Portrait de SDM, nouvelle recrue de l’écurie de Booba: « Personnellement, j’en veux au virus »

Arriba, arriba, voici SDM, nouvelle recrue de l'écurie de B2O! © IBTIHAL BOUKHARI
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le jeune rappeur parisien vient de sortir son premier album, Ocho. Parrainé par Booba, il est bien décidé à conquérir les trophées.

Le monde du rap est un rouleau compresseur. Depuis que les plateformes de streaming en ont fait le nouveau roi des charts, la machine tourne à plein régime. Même la pandémie n’a pas vraiment réussi à ralentir le débit. Sur son single Van Damme, SDM le résume à sa manière, toute fleurie: « Eh, je l’enc… moi ton Covid de merde/25 ans, on veut me mettre en quarantaine. » « Personnellement, j’en veux au virus, confirme l’intéressé. Autour de moi, j’ai pas mal d’amis qui sont déjà dans la musique. Un mec comme PLK, par exemple, n’a pas arrêté de me vanter les tournées, les plateaux télé, etc. « Tu vas voir, tu vas kiffer! » Sauf que là, ça va faire deux ans que je bosse vraiment dur, et je n’ai toujours pas pu vivre ça. »

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Certes. Cela n’a toutefois pas empêché SDM de glisser ses initiales dans la liste des nouveaux rappeurs français à suivre. En avril dernier, il a sorti son premier album, Ocho, qui est resté pendant un mois dans le top 10 des ventes en France (et atteint le top 3 en Belgique). Il y a pire comme démarrage… « Oui, c’est vrai, je ne peux pas trop me plaindre non plus. Mais ce n’est jamais assez. Est-ce que la vue est belle, de là où je suis aujourd’hui? Disons que le store est en train de se lever, lentement mais sûrement. Mais le paysage sera vraiment joli quand j’aurai accumulé un tas de singles d’or, des médailles, etc. » Ou, comme il le résume dans La Vie de rêve: « Des gamos, une villa, des trophées comme Zidane« …

Allumer le feu

Longtemps, SDM a rêvé de football. « C’est ma plus grande passion, avant même la musique. J’ai longtemps joué en club, à un bon niveau, avant de lâcher prise. Je pourrais sortir l’excuse des ligaments croisés, ou un truc comme ça. Mais je vais pas mentir: moi, c’est la flemmardise (rires). Dès qu’il neigeait, je zappais l’entraînement. » Supporter du PSG et de l’AC Milan, deuxième en Série A cette année, derrière son rival de l’Inter (« Même si ça ne me réjouit pas, félicitations à eux! Romelu Lukaku a été méchant!« ), SDM s’est donc rabattu sur le rap. Au début, il l’avoue, un peu en dilettante. « Je ne me donnais pas vraiment les moyens pour réussir. Je balançais un morceau, et je m’attendais à avoir tout de suite des retours… C’est mon entourage qui m’a poussé à persévérer. » Au bout d’un moment, SDM se fait repérer par Booba, qui lui propose de signer sur son label 92i. A-t-il hésité à rejoindre l’écurie du Duc? SDM prolonge la métaphore foot: « Quand on vous propose de rejoindre le Real de Madrid, non, vous ne tergiversez pas. »

Du club-roi, il a la mentalité: seuls les titres et le palmarès comptent. Ocho a donc été calibré pour la gagne. À première vue, il coche toutes les cases d’un certain « rap de rue » -sexe cru, petits trafics et gros calibres. SDM connaît son sujet, le maîtrise, à défaut de le révolutionner. « La mental’, c’est réussir/c’était soit le pe-ra/soit je visser les camés« , explique-t-il par exemple sur Prince de la calle. Le terrain est balisé. C’est dans les détails que SDM distille des éléments plus personnels. Comme dans lntro, « le seul morceau que j’ai vraiment travaillé pour l’album, sur lequel je me suis pris un peu plus la tête« .

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SDM -pour Saddam, son surnom dans la cité- y détaille: « 28/11/95, j’arrive au monde, je suis né dans la zone/On était une dizaine dans une petite maison, des oncles et des tantes qui dorment à même le sol. » Né en France, Beni Mosabu de son vrai nom est originaire de la République démocratique du Congo. Il connaît bien le pays de ses parents. « Entre mes sept et seize ans, ma mère m’y a envoyé chaque été. » Ces racines se retrouvent en pointillé dans sa musique. A fortiori sur le titre Droit de véto, sur lequel il a invité la star de la rumba congolaise Fally Ipupa. « Qui de mieux pour faire un son sur mon pays? C’était d’autant plus précieux qu’il a connu mon vieux, il m’en a parlé quand on s’est vus. » Décédé en 2017, le père de SDM fut en effet le producteur du groupe Quartier Latin de Koffi Olomidé, par lequel est passé précisément Fally Ipupa. « Je retourne souvent à Kinshasa. La dernière fois, c’était en 2019. Quartiers de Bandal et Ndolo. Je suis bien là, détendu, posé. Comme à Clamart, je me sens chez moi. »

Clamart, c’est la banlieue parisienne dans laquelle SDM a grandi, « à 10 minutes du Parc des Princes« . « Une ville plutôt sympa, joviale, avec pas mal de verdure. » Ce n’est pas forcément l’image que l’on en a en écoutant Ocho. « Bah, il y a des coins plus sensibles. En vrai, la rue est la même partout. On connaît les mêmes choses, on fait les mêmes choses, on vit les mêmes choses. » Certes, Clamart, « c’est pas Chicago« , comme il le précise sur Appelez les pim-pom. Pour autant, le décor n’est pas tout le temps réjouissant. Sur le titre Keur nwar en particulier, SDM oublie de fanfaronner, évoquant « l’impression d’être mort dans un corps en vie« . Ou parlant de la rue qui « a pris des champions, qui auraient pu ouer-j dans l’équipe de Deschamps« . « Ce morceau, je l’ai écrit quand j’étais un peu au fond du trou. Je revenais de Kin où j’avais été enterrer ma grand-mère. Au même moment, je voyais aussi des potes se retrouver en prison. J’étais paumé, je me demandais ce que j’allais faire de ma vie. C’est à ce moment-là que je me suis dit que je devais vraiment tout miser sur la musique. »

Aujourd’hui, SDM ne veut pas laisser passer sa chance, Covid ou pas. Il imagine déjà les tournées, avec des concerts spectaculaires à la Travis Scott. « Voir un mec planté comme un « i » chanter tout droit ses musiques, ça ne m’intéresse pas. Je veux des flammes, des feux d’artifice, et mettre le feu à ma guitare, comme Jimi Hendrix -même si je ne sais pas en jouer. » Que le show commence!

SDM, Ocho, distribué par 92i/Universal. ***

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