Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

LANCÉ EN 2011, CE REMAKE D’UNE SÉRIE ANGLAISE PARLE DE PAUVRETÉ, DE DÉBROUILLE ET DE FAMILLE DANS UNE BONNE HUMEUR HAUTEMENT COMMUNICATIVE.

Shameless – saison 1

UNE SÉRIE SHOWTIME CRÉÉE PAR PAUL ABBOTT. AVEC WILLIAM H. MACY, EMMY ROSSUM, JUSTIN CHATWIN. DIST: WARNER.

7

Prenez l’équation d’un Sept à la maison, sans la candeur nunuche et les vêtements bien repassés, plongez-la dans un contexte social difficile et saupoudrez-la de punchlines aussi sombres que drôles. Vous obtiendrez Shameless, version US d’une série anglaise créée par Paul Abbott. Lequel traversait l’Atlantique en 2011 pour raconter sur Showtime l’histoire d’un irréversible alcoolo, Frank Gallagher, qui s’occupe de ses six mômes comme on s’occupe d’un coquetier ou d’un service à fondue. Par intermittence. Heureusement que son aînée, Fiona, sauve les meubles comme elle peut, maintenant miraculeusement ses cinq frères et soeurs dans un état mental relativement sain. Un équilibre qu’elle va devoir gérer avec l’arrivée, dans sa vie affective, d’un charmant bad boy nommé Steve…

L’action s’ancre dans la neige des quartiers sud de Chicago, là où les coupures d’électricité et d’eau chaude se résolvent en mode système D. Combines et débrouille en tout genre rythment le quotidien de la famille. Faut dire que Frank Gallagher, loin du prolétariat combattant, ne vit que d’allocations d’invalidité illégalement perçues, et dont il ne profite qu’au bar du coin… Pas la plus grosse rigolade du monde, niveau contexte. Pourtant, plus futés les uns que les autres, souvent brillants à l’école, les frères et soeurs Gallagher échappent aux représentations white trash forcément délicates à mettre en images. Oscillant entre le drame et la comédie sans réellement choisir son camp, l’écriture de Paul Abbott s’inscrit davantage dans la veine d’un certain cinéma anglais, celui de Ken Loach ou de Mike Leigh, celui des galères ouvrières et des éclats de rire cathartiques que la misère sociale peut enfanter.

Remarquable, pas inoubliable

Clairement, Shameless figure au rang des bonnes séries du moment, charpentée par des dialogues solides ou carrément hilarants, une mise en scène dynamique et une interprétation sans faille. Les enfants et les adolescents de la troupe, tous parfaits dans leur rôle, ne rendent que justice à Emmy Rossum (The Day After Tomorrow), impeccable dans le rôle de Fiona, et au vétéran William H. Macy (inoubliable dans Magnolia de Paul Thomas Anderson), qui nous concocte un personnage de soulard pathétique et flamboyant avec beaucoup d’intensité. Remarquable sans être inoubliable, Shameless manque néanmoins un peu de jus pour marquer sur le long terme. Atténués par le côté burlesque des situations dramatiques, les enjeux narratifs, qu’ils soient liés aux déboires de Frank ou à la vie sentimentalo-sexuelle de la fratrie, semblent un brin trop légers pour qu’on s’y intéresse véritablement. Reste une feelgood série bourrée de qualités, récemment renouvelée pour une quatrième saison par Showtime. On notera, dans ce coffret DVD, quelques bonus amusants, dont une discussion à bâtons rompus entre acteurs au sujet des nombreuses scènes de sexe, souvent très réussies, qui jalonnent la série.

GUY VERSTRAETEN

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