Critique

[à la télé ce soir] Soeur Sourire: qui a tué la voix de Dieu?

© COLLECTION CARINE MICHAELS
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le documentaire de Charles-Antoine de Rouvre brosse le portrait d’une drôle de dame et interroge les raisons de son succès.

Le 9 décembre 1963, elle a atteint la première place du Billboard. Le seul numéro 1 que la Belgique ait décroché dans les charts américains. En langue française de surcroît. En 1964, elle a même été à quatre reprises nominée aux Grammys. Là-bas, ils l’appelaient The Singing Nun, la nonne chantante. Mais c’est sous le nom de Soeur Sourire (elle trouvait le sobriquet idiot) que Jeanine Deckers a fait carrière de par chez nous. Le documentaire de Charles-Antoine de Rouvre brosse le portrait d’une drôle de dame et interroge les raisons de son succès. L’histoire de Jeanine Deckers, c’est celle d’une religieuse dominicaine de 30 ans à la voix angélique, au destin tragique et aux contradictions nombreuses. Construit sur moult images d’archives, des interviews de biographes et de producteurs mais aussi la lecture de son journal intime qu’elle a tenu toute sa vie et dans lequel elle partage ses troubles et questionnements, Qui a tué la voix de Dieu? raconte une rebelle maudite. Une jeune femme devenue un produit d’appel pour l’église (la mère supérieure du couvent censure ses textes) et une vache à lait pour Philips, sa maison de disques, qui exige des paroles joyeuses et légères. Après avoir quitté les ordres et s’être fait virer par son label, Soeur Sourire chantera des chansons plus engagées défendant la pilule et attaquant le patriarcat comme l’église catholique. Arnaque, homosexualité, suicide… Retour sur une vie hors du commun.

Documentaire de Charles-Antoine de Rouvre. ***(*)

Lundi 19/07, 22h55, Arte.

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