Critique | Cinéma

Derrière la haine: moins bon que l’original belge

2,5 / 5
Day 18_06222022-85.JPG © Alyssa Longchamp
2,5 / 5

Titre - Derrière la haine

Réalisateur-trice - De Benoît Delhomme

Casting - Avec Jessica Chastain, Anne Hathaway, Anders Danielsen Lie.

Durée - 1 h 34

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Moins bon que l’original belge, Derrière la haine, remake américain de Duelles vaut essentiellement pour la confrontation entre ses deux actrices.

Toutes les deux à l’affiche d’Interstellar de Christopher Nolan en 2014 et d’Armageddon Time de James Gray en 2022, Jessica 
Chastain et Anne Hathaway n’étaient jamais apparues dans une même scène à l’écran. À ce niveau, elles sont aujourd’hui servies dans Mothers’ Instinct, remake américain du film belge Duelles d’Olivier Masset-Depasse (2019), lui-même adapté du roman de Barbara Abel, Derrière la haine. Finalement signé par Benoît Delhomme, célèbre directeur de la photographie français dont c’est 
le premier long métrage en tant que réalisateur, suite au départ de Masset-­Depasse 
du projet, le film fait quasiment figure 
de véhicule-prétexte à une série de confrontations tendues entre les deux actrices, vaguement réminiscentes du duo maudit formé par Joan Crawford et Bette Davis dans What Ever Happened to Baby Jane? (1962).

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Scénaristiquement très fidèle à son modèle belge, Mothers’ Instinct situe son action au début des années 60, dans une banlieue pavillonnaire bien ordonnée où Alice (Jessica Chastain) et Céline (Anne Hathaway), voisines directes et amies proches, mènent toutes les deux une vie familiale en apparence idéale. Jusqu’au jour où un accident domestique tragique vient radicalement rebattre les cartes de leur relation, embarquant les deux femmes dans une escalade incontrôlable de crispations tissée de désespoir, de suspicion, de culpabilité et de possible paranoïa…

Un match déséquilibré

Ressentiment amer et deuil impossible sont, sans surprise, au cœur de ce remake produit par Chastain et Hathaway elles-mêmes. Bâti sur une histoire à l’efficacité éprouvée, et aux accents volontiers cruels et vénéneux, s’appliquant à mettre en lumière toute la noirceur tapie sous les conventions sociales et les faux-semblants, Mothers’ Instinct manque hélas cruellement d’ampleur et d’ambition formelle, son esthétique rétro tenant essentiellement de la petite bonbonnière lisse et figée en déficit d’élan vital. Entre mélodrame compassé et thriller psychologique aux ressorts appuyés, tout, ici, semble au fond tenir de la redite un peu vaine aux influences (Hitchcock, Douglas Sirk) mal digérées.

Insistant souvent inutilement sur cette idée un peu rance d’instinct maternel revendiquée jusque dans son titre original, le film échoue à insuffler de la complexité et de la profondeur dans ses sous-entendus 
et ses non-dits. Très mécanique et très aseptisé, il manque tout 
simplement de subtilité. À l’image du jeu d’Anne Hathaway, qui ne possède d’évidence pas la nuance de celui de Jessica Chastain. En ce sens, Mothers’ Instinct apparaît trop souvent déséquilibré, voire carrément bancal, jusque dans ses séquences à la tension supposément paroxystique.

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