Oscars 2017: Trump renvoie glamour et paillettes en coulisses

Pas de fête avant les Oscars, mais ces statuettes en chocolat seront distribuées à la Governors Ball Press Conference traditionnellement organisée après la cérémonie © EPA/Mike Nelson
Lola Contessi Stagiaire

La politique s’invite aux Oscars: l’agence artistique UTA annule sa soirée d’ouverture pour la transformer en événement anti-Trump. Diversité raciale, mariage gay, protection climatique… Aujourd’hui comme hier, la cérémonie est de toutes les guerres.

L’ambiance ne sera pas à la fête à la 89e cérémonie des Oscars. L’UTA vient d’annuler sa soirée d’ouverture pour la transformer en manifestation et en récolte de fonds. S’opposant à la politique anti-migratoire du nouveau président américain, la firme s’est engagée à verser 250.000 dollars à l’International Rescue Committee venant en aide aux réfugiés et à l’American Civil Liberties Union déjà engagée dans la suspension juridique du décret polémique de Donald Trump.

L’agence artistique soutient un de ses réalisateurs, Asghar Farhadi, et engage Hollywood à en faire autant. Le cinéaste iranien est une fois de plus en lice dans la catégorie du meilleur film étranger. Avec Le Client, il poursuit son étude des dynamiques du couple entamée dans Le Passé et Une séparation. Après l’annonce du décret interdisant aux ressortissants de 7 pays arabes d’accéder au territoire américain, il avait décidé de boycotter la cérémonie des Oscars. Son actrice principale avait également annoncé sur Twitter qu’elle ne se présenterait pas à l’événement en signe de protestation. Ce vendredi, les Oscars se transformeront une fois de plus en champ de bataille politique.

Oscars et contestation

Alors que Télérama décerne des Oscars aux artistes ayant pris position pour de grandes causes sur les tapis rouge de L.A., il est intéressant de revenir sur une cérémonie qui semble avoir été de toutes les guerres. L’année passée, Chris Rock s’était fait maitre de cérémonie et avait dénoncé dans un one-man-show comique et grinçant d’une quinzaine de minutes la suprématie des artistes blancs aux Oscars et le whitewashing. La sérieuse concurrence que représentera Moonlight face à la comédie musicale La La Land dans l’édition 2017 des Oscars semble pour le moment écarter la polémique et réaffirmer un Black Power. Lors de la même cérémonie, Leonardo DiCaprio profitait de son Oscars du meilleur acteur pour son rôle dans The Revenant pour rappeler son engagement dans la protection de l’environnement. Si la question n’est plus brûlante aujourd’hui, elle devrait revenir sous le feu des projecteurs prochainement, Donald Trump ayant annoncé qu’il désengagerait les USA des traités écologiques internationaux.

Il faut également se rappeler du « honte à vous M. Bush » lancé par Michael Moore en 2003 dans le contexte de l’intervention militaire américaine en Irak. Alors qu’il venait de recevoir le prix du meilleur documentaire pour Bowling for Columbine et d’interroger avec lui l’Amérique sur sa passion pour les armes à feu, le réalisateur s’était lancé dans un discours enflammé avant que la musique ne couvre ses paroles.

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Les années 70 connurent également leurs protestations politiques. Celle de Bert Shneider, père d’Easy Rider, contre la guerre du Vietnam provoqua un tollé dans l’arrière-garde conservatrice des Oscars et amena Frank Sinatra à s’excuser publiquement d’une telle intrusion du politique dans la cérémonie. Plus polémique encore, Marlon Brando refusa en 1973 sa statuette dorée pour son rôle dans The Godfather afin de défendre la cause des indiens d’Amérique.

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La contestation est donc affaire de tradition à la cérémonie des oscars. Si dans les années 70, on envisageait mal l’intrusion du politique dans l’univers du cinéma, ces dernières années ont prouvé qu’un renversement total s’était opéré. Les cinéastes ne sont plus cantonnés à la sphère neutre du divertissement. Après les applaudissements et les remerciements, les discours se parent d’allusions aux événements qui agitent le monde. Les Oscars sont devenus, comme de nombreux événements du même genre, des scènes ouvertes pour les artistes et les causes qu’ils défendent.

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