Critique | Cinéma

Riceboy Sleeps: drame touchant sur la diaspora coréenne

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© National
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Titre - Riceboy Sleeps

Genre - Drame

Réalisateur-trice - D’Anthony Shim

Casting - Avec Choi Seung-yoon, Ethan Hwang, Anthony Shim.

Durée - 1h57

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

La diaspora coréenne est au cœur de ce drame canadien pudique et sensible centré autour d’une douloureuse relation mère-fils.

Acteur canadien né à Séoul, en Corée du Sud, Anthony Shim vit à Vancouver depuis l’enfance. Il a joué aussi bien au cinéma qu’à la télévision avant de passer pour la première fois derrière la caméra en 2019 avec Daughter, drame noyauté autour du deuil d’un père cloîtré dans sa propre solitude aux accents autodestructeurs. Primé à Toronto, Vancouver et Busan, Riceboy Sleeps, son deuxième long métrage en tant que réalisateur, s’immisce aujourd’hui dans le quotidien d’une mère célibataire d’origine coréenne et de son fils adolescent vivant en tant qu’immigrants dans la banlieue canadienne au cœur des années 90.

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Sans cesse confrontée à des défis d’ordre culturel, So-Young élève Dong-Hyun, alias David, avec la détermination de lui offrir une vie meilleure que celle qu’elle a laissée derrière elle. Enfant, il n’en évolue pas moins dans le rejet, les brimades et le racisme ordinaire à l’école. Son apprentissage de l’existence se fait dans la douleur, à l’ombre d’une mère qui le pousse invariablement à se durcir, assumer sa différence et soutenir le regard des autres. Mais une nouvelle inattendue va amener So-Young et Dong-Hyun à renouer avec leurs racines et tendre vers davantage de douceur…

Le droit de pleurer

Écoute-moi bien, professe un jour So-Young à son jeune fils. Un homme n’a le droit de pleurer que trois fois tout au long de son existence: quand il naît, quand sa mère meurt et quand son père meurt. Si tu te montres faible face aux autres, ils te marcheront dessus.D’inspiration largement autobiographique, Riceboy Sleeps fait le portrait intime d’un adolescent qui grandit avec un mélange prégnant de tristesse, de colère et de frustration en lui, dans un pays qui lui demande constamment de dissoudre son identité et ses particularités dans un grand bain occidental indifférencié. Entre instants d’intimité complice avec sa mère et violentes difficultés à s’intégrer au quotidien, le film le saisit à un moment charnière de sa vie, où il s’agit d’enfin prendre soin des blessures du passé afin d’être mieux armé pour avancer.

Filmée avec beaucoup de pudeur, de justesse et de sensibilité, cette histoire de déracinement et d’amour familial est aussi le récit d’une lente reconnexion à soi et à son histoire personnelle. Avec une caméra souvent mobile à l’intérieur de plans qui n’ont pas peur de s’installer dans une durée, Anthony Shim apporte une attention toute particulière aux questionnements qui s’agitent sous la banalité des gestes ordinaires. Film-cousin du très beau Minari de Lee Isaac Chung sorti il y a deux ans, Riceboy Sleeps finit par libérer une émotion profonde dont se dégage un délicat sentiment d’harmonie.

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