Pukkelpop: believe the hype

Wet Leg © Wouter Van Vaerenbergh
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Autant la journée de vendredi était faiblarde, autant la programmation de samedi vendait du rêve au Pukkelpop. Résumé en vrac d’un petit marathon et autres considérations.

Miss Angel. C’est du bon, c’est du belge. Angela Agyei, alias Miss Angel, a déjà eu les honneurs des panneaux de Time Square grâce à Spotify et à son programme international Equal qui cherche à donner de la visibilité aux artistes féminines. Deux danseuses, un DJ… Angela aime bien le garage, le grime et la trap. Tape dans un hip hop old school auquel son flow colle à merveille. Supahstar… La dernière rappeuse anversoise à suivre.

The Clockworks. Originaires de Galway, ces Irlandais se sont fait embaucher par le label Creation sur base d’une candidature spontanée. «McGee, on est la version punk rock de The Streets.» Le patron le leur rend bien puisqu’il prétend ne plus avoir vu de répétition pareille depuis Oasis. Un bon petit concert sans fioriture. Quelque part entre les Arctic Monkeys et Fontaines D.C.

Al-Qasar. Projet franco algero égypto maroco américain, Al-Qasar fait du rock psychédélique  en arabe avec des instruments traditionnels. Al-Qasar veut rendre hommage à toute la pop psyché orientale. Ca tombe bien. C’est dépaysant, dansant et ca attire les hippies.  

The Murder Capital. Il fut un temps où on en faisait l’avenir du rock. Les nouveaux héros du post punk d’outre-Manche. Les Irlandais de The Murder Capital n’ont pas aussi bien grandi que leurs compatriotes de Fontaines DC. Un concert en demi-teinte qui fait un peu peur sur la qualité et la nervosité de l’album à venir.

Shame. Charlie Steen a fondu. Il a fait chaud cet été. Même en Angleterre. Mais s’il est un peu moins impressionnant qu’avant quand il vient t’aboyer dans la gueule, Shame a gardé une sacré niaque. Mention spéciale comme d’habitude au bassiste John Finerty. A ses cumulés, à ses sprints incessants et à ses petits sauts de cabri. Assurément parmi les plus solides, sérieux, malins et engagés du revival post punk.

Shame – Wouter Van Vaerenbergh

Mdou Moctar. Il y a un truc comme ça de viral, de contagieux, voire de tout bonnement irrésistible dans la musique touarègue. Mdou Moctar en a encore fait la brillante démonstration samedi soir. Comment ne pas adouber un mec qui a tourné un remake de Purple Rain dans le désert avec une moto violette?

Wet Leg. On a failli les sacrifier. Croire le Don’t believe the hype plein d’autodérision des Arctic Monkeys. Excuse me? What? Les filles de Wet Leg ont sorti avec Chaise Longue un des meilleurs premiers singles de groupe depuis I Bet You Look Good On The Dancefloor. Puis elles sont quand même nettement plus rigolotes que la bande à Alex Turner. Bien entourées, Rhian Teasdale and Hester Chambers ont démontré en une petite heure qu’elles n’étaient pas qu’un one hit wonder.

Wet Leg – Wouter Van Vaerenbergh

Little Simz. Ca a été l’une des relatives et rares déception de la journée. Avec pourtant sous le bras l’un des meilleurs disques (Sometimes I Might Be Introvert) de l’an passé. Si l’occasion se présente, on essaiera de revoir Sibi Ajikawo dans de meilleures conditions. Et en attendant, on continue de s’écouter I Love You I Hate You et Fear No Man en boucle. 

Little Simz – Wouter Van Vaerenbergh

Yard Act. «Take The Money, take the money, take the money and run… Take The Money, take the money, take the money and rrrrrrrun…» C’est l’un des groupes les plus frais et contagieux qui soit arrivé à l’Angleterre pendant la pandémie. Originaire de Leeds, Yard Act allie l’humour mordant et le commentaire social sur des hymnes parlés chantés qui rappellent autant le post punk de The Fall que le meilleur de Blur. Conteur railleur et facétieux derrière son look de contrôleur des impôts, James Smith déclame avec empathie et sarcasme des textes à la verve ironique qu’il accompagne de danses ridicules et chaotiques. Ca sent bon le nord de l’Angleterre (avec l’accent à couper au couteau qui va avec). Les mecs qui marchent plus droit en sortant du pub et les filles aux talons maladroits avec la jupe de travers. 

Viagra Boys. Sebastian Murphy a perdu son abonnement chez Basic Fit (en a-t-il un jour eu un?) mais il sait y faire quand il s’agit de soulever une foule de festival même relativement sage et bien élevée. Les Viagra Boys ont tout retourné. Du premier au dernier morceau. Assurément avec Parquet Courts (parfait la semaine passée au Hear Hear) ceux qui ont le mieux mis la pandémie et les confinements à profit. Question existentielle: peut-on perdre son bide à bière sans ruiner ses tatouages?

Viagra Boys – Wouter Van Vaerenbergh

Vall-ey . C’est loin. Le paradis, ça se mérite… Mais ce petit podium dans la foret, cette petite scène dans les bois a un côté vachement sympa. Dommage que la programmation des lieux ne donne pas davantage l’envie de s’y aventurer.

Futur. Quel est l’avenir des festivals? Comment doivent-ils se repenser? A quoi doivent-ils s’adapter? Le Hear Hear, cet espèce de Pukkelpop pour les vieux qui s’est un peu latté la semaine dernière, a-t-il une raison d’être? Ce week-end, il y avait quasiment toujours du monde aux concerts, dès les premières heures de la journée d’ailleurs. Que ce soit pour du rap, un dj set ou un petit groupe de rock flamand.

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