Critique | Musique

Les six albums du combo belge Telex remastérisés par Mute Records

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© DR
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Album - Telex Box Set

Artiste - Telex

Genre - electro

Label - Distribué par Pias

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Le légendaire label londonien Mute Records propose les six albums studios du combo belge, remixés et remastérisés.

Pour rappel, Mute et Telex, dans l’ordre. Le premier est un des plus éminents labels indépendants britanniques, ayant entre autres signé Depeche Mode, Nick Cave, New Order, et donc le trio bruxellois. Ce dernier, poème sonore à la belge, regroupe un jazzman de radio et d’audace -Marc Moulin (1942-2008)-, un expérimentateur synthé à cigare -Dan Lacksman- et un chargé de chant prolifique drolatique -Michel Moers. C’est peu dire que les six albums ici réunis traversent une extrême belgitude, “surréaliste”, tout en ramenant aussi un sentiment dépassant les stéréotypes, au-delà donc d’une improbable participation à l’Eurovision 1980 avec une chanson éponyme qui chiffonnera les branchés d’époque et passera totalement au-dessus des téléspectateurs eurovisionnesques. Voilà posé, le paradoxe Telex -popu parfois, à double revers toujours- à relever au fil de ses six albums. Looking for Saint-Tropez (1979), Neurovision (1980), Sex (1981), Wonderful World (1984), Looney Tunes (1988) et le dernier pour la route, How Do You Dance, sorti en 2006, deux ans avant la mort de Moulin, dont la disparition signera le destin terminal du groupe.

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On peut commencer l’analyse transversale du coffret par les reprises. Drôle de clé de voûte: décalée, baroque et un chouia perverse. Telex prouve que la mauvaise foi, le décalage et l’ironie rythmée constituent bien des valeurs musicales intemporelles. Dès Looking for Saint-Tropez, le trio pose une attitude divergente. Celle d’une distance formelle entre l’original amené dans un autre territoire, sans peur mais avec synthés. Et humour. Ce qui paraît comme une joke initiale -les reprises de Ça plane pour moi de Plastic Bertrand ou du Rock Around the Clock de Bill Haley- prennent, via l’électronique et la dérision, une autre envergure, volontiers métaphysique (Sigmund Freud’s Party) et piochant le plus souvent dans l’improbable relecture et le changement de tempo et d’humeur. Comme cette cover de Sly and the Family Stone -chéris de Moulin, grand amateur de musiques afro-américaines- à des années-lumière du morceau initial de 1967.

© National

Cela ne devrait pas oblitérer les compositions de Telex, comme l’impérial Moskow Diskow, le tintinesque En route pour de nouvelles aventures ou encore le monomaniaque Spike Jones, gavé d’un mini-hommage beatlesien via des “bandes inversées” à la A Day in the Life. Sans oublier la collaboration avec les Sparks, complices intimes de l’album Sex, dont le duo américain écrit les textes en anglais. Sans aucun doute l’un des moments à (re)découvrir d’une unique entreprise d’euro-synthpop, passant de l’analogique au numérique sans perdre un octet d’électronique futée.

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