Yard Act n’enflamme pas les Nuits du Bota

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les Anglais de Yard Act ont donné un concert au son assez brouillon qui n’a au final pas fait danser grand monde.

YARD ACT. Ceux qui avaient peur de se tromper sont rassurés. Le nom du groupe est inscrit sobrement en lettres gigantesques dans le fond de la scène. Ben quoi? Il nous est tous déjà arrivé au moins une fois dans notre vie de croire voir un groupe alors qu’on était devant un autre. Les Anglais sont prévoyants et le chapiteau est bien rempli (pour Timber Timbre, c’est complet à l’Orangerie). Yard Act s’est fait connaître durant le confinement avec des tubes imparables qui sentaient bon le post punk et la britpop. The Fall, Gang of Four, Blur, Pulp et même à l’occasion un Happy Mondays. Deux ans après The Overload qui a grimpé jusqu’à la deuxième place des charts anglais et leur a permis d’être nominés pour un Mercury Prize, les mecs de Leeds ont enchainé début mars avec Where’s My Utopia? Un deuxième album plus pop, plus dansant. Un disque de fête inspiré par le disco. Des chansons qui pour le pire et le meilleur les rapprochent d’Hot Hip et de la boule à facettes. 

Yard Act est emmené par James Smith, un type enjoué et malicieux avec de grandes lunettes, à la base fan des Strokes et des Arctic Monkeys. Un mec né en 1990 qui a grandi entre Manchester et Liverpool. Un jeune trentenaire que Gorillaz a amené à la musique. C’est d’ailleurs un peu dans sa roue que les Britanniques se sont engouffrés. Ils ont même fait produire leur disque par son batteur Remi Kabaka Jr.

Yard Act a toujours fabriqué des chansons pour danser, rire et réfléchir. Il aime se marrer du quotidien, du mondain et du surréalisme humain. Mais lorgne de plus en plus sur le punk funk et les guitares pour le dancefloor du début des années 2000 (coucou The Rapture, LCD et DFA) tout en embrassant le côté pop de la force. Il sont sept à prendre la scène d’assaut sur le coup de 20.45. Intenable, survolté, Smith est un peu comme un lapin Duracell qui aurait pas bouffé assez de carottes et se serait trouvé chez l’ophtalmo. Il n’en porte pas ce soir mais c’est lui le mec qui a remis à la mode le trench-coat. Ce long manteau descendant généralement sous le mollet qu’affectionnait Columbo et qui était souvent utilisé par les soldats pendant la guerre. Yard Act maitrise l’art du contre-pied…

Le guitariste a une moustache qui pourrait lui valoir une place dans Idles… Le claviériste (et saxophoniste, fort à propos d’ailleurs, à ses heures perdues) est perché au-dessus d’un pupitre décoré d’un Where’s my utopia? lumineux écrit aux néons roses des années 80. Yard Act a embarqué avec lui deux choristes. Et c’est l’un des problèmes de sa prestation avec un son relativement brouillon: elles prennent énormément de place et sont de toutes les chansons.

Une petite heure de concert, une quinzaine de morceaux… Yard Act passe quasiment en revue tout son nouveau disque. Attaque avec An Illusion et ses faux airs de Beck. Balance forcément ses quatre singles When The Laughter Stops, Petroleum, We Make Hits et Dream Job. Le public est mou du genou. Au point qu’on se demande un peu ce qui l’a amené là. Son premier album, la hype, les Nuits du Bota?

En Angleterre, Yard Act invitait un spectateur à faire tourner une roue de la fortune pour décider de quel morceau de son premier EP, il interpréterait. Ici, il s’est contenté de trancher. Ce sera le rebondissant Dark Days. Si Payday et The Overload ont l’air d’agiter quelques enthousiastes dans les premiers rangs, ils touchent une couille sans remuer l’autre aux deux vieux lourds qui ont décidé de s’installer sur mes orteils et de filmer plein de bouts de concert. Take the money. Take the money. Take the money and run… Le gig se ferme dans le chaos sur The Trench Coat Museum. Tous les musiciens de la soirée sont sur scène et l’assistance sort de sa léthargie. Il y a l’espèce de soulman moderne et de rappeur pop Murkage Dave qui a ouvert laborieusement la soirée (il a entre autres collaboré avec Mike Skinner, Skepta, Nekfeu et Tricky) et même les mecs du Folly Group qui ont sur les mêmes planches soufflé le chaud et le froid. Rappelant dans leurs meilleurs moments les canadiens de Crack Cloud et de Pottery. Bon esprit.

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