Critique

À la télé ce mercredi soir: Le Souffle de la guerre chimique

Le Souffle de la guerre chimique © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Une enquête aussi indispensable que préoccupante sur un de ces exemples glaçants de la folie humaine.

« Les envahisseurs doivent savoir que pour chaque insecte il y a un insecticide capable de les anéantir et que l’Irak détient ces insecticides. » La citation aux allures d’avertissement qui ouvre le documentaire de Fabienne Lips-Dumas remonte à février 1984 mais fait encore aujourd’hui froid dans le dos. A fortiori dans un contexte international particulièrement troublé.

Syrie. Août 2013. Banlieue de Damas. Les corps emballés dans des draps blancs s’empilent tandis que des victimes continuent de convulser dans les effluves toxiques de l’arme chimique. Le monde, effaré, regoûte à l’horreur de la Première Guerre mondiale. Quand le 22 avril 1915, à Ypres, l’armée allemande attaqua au chlore les troupes alliées.

Coproduit par la RTBF, Le Souffle de la guerre chimique commémore les tristes cent ans de ces armes de destruction massive. Inquiétant, effroyable et difficilement soutenable aussi parfois, il se promène aux quatre coins du monde et à travers le temps pour raconter l’histoire de l’armement chimique. Les deux conflits planétaires, la guerre Iran-Irak, Saddam Hussein, le génocide kurde et Ali le chimique. Les millions de tonnes produites depuis 14-18 avec la complicité des états, des armées, de l’industrie, de ces produits qui terrorisent civils et militaires. Puis les 2000 personnes accidentées en Chine depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ponctué par des témoignages de survivants, d’experts, il évoque aussi la convention ratifiée par 190 pays pour son interdiction, le démantèlement, le travail compliqué des inspecteurs de l’OIAC (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), les centaines de milliers de tonnes enfouies dans les mers et le traitement des sols contaminés. Il attire enfin l’attention sur la surveillance nécessaire d’une industrie qui s’est compromise dans tous les grands conflits du XXe siècle et s’est grassement enrichie en fermant les yeux pendant des décennies. A l’heure actuelle, 5000 usines à travers le monde sont susceptibles de produire les substances à double usage qui peuvent se transformer en insecticide comme en arme de destruction massive. « On peut échapper aux obus, aux balles, à tout le reste mais pas aux armes chimiques », résume l’un des témoins de la réalisatrice. Une enquête aussi indispensable que préoccupante sur un de ces exemples glaçants de la folie humaine.

Le Souffle de la guerre chimique, documentaire de Fabienne Lips-Dumas.

Ce mercredi 1er avril à 22h00 sur La Une.

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