Critique

Sound of Noise

COMÉDIE | Un policier à l’ouïe récalcitrante traque un gang dont les attentats musicaux déjantés viennent perturber le quotidien d’une petite ville suédoise.

Dans le genre ovni filmique, Sound of Noise se pose un peu là: tout commence par une camionnette dévalant une route suédoise au rythme du solo exécuté par un batteur fou installé à l’arrière. L’affaire se termine dans un mur mais n’en lance pas moins le film sur des bases on ne peut plus prometteuses. Et de fait, la suite est du même tonneau, qui met en scène un groupuscule anarchiste sonique s’attelant à son grand oeuvre, à savoir une symphonie d’un genre inédit, Music for a City and Six Drummers, pièce apocalyptique en 4 mouvements, comme autant d’attentats musicaux à perpétrer dans la chair même de la société. Une proposition envisagée littéralement, d’ailleurs, s’agissant du premier d’entre eux, Doctor, Doctor, Gimme Gas in My Ass, composition exécutée à l’aide du corps d’un patient et de matériel hospitalier, au prix d’une opération commando audacieuse.

Chacun se perd en conjectures quant à l’identité et aux motivations des auteurs; c’est là qu’intervient Amadeus Warnebring, inspecteur en charge de l’enquête, et un homme au profil peu banal, puisqu’il souffre d’un déficit auditif rare doublé d’une allergie chronique à la musique après avoir grandi dans une famille de virtuoses où on le battait froid… Et d’entamer une investigation à sa façon, excentrique.

Syndrome de Stockholm revisité

Le simple énoncé du scénario suffit à donner la mesure passablement délirante et absurde de Sound of Noise, premier long métrage de la paire Simonsson/Nilsson qu’avait révélée, il y a une dizaine d’années, un court multi-primé, Music for one Apartment & Six Drummers. On l’aura compris dans la foulée, l’affaire est moins sérieuse qu’il n’y paraît, et l’intrigue, bancale, se révèle d’ailleurs le point faible du film, manquant à la fois de rigueur et de consistance, non sans partir dans des sens divers, en ce compris une variation sur le syndrome de Stockholm -il s’agit d’un film suédois après tout.

Cela posé, cet essai se révèle aussi foutraque qu’hautement réjouissant, ne serait-ce qu’en raison du soin apporté à ses différents épisodes musicaux. De Money for U, Honey! à Fuck the Music, Kill! Kill!, il y a là autant de morceaux de bravoure mettant en scène les instruments les plus inusités, compteuse de billets, pelleteuse, et on en passe, en une série de mouvements chorégraphiés avec une minutie joyeusement iconoclaste. Le film trouve là ses climax successifs, non sans être porté, tout du long, par un humour à froid mis au service d’une liberté de ton salutaire. Le résultat, avec son côté bricolo revendiqué, est aussi drôle que résolument punk dans l’âme; film jubilatoire, Sound of Noise s’inscrit en faux des conformismes cinématographiques, et réussit même à démentir l’adage voulant qu’un solo de batterie soit, par essence, long comme un jour sans pain…

SOUND OF NOISE, COMEDIE DE OLA SIMONSSON ET JOHANNES STJÄRNE NILSSON. AVEC BENGT NILSSON, SANNA PERSSON, FREDRIK MYHR. 1 H 42. SORTIE: LE 23/03.

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Jean-François Pluijgers

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