconque de Londres. Donny est affublé d’un sens aigu de l’observation, proportionnel à sa gentillesse et sa sollicitude. Aussi lorsque l’atypique Martha débarque au comptoir, visiblement perturbée et en proie à un profond chagrin, il lui offre une tasse de thé. L’acte de naissance d’une amitié atypique qui devient lentement inconfortable et asymétrique puis carrément intrusive. Martha met la main sur son adresse mail et lui envoie des messages aussi nombreux qu’intempestifs et imprévisibles. Toutes les nuits. Rythmant en lettres blanches sur fond noir le chapitrage des épisodes, ils nous montrent l’obsession grandissante de 
l’expéditrice pour son objet. Et s’achèvent par l’appendice bien connu: « envoyé depuis mon iPhone« . Sauf que, comme va le remarquer Donny, Martha ne possède pas d’iPhone. Ce n’est pas l’unique occurrence d’un contexte oppressif qui va entraîner Donny dans une spirale horrifique, copieusement nourrie par l’alliance entre sa tendance autodestructrice et la fascination collante et grandissante de Martha.

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Notamment scénariste pour Sex Education, Richard Gadd a puisé dans son expérience personnelle pour tirer le suc de cette histoire de stalking prenante, déroutante, complexe. Avec Jessica Guning dans le rôle de Martha, il fonde un duo qui déploie une palette de situations des plus touchantes aux plus inquiétantes, sans que jamais le scénario ne fasse l’économie de ses sursauts, ses coups de théâtre ou de pression. Ce récit, dans sa déclinaison de l’arroseur arrosé, jette ostensiblement le trouble dans les stéréotypes pour permettre de comprendre la mécanique humaine.

La description de la spirale perverse et horrifique dans laquelle Donny se retrouve entraîné est d’une efficacité infernale et Gadd prend toutes les peines nécessaires pour les replacer dans une description systémique qui inclut, dans le désordre: les réactions incrédules ou moqueuses de l’entourage, la honte qui traverse les corps et les couples hors norme, l’incapacité des autorités policières de se saisir d’une situation à laquelle ils accordent peu de foi, l’impréparation collective à aborder ces problématiques, accompagnée d’une cécité problématique qui ignore dans le même mouvement traumas, souffrance mentale et drogues, solitude urbaine, body shaming et pression sociale. Les réalisatrices Josephine Bornebusch et Weronika Tofilska prolongent visuellement le regard atypique de Gadd, lorgnant le glauque, l’isolation et l’horreur glaçante. Et prennent soin de prolonger le goût amer, métallique dans la bouche des spectateurs tout au long de sept épisodes puissamment évocateurs.

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