Critique | Musique

Troisième album de Lael Neale : impeccable et brillant (critique)

4,5 / 5
© DR
4,5 / 5

Album - Star Eaters Delight

Artiste - Lael Neale

Genre - Pop

Label - Sub Pop/ Konkurrent

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec son troisième album Star Eaters Delight, enfanté dans l’isolement du confinement, Lael Neale célèbre le retour à la civilisation. Brillant.

Il y a un peu plus de deux ans, Lael Neale nous avait capturés dans ses filets avec Acquainted with Night, un deuxième album ensorcelant et suranné flottant gracieusement près d’une Angel Olsen et d’une Lana Del Rey. Des voix cristallines, un piano, une guitare et un omnichord (le croisement kitschounet d’un synthé, d’une gratte et d’un vieux jouet) en faisaient un disque magique et rêveur tout en nocturne apesanteur. La créature avait été enregistrée en 2019 avec Guy Blakeslee d’Entrance (Band).

© National

Chamboulement pandémique. Au printemps 2020, Neale avait déjà quitté Los Angeles et ses paillettes pour retourner en Virginie, dans la ferme familiale de son enfance, y renouer avec le temps, la liberté, la nature, le calme et le silence. Dans la frimeuse, bruyante et stimulante Cité des Anges, Lael avait façonné un disque calme et intime. Dans la campagne paisible de sa jeunesse, elle a eu envie de hausser le ton et d’accélérer un peu la cadence. Amplifiant encore sa collaboration avec Blakeslee (aux arrangements et à la production), Star Eaters Delight a été enregistré sur bandes en Virginie et à nouveau masterisé par Chris Coady à L.A. L’addictif I Am the River qui l’inaugure emmène plutôt dans les rues un peu crasseuses de New York. Du moins dans les lunettes noires de Suicide et du Velvet Underground, glissant un petit clin d’œil de l’autre côté de l’Atlantique à Lætitia Sadier et Stereolab. La jeune femme est fan de Joni Mitchell et de Bob Dylan. Il y a surtout, plutôt, du Clinic et du Broadcast dans son lo-fi hanté. If I Had No Wings a des faux airs de Leonard Cohen et de la bande à Lou Reed. Faster Than the Medicine, joliment mais très gentiment enlevé, croise les Strokes et Cate Le Bon. C’est ensuite que le charme totalement opère, que Neale ensorcèle et sidère. Et ce avec In Verona, une répétitive, obsédante et vertigineuse complainte de 8 minutes 20. Star Eaters Delight un disque bâti sur les oppositions: le pays contre la ville, l’humanité contre la technologie, la solitude contre le lien. Léger et enjoué, Must Be Tears avance des touches presque exotiques dans sa classe printanière.

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Il y a chez Lael Neale des références à Shakespeare, à Emerson et à la Bible. Un humour plus optimiste que cynique. Et surtout des chansons impeccables qui semblent faites de pas grand-chose (comme No Holds Barred) mais qui résistent à une écoute intensive. Lael Neale affirme son “intention profonde de guérir, d’accepter nos différences et de recoller les morceaux cassés”. Ne reste plus qu’à la suivre sans sourciller, déjà totalement hypnotisés.

En concert le 18/05 au Grand Mix (Tourcoing), le 19/05 au Witloof Bar (Botanique, Bruxelles).

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