Pukkelpop J1: Hardcore baby!

Kendrick Lamar, au Pukkelpop 2013. © Noah Dodson
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Kendrick Lamar prend la pose, Fucked Up déborde de générosité punk et Quicksand réveille la scène post-hardcore new-yorkaise.

On vous parlait il y a peu de Kendrick Lamar comme « sans doute le plus doué de la nouvelle génération hip hop », et même d’« album rap de 2012 ». Quant à sa prestation sur la Main Stage du Pukkelpop, on aura pourtant du mal à être aussi élogieux. Certes, le monsieur sait mener sa foule, fait un carton immédiat dès les premières rimes de Bitch, Don’t Kill My Vibe, en impose avec le Fuckin’ Problems de A$AP Rocky -sur lequel il apparaît en featuring, sur disque-, et finit de mettre tout le monde d’accord sur le Swimming Pools (Drank) final. Mais à côté, il s’emmêle les pinceaux, pose son flow à côté pendant des pans entiers de morceaux… et écule une bonne dose de clichés qu’il aurait pu éviter grâce au live band qui l’accompagnait. Bref, trois bons titres sur trois quarts d’heure de show, on a vu pire, mais on a vu mieux…

C’est une autre paire de manches quand on s’enfuit vers la Shelter pour Fucked Up. Les punks canadiens trainent une solide réputation live, et on vérifiera une fois de plus que ce n’est pas pour rien. « Ce morceau est dédié aux Kids (groupe punk belge culte formé en 1976, ndlr), le meilleur groupe punk de tous les temps », annonce le chanteur (hurleur?) Damian Abraham à peine monté sur scène. C’est que le gars sait mettre son public dans sa poche d’entrée. Et dès les premières mesures, il plonge dans la foule, ôte son t-shirt et laisse ses musiciens se charger du décor sonore. Parce que c’est dans la fosse que ça se passe. Ca déborde de générosité. À chaque moment disponible, à chaque respiration entre deux hurlements, ça y va de cascades, de câlins au public, de crowdsurfing et de course jusqu’au bout de la tente, ventre à l’air et micro à la main. « Everytime you’re told you’re too fat, too ugly or too skinny, fuck ’em! Be proud of yourself! » D’accord, musicalement, on ne vole pas forcément dans les hautes sphères. Abraham l’avoue lui-même: « il y a énormément de groupes incroyables à votre festival. Et pas seulement du punk, heureusement: on s’en lasse vite, et je sais de quoi je parle… » Peut-être, mais quand il finit ses pitreries et que le groupe plonge dans son « opéra-punk » David Comes to Life pour en sortir des pépites comme The Other Shoe (« Dying on the inside! Dying on the inside! »), on ne peut que lui donner tort: elles sont grandes, tes chansons, mec.

Toujours dans la Shelter -après un passage par la Marquee, un burger à la main, devant un Miles Kane disons… attendu-, ce sont les vétérans de Quicksand qui viendront ensuite prouver que la scène post-hardcore new-yorkaise des années 90 n’est pas morte. La filiation avec Fugazi et Helmet est évidente, les riffs cisaillent au couteau-papillon. La grosse (re-)découverte de la journée. Détail comique: le bassiste, Sergio Vega -qui affiche en permanence un sourire jusqu’aux oreilles (le plaisir de la reformation?)- jouait un peu plus tôt sur la Main Stage avec Deftones. On vous laissera deviner à quel poste on l’a préféré…

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