Critique | Séries/Télé

Boys Boys Boys: la série animée qui repense la masculinité

3,5 / 5
© melting productions/take five/arte.tv
3,5 / 5

Titre - Boys Boys Boys

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Créée par Valentine Vendroux, Florent Guimberteau et Clément Treboux

Quand et où - Disponible sur Arte.tv et YouTube.

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

La nouvelle série documentaire d’animation d’Arte s’appuie sur des témoignages d’hommes pour repenser la masculinité.

Jeune animatrice, scénariste et réalisatrice diplômée de l’Atelier de Sèvres, école d’arts et d’animation basée à Paris, Valentine Vendroux avait déjà signé une paire de courts métrages animés (L’homme qui est foudroyé en 2019, Voulant te fuir en 2020) avant de co-écrire, dessiner et co-réaliser Boys Boys Boys. Mise en ligne sur Arte.tv et YouTube, cette série documentaire d’animation célèbre l’affirmation d’une masculinité émancipée des stéréotypes et des injonctions sociétales en donnant la parole à dix hommes avides de questionner les normes établies autour du genre. Présentés sous la forme d’épisodes de 5 minutes, ces témoignages s’apparentent à des confidences assez intimes qui retracent un parcours de déconstruction des conventions pour tendre notamment vers une plus grande acceptation de soi.

Tristan et la paternité, Faruk et le racisme, Dean et la transphobie, Erwan et la contraception, Matti et l’homophobie, Werner et les émotions… Chaque épisode a pour titre le prénom de la personne qui y intervient de manière exclusive. Soit l’occasion à chaque fois d’explorer une facette bien particulière d’un nouvel idéal en construction de la masculinité contemporaine: découverte de l’importance de réapprendre à être fragile et vulnérable, de repenser l’amitié au-delà de la simple camaraderie virile, de combattre les comportements toxiques, de mettre en place une répartition équilibrée des tâches au quotidien dans le couple, de sortir d’une vision étriquée des hommes et de s’affranchir du poids du regard des autres… Sans oublier, bien sûr, de poser la question à mille points: c’est quoi un homme féministe?

Décollage allégorique

À cette libération plutôt rare, et donc précieuse, de la parole masculine sur des questions de normes et d’identité correspond une animation libre, colorée et poétique qui ne se contente jamais d’illustrer platement ce qui est dit en voix off mais préfère plutôt jouer d’un contre-pied métaphorique ou symbolique ouvrant sur une vérité plus imagée et au final plus à même de marquer les esprits et d’y faire son chemin. De cet art consommé du décollage allégorique naît une meilleure compréhension des enjeux qui traversent cette série modeste mais essentielle, alliant tendresse, bienveillance et sensibilité. C’est le cas notamment dans cet épisode particulièrement réussi où Florian, un jeune hétérosexuel, parle ouvertement et sans tabou du plaisir qu’il ressent à être pénétré par sa partenaire, et de ce que cela suppose en termes de déconstruction d’un idéal encore très figé de la masculinité en lien avec la sexualité hétéronormée.

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