Films, séries… Les vieux sont à la fête sur les écrans

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Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Alors que l’espérance de vie continue à grimper, les vieux sont à la fête sur les écrans. La palette des rôles qui leur revient s’élargit. Fini les papy gâteux ou raides comme la justice. Ou alors ils cachent bien leur jeu, comme Jeff Bridges dans The Old Man, où l’acteur campe un ex-agent de la CIA qui n’a pas froid aux yeux.

C’était la bonne nouvelle de la semaine en France: l’espérance de vie de la génération née en 2022 grimpe à 93 ans pour les filles et à 90 ans pour les garçons. Contre respectivement 85 et 79 printemps aujourd’hui. Une statistique qui ne tient évidemment pas compte des calamités qui nous pendent au nez dans les prochaines décennies, à commencer par le réchauffement climatique. Un cauchemar pour tout le monde, un châtiment pour les aînés.

Reste que la tendance générale est donc au vieillissement de la population. Si ce n’est pas un cadeau pour les finances publiques -le ratio entre les personnes actives qui financent les retraites et les pensionnés qui les grignotent virant au rouge-, c’est une aubaine pour les seniors comme entité démographique et groupe d’influence. De plus en plus nombreux et résistant de mieux en mieux à l’usure, ils entendent bien continuer à jouer un rôle actif dans la société au-delà de la date légale de péremption. Certains n’envisagent même pas de rendre leur tablier un jour. Comme les Rolling Stones. Ou comme Joe Biden qui, à 79 ans et malgré quelques signes de sénilité inquiétants, entend se représenter pour un second mandat en 2024. Si on calcule bien, en cas de victoire et sauf pépin physique majeur, le démocrate terminerait sa carrière à… 85 ans.

Un changement de regard sur le troisième âge est en cours, que pétrit également la fiction en multipliant les apparitions de personnages pas nés de la dernière pluie. Les vieux trustent les écrans. Plus seulement pour incarner une vision idéalisée de la sagesse ou, au contraire, grossièrement cabotine et hédoniste comme dans Sans plus attendre où deux ancêtres tentent de rattraper le temps perdu, mais bien pour témoigner de la réalité complexe de cette période de la vie où les enthousiasmes et les emballements quasi juvéniles doivent composer avec une réalité biologique parfois capricieuse.

La déchéance n’est ainsi plus un tabou. En première ligne dans Amour de Michael Haneke, dans The Father de Florian Zeller ou plus récemment dans Vortex de Gaspar Noé et dans Un beau matin de Mia-Hansen LØve, la maladie est abordée de front et sert de tremplin à de pénétrantes réflexions sur la mort, la solitude, la dépendance. Et quand ils ne crèvent pas l’écran, les tourments de l’âge tapissent la trame narrative comme autant de rappels que la vieillesse n’est pas un long fleuve tranquille. C’est le cas notamment dans la minisérie Les Derniers Jours de Ptolemy Grey, une histoire d’amitié improbable entre un vieux gâteux attachant incarné par Samuel L. Jackson et une ado cabossée de 17 ans. C’est le cas aussi, en BD, dans la saga à succès des Vieux fourneaux, dans laquelle le joyeux trio de septuagénaires voit régulièrement ses 400 coups perturbés par des problèmes de vertèbres récalcitrantes ou de vue fléchissante. Un réservoir infini de gags autant qu’une façon subtile de rendre leurs efforts pour changer le monde encore plus méritoires. Ils ont bien compris que ce n’est pas en restant au chaud dans ses charentaises qu’on rajeunit.

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C’est clair, de nouvelles perspectives romanesques s’ouvrent pour les représentants du troisième âge. Plus pour les hommes que les femmes à ce stade. Aux vieux beaux impeccables en toute circonstance comme l’était Sean Connery et l’est toujours le très smart Robert Redford, se superposent désormais les papys qui font de la résistance sans pour autant masquer les affres du temps qui passe. Deux exemples tout frais: Niels Arestrup dans Les Papillons noirs en tueur en série à la retraite en délicatesse avec sa vésicule biliaire. Et Jeff Bridges dans une autre série, The Old Man, en ex-agent de la CIA en cavale.

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La première séquence résume à elle seule le changement de ton: on y voit un vieillard mal en point se débattre avec sa prostate défaillante et le fantôme impotent de sa femme disparue. Cela sent la chronique de fin de vie un peu glauque jusqu’à ce qu’un tueur à gages commette l’erreur de s’introduire chez lui. Et c’est parti pour une chasse à l’homme haletante jalonnée de scènes d’action à faire pâlir d’envie Tom Cruise ou Matt Damon. Comme le dit ce proverbe (belge, paraît-il), “plus vieux est le bouc, plus dure est sa corne”.

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