Viggo Mortensen: « Enfant, je pouvais dire immédiatement si l’acteur montait bien à cheval ou pas »

The Dead Don’t Hurt, le deuxième film de Viggo Mortensen en tant que réalisateur, n’est pas un western par hasard. Depuis l’enfance, l’acteur est un fan de chevaux et un sacré cavalier.

Si vous ne vous appelez pas David Cronenberg -« un des meilleurs réalisateurs que j’ai pu voir à l’oeuvre »– et que vous voulez quand même essayer de convaincre Viggo Mortensen, 65 ans, de jouer dans votre film, offrez-lui un cheval! L’acteur américano-­danois révélé à l’international dans le rôle d’Aragorn dans Le Seigneur des anneaux et nommé aux Oscars pour Captain Fantastic et Green Brook, sera tenté d’accepter. Une réminiscence de son enfance en Argentine où il 
laissait son cheval, monté à cru, galoper dans les champs. Pas un hasard donc si Viggo Mortensen signe, pour son deuxième long métrage, un western, The Dead Don’t Hurt (Jusqu’au bout du monde). L’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps (Phantom Thread, Corsage) y joue le rôle de Vivien. Dans l’Amérique des années 1860, cette femme déterminée veut mener une vie simple dans le Nevada avec Holger, un immigré danois. Lorsque ce dernier part pour la guerre de Sécession, elle se retrouve seule face à un maire corrompu et au fils sadique et à la gâchette facile d’un puissant propriétaire terrien.

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« Je suis assez âgé pour avoir connu la fin de l’âge d’or du western: 
le début des années 60, explique Mortensen. Quand j’étais petit, je regardais beaucoup de westerns en noir et blanc à la télé. Je n’avais pas d’opinion sur la qualité, mais je trouvais ça passionnant et je pouvais dire immédiatement si l’acteur montait bien à cheval ou pas (rires). »

Viggo Mortensen pense que les westerns sont éternels. « Prétendre que le western est mort est aussi ridicule que de prétendre que la mythologie grecque est morte. Les westerns 
ont quelque chose de mythologique, ou de folklorique, et sont intimement liés à l’Histoire des États-Unis et à ce qu’on appelle la conquête de l’Ouest. » Il y a quatre ans, l’acteur, 
musicien, poète, peintre, polyglotte, globe-trotter, 
photographe et cavalier a fait ses débuts de réalisateur-­scénariste avec le drame Falling. « Ici mon objectif n’était pas de réinventer le western, mais de rendre hommage 
au genre. Nous avons travaillé très dur pour régler tous les détails. Les selles, les saloons, les vêtements et les outils sont historiquement exacts. »

Pas trop vieux?

En plaçant une femme au centre du film, Viggo Mortensen s’écarte du western classique. « Avant, on aurait suivi l’homme qui part à la guerre, alors qu’ici on s’intéresse au parcours de cette femme. Une femme qui, à sa manière, repousse les limites à une époque où les frontières n’étaient pas fixées et où le sauvage dominait encore. »



En plus du scénario, Viggo Mortensen a également composé la musique. « Et pourtant, je suis le premier à souligner que le cinéma est un art collectif. Vous n’êtes rien sans vos acteurs et votre équipe. Mais il a fallu plusieurs années pour réunir le budget de Falling et je commençais à m’impatienter. J’ai composé de la musique pour le film pour avoir l’impression que je continuais à travailler sur le projet. ça a bien fonctionné et cette fois, j’ai délibérément veillé à ce que la musique soit prête avant le début du tournage. ça permet de rythmer une scène, de relier des scènes non chronologiques au montage et de donner à chacun une idée du ton du film. »


Quant au fait d’endosser le rôle d’Holger, c’est le fruit d’une coïncidence. « L’acteur envisagé pour le rôle s’est désisté juste avant la préproduction. On avait trois autres acteurs potentiels enthousiastes, pour lesquels on avait l’aval de la production, mais aucun n’était disponible tout de suite. Donc soit je reportais le tournage, au risque de voir le montage financier s’effondrer, avec le sentiment désagréable de trahir l’équipe réunie, soit je devais jouer moi-même. Les producteurs étaient d’accord. J’ai demandé à Vicky Krieps si elle accepterait d’avoir un partenaire beaucoup plus âgé qu’elle. Heureusement, elle était très enthousiaste à l’idée qu’on joue ensemble. À la dernière minute, j’ai adapté l’ensemble du scénario à mon âge et à mes origines. »

Pour les séquences à cheval, Viggo Mortensen a fait appel au dresseur Rex Peterson, qui a notamment entraîné 
Matthias Schoenaerts sur le tournage de The Mustang. 
 »Si un acteur ne monte pas bien à cheval, ça gâche une 
partie du plaisir, poursuit le réalisateur. Si vous n’êtes pas à l’aise, si l’on voit que vous êtes concentré sur l’aspect 
équitation, vous aurez toujours l’air raide. Ce n’est pas ça qu’on recherche. » Il approuve la proposition d’inclure 
l’équitation dans les cours d’art dramatique. « C’est une super idée parce que même si vous n’obtenez jamais un rôle dans lequel vous devez monter à cheval, vous apprenez beaucoup des chevaux. Ils sont grands et puissants et exigent donc une concentration totale et beaucoup d’humilité. Avec eux, il faut respirer calmement et être détendu car, comme les chiens, ils captent votre nervosité. Alors qu’au contraire, 
il faut essayer de s’approprier leur calme. Car la tâche 
principale de tout acteur est d’être détendu. Sans ça, c’est impossible de bien jouer. »

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